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Commentaire de BA

sur Et si la défense de DSK s'effondrait ?


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BA 8 juillet 2011 08:18

Le juge Renaud Van Ruymbeke, chargé du volet financier de l’affaire Karachi, a aujourd’hui une conviction, étayée par de nouveaux éléments judiciaires : les 20 millions de francs (3 millions d’euros) en espèces qui ont alimenté de manière suspecte la campagne présidentielle d’Edouard Balladur, en 1995, proviendraient bien de rétrocommissions versées à l’occasion de marchés d’armement.

 

Il peut désormais s’appuyer, pour conforter son raisonnement, sur le témoignage de Pierre Mongin, actuel PDG de la RATP et ex-chef de cabinet de M. Balladur de 1993 à 1995.

 

Entendu lundi 4 juillet par le juge Van Ruymbeke M. Mongin a assuré au magistrat que les fonds secrets de Matignon n’avaient pas été mis à contribution pendant la campagne de 1995."Je n’ai pas personnellement, dans la gestion de ces fonds, attribué de l’argent à la campagne de M. Balladur, confie M. Mongin sur procès-verbal (...) Je n’ai pas remis d’espèces directement à M. Balladur "

 

Or, le juge Van Ruymbeke a déjà pu établir que ces sommes, apportées à la banque par liasses épaisses, en grosses coupures, ne pouvaient être le fruit de collectes organisées dans les meetings, contrairement à la version présentée par l’ancien premier ministre et ses proches (Le Monde du 1er juillet).

 

Il ne reste donc au magistrat qu’une seule hypothèse de travail : les 20 millions de francs suspects auraient été obtenus via des intermédaires imposés par le cabinet de François Léotard lors des négociations finales des contrats de livraison d’armes Agosta et Sawari II signés en 1994. Les faramineuses commissions promises aux intermédiaires se seraient ensuite transformées en rétrocommissions.

 

Le juge Van Ruymbeke a fait procéder, en début de semaine, à l’interrogatoire de Nicolas Bazire, ami de toujours de Nicolas Sarkozy et directeur de campagne de M. Balladur en 1995. Les enquêteurs s’interrogent sur son rôle exact dans le dispositif, lui dont les liens avec certains intermédiaires imposés dans les contrats d’armement ont été mis en exergue pendant l’enquête. Bon nombre de témoins ont également narré aux enquêteurs sa présence dans la campagne, et mentionné avec force détails le coffre-fort de son bureau, souvent empli de liasses de billets.

 

Francis Lamy, homme de confiance de M. Balladur, poussé mercredi 6 juillet dans ses retranchements par le juge Van Ruymbeke, a pointé le rôle de M. Bazire, actuel bras droit de Bernard Arnault. M. Lamy avait expliqué aux rapporteurs du Conseil constitutionnel, en 1995, qu’une somme de plus de 13 millions de francs versée en liquide sur les comptes de campagne provenait de la vente d’objets divers, pendant les meetings. Une version jugée fantaisiste par les enquêteurs.

 

 »Je suis pratiquement certain que c’est M. Bazire qui m’a donné ces explications", assure aujourd’hui M. Lamy au juge Van Ruymbeke, et ce à plusieurs reprises.

 

NOUVEAUX SOUPÇONS DE RÉTROCOMMISSIONS POUR UN TROISIÈME CONTRAT D’ARMEMENT.

 

Parallèlement à ce versant politique, le magistrat tente de pénétrer les arcanes des marchés d’armement. Un haut fonctionnaire, Philippe Bros, commissaire du gouvernement pour les exportations d’armes de 1988 à 1993, lui a confié ses doutes, le 30 juin, sur la licéité des marchés. "Je soupçonnais fortement l’existence de retours [les rétrocommissions](...) parce qu’on avait mis en place deux personnalités politiques, fidèles de M. Léotard, à des postes pour lesquels ils n’étaient pas compétents..."

 

Deux autres hauts fonctionnaires, Jean-Louis Porchier et Michel Ferrier, avaient déjà tenu le même discours au juge. M. Ferrier, a par ailleurs livré une nouvelle piste au magistrat, qui l’a interrogé le 30 juin. L’ex responsable des transferts sensibles au secrétariat général de la défense nationale, a fait allusion au marché « Miksa » , portant sur la surveillance des frontières du royaume wahhabite, qui fit l’objet d’un protocole d’accord, signé le 12 novembre 1994, entre Charles Pasqua, alors ministre de l’intérieur — et soutien politique d’Edouard Balladur — et son homologue saoudien, le prince Naïef Ben Abdelaziz al-Saoud. Thomson-CSF (devenu Thalès) était chef de file de la candidature française.

 

A en croire le témoin, la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG), aurait mis son veto, en 1994, à la signature de ce contrat. "Avez-vous soupçonné le ministre de l’intérieur d’avoir cherché à financer la campagne présidentielle du premier ministre ?« , a demandé le juge. »J’ai forcément étudié cette question et j’ai transmis aux autorités tous les éléments sûrs dont je disposais et qui auraient pu faire penser à des malversations", a répondu M. Ferrier.

 

Il a affirmé avoir transmis à l’époque ses informations à la présidence de la République, à Matignon et au ministère de la défense : "Je leur ai adressé un courrier secret défense donnant tous les éléments précis dont je disposais et qui m’avaient amené à avoir clairement une position négative en raison de mes soupçons de rétrocommissions ".

 

Pour Maître Olivier Morice, l’un des conseils des parties civiles,  »les familles des victimes demandent maintenant que tous ceux qui font partie de la chaîne de responsabilité soient mis en cause par la justice : d’Edouard Balladur à François Léotard, sans oublier Nicolas Sarkozy, du fait de ses responsabilités à l’époque, puisqu’il était au coeur du système de corruption permettant le retour de commissions illicites".

 

Lire l’intégralité de cette enquête dans l’édition Abonnés du site et dans Le Monde daté du 9 juillet et disponible dans les kiosques ce vendredi à partir de 13 heures.

 

Gérard Davet et Fabrice Lhomme.


 

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/07/08/affaire-karachi-pas-de-fonds-secrets-de-matignon-dans-les-comptes-de-campagne-de-balladur-en-1995-selon-un-temoin-clef_1546273_823448.html


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