Quelle légitimité a l’état d’interdire l ’usage d’une drogue à un citoyen ?
Les droits de l’homme sont très clairs. La loi ne peut pas limiter la liberté du citoyen sauf pour protéger d’autres citoyens ou la société elle-même.
La liberté individuelle est donc limitée par par une autre liberté individuelle ou l’intérêt collectif. En gros, vous pouvez faire ce que vous voulez tant que vous ne portez pas atteinte à d’autres.
La loi vous protège aussi contre vous même en vous mettant sous tutelle si vous déraillez ou en vous avertissant de dangers et vous conseillant les bonnes pratiques. La bouteille d’acide chlorhydrique, par exemple, en vente libre, portera des mentions nécessaires à une bonne utilisation. Elle peut aussi veiller à soustraire l’usage des produits les plus dangereux pour le commun des mortels. Vous ne trouverez ni curare, ni plutonium sur les rayons des magasins.
Les rapports entre la loi et le citoyen se compliquent lorsque le législateur veut imposer une certaine morale aux citoyens, en général la morale que la classe dominante veut imposer au peuple. Par exemple, en limitant les droits d’une catégorie de citoyens jugés incapables, comme les femmes qui ont dû attendre la deuxième moitié du 20ème siècle vous signez des chèques ou obtenir le droit de vote.
En matière d’usage de produits psychotropes, nous trouvons à la fois la protection des personnes lorsqu’il s’agit d’interdire des poisons violents comme l’héroïne, la morale, qui autorise le valium mais pas le cannabis, et même les intérêts économiques de minorités actives, qui conduisent à encourager la consommation d’alcool sous différentes formes.
Il est remarquable que les risques de causer un accident de la circulation en conduisant sous l’emprise du valium, du cannabis et de l’alcool sont pratiquement les mêmes mais que seuls l’alcool et le cannabis seront recherchés par les enquêteurs.
Pour conclure, le législateur doit se décider soit à interdire tout usage de produits psychotropes quel qu’il soit afin de protéger les autres citoyens contre des comportements irresponsables de certains consommateurs, soit de ne pas les interdire en rappelant qu’il est interdit de conduire un engin à moteur sous l’emprise d’un psychotrope quel qu’il soit et que chacun est responsable de ses actes.
Dans certain pays, les gens sont considérés par ceux qui ceux à qui ils concèdent le pouvoir comme des citoyens, dans d’autres comme des assujettis. Toutes la différence est là.