Cet essai de Bernanos est truffé de choses essentielles :
Les imbéciles veulent absolument considérer cette guerre [Deuxième guerre mondiale] comme une
catastrophe imprévisible, pour la raison, sans doute qu’ils ne l’ont pas
prévue. Si, voilà quelque cinquante-cinq ans, n’était pas né en
Allemagne un marmot du nom d’Adolphe, et en Italie un autre marmot du
nom de Benito, les imbéciles soutiennent imperturbablement que les
hommes seraient toujours prêts à interrompre leur innocents négoces pour
tomber dans les bras les uns des autres en pleurant de joie. Les
imbéciles savent pourtant très bien que, depuis 1918, l’humanité garde
dans le ventre le foetus de la paix avortée et qu’aucun chirurgien n’a
encore réussi à la délivrer de cette infection. Ils voient la purulence
sortir intarissablement de ce grand corps, mais ils ne sont pas toujours
attentifs qu’à Hitler et à Mussolini, aux deux répugnants bubons que la
malade porte sous chaque aisselle. Les imbéciles mettent le nez sur les
bubons et ils se disent entre eux : ” Comment diable ces choses
violacées, dont la plus grosse atteint à peine la taille d’un oeuf de
pigeon, peuvent elle contenir tant de pus ! ” L’idée ne vient pas aux
imbéciles que le corps tout entier refait à mesure cette purulence,
qu’il faut en tarir la source. Et si par hasard, une telle idée leur
était venue, ils se seraient bien gardés de l’avouer, car ils sont un
des éléments de cette pourriture. La Bêtise, en effet, m’apparait de
plus en plus comme la cause première et principale de la corruption des
Nations. La seconde, c’est l’avarice [c’est moi qui souligne]. L’ambition des dictateurs ne vient
qu’au troisième rang.
Mais tant d’auteurs prêchent dans le désert...
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