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Commentaire de easy

sur Pour une écologie humaine : entre un néolibéralisme prédateur et l'éthique des spiritualités


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easy easy 26 juin 2011 12:48

C’est bien qu’il y ait eu l’éveil écologique.
Cet éveil avait deux manières de s’imposer : Avec le productivisme (donc le consumérisme), contre le productivisme (donc contre le consumérisme)

Pour l’instant, il me semble que la sensibilisation écologique travaille sur ces deux fronts.
Et bon, le concept d’économie écologique fait son cheminement.

C’est que le mot économie avait incroyablement changé de sens en un siècle. Alors qu’il signifiait tirelire ou bas de laine, il s’est mis à signifier fonctionnement du système. Alors qu’il signifiait « roue de secours » il s’est mis à signifier train roulant.

Là, il y a encore des étudiants qui sortent avec un diplôme d’économie, valant qualification non à épargner mais à performer dans l’entreprise.
Mah, probablement que ce sens trop productiviste de biens de consommations et de performances pécuniaires, est-il en train de changer pour revenir vers celui de l’épargne.





Dans ce travail de réorientation de nos concepts, nous pourrions par exemple critiquer des sentences ou mots d’ordres très longtemps posés comme magistraux et imparables alors que...

Par exemple « Le monde appartient à ceux qui... »

J’imagine que cette assertion a été des millions de fois prononcée dans tous les pays ayant embrassé le productivisme (Relevons que même les Etrusques avaient conçu et pratiqué le productivisme, par exemple minier, mais cela ne portait pas encore sur tous les aspects de la vie). Quant aux Romains, ils le pratiquaient aussi dans la guerre.

Dans tous les pays adorateurs de l’industrialisation, les parents ont balancé cette assertion à leurs gosses quand ils peinaient à se lever pour aller à l’école. Mais tout contremaître servait également cette assertion aux employés qui arrivaient en retard.

Toute personne se retrouvant en « retard » par rapport à l’avance d’un autre, était infériorisée. Lancer cette assertion, quand on n’a soi-même qu’une seconde d’avance sur l’autre, confère automatiquement un ascendant, une autorité sur lui.
 
Relevons que cette assertion est le plus souvent émise par les parents (les étudiants, les ouvriers, la lancent rarement entre eux)


Personne, hormis quelque anarchiste épicurien peut-être, n’aura été en mesure de contester cette assertion et elle a semblé évidente pendant des millénaires.

Or elle énonce plusieurs principes lourds de conséquences.
Elle comporte donc un volet culpabilisateur envers celui qui traîne au lit et propose une formule de résolution plutôt accessible à tous. Il suffit de se lever tôt pour ne pas être coupable.

Certes mais coupable de quoi ?
Coupable de ne pas avoir d’ambition.

Quelle ambition ?
Celle de s’approprier le Monde, poux, cailloux, hiboux, bijoux et genoux compris


L’arrogance de cette assertion que des parents ont souvent énoncée à voix douce dans l’oreille de leur chérubin ensommeillé est absolue.
La machine de l’ambition résolue dans la possession apparaît là poussée à son paroxysme. No limite.

Celui qui tarde à se lever constatant forcément que les lève-tôt ont déjà fait plein de choses pendant qu’il s’attardait avec Morphée, il ne se voit aucune possibilité pour contester le proverbe. Il ne peut que se soumettre à cette assertion et admettre qu’elle indique ce qu’on doit faire de sa vie : s’approprier le Monde.

Et cela dans un parfait esprit de compétition puisque c’est au plus tôt. Ce n’est pas une affaire qui se joue en OUI NON, elle se joue dans l’infini du « plus tôt »

Le plus tôt possible ; le plus tôt impossible ; ne surtout pas perdre de temps, ...

S’approprier le Monde n’étant pas à la portée de tous, il faut au strict minimum se hâter en toute action. Il faut donc agir. Il ne s’agit pas forcément d’avoir mais de se hâter dans l’objectif d’avoir. Et au détriment bien compris des paresseux. Ces derniers méritant parfaitement leur sort de bouffeurs de restes.

Le Monde, l’univers, bidules, bestioles et personnes sont donc posées comme étant à s’approprier à la condition fondamentale de commencer par se lever le plus tôt, avant les autres.


Le Monde, les gens sont à s’accaparer, il faut tout faire pour s’approprier le Monde et ne pas le faire c’est être coupable de manque d’ambition et de paresse, c’est décevoir, c’est ne mériter que mépris.


Plus tu te lèves tôt, plus tu poses vite tes barbelés, plus t’es méritant.


Il ne faut pas, à mes yeux, jeter quelque anathème sur les lève-tôt qui posent dès potron-minet leurs barbelés.
Je pense qu’il faut considérer l’influence infernale de cette sentence (et des similaires), sur les jeunes esprits.
Il ne faut pas s’accuser les uns les autres, il ne faut pas pendouiller ceux qui s’accaparent ; Il faut dire comment les choses se sont passées, il faut dire le pouvoir diabolique de certaines assertions millénaires et nous aider mutuellement à nous en libérer.

Seul le mur de l’écologie était susceptible de nous faire découvrir, après la folie du colonialisme, celle de l’objectif d’appropriation individuelle du Monde.


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