D’abord parce que ça me rappelle l’époque maudite ou je travaillais. Quand les vacances pointaient le bout de leur nez. Le soleil. La mer, le sable qui te gratte. L’odeur insupportable du barbecue. Le camping dans une vieille caravane. Les apéros…
Aujourd’hui, il me reste plus que l’apéro. Et fini le pastis ou le whisky, j’ai remplacé les bouteilles par des packs de vins, c’est comme une bouteille de lait, sauf que c’est pas pour les enfants, c’ est pour les chomeurs.
Mon apéro, je le prend dés le matin et jusqu’à la tombée de la nuit, ou plutôt de mon matelas quand vraiment je suis fracassée.
Les coups de soleil, je les ai aussi remplacés, maintenant c’est gueule de bois et bronzage vin rouge.
La mer aussi, Baudelaire disait « homme libre, tu chériras la mer, la mer est ton miroir » Eh ben moi je dis, je suis une femme libre, je chérie ma vinasse et ça se voit dans le miroir…
Et quand je pense que je payais pour poser ma caravane alors que maintenant je dors à la belle étoile dans la plus belle ville du monde.
Ah Paris, oui, je me sens comme la locataire de toute la ville, je pose mon matelas ou ça me chante.
Aujourd’hui, j’habite au cœur du triangle d’or, entre l’avenue Montaigne et le rond poind des champs Elysées.
Je viens de déménager, j’ai quitté le boulevard Saint Germain, je trouvais le quartier un peu trop bobo.
Si je m’intéresse à la politique, Ah ben oui.
Et forcément, quand on mène la vie que je mène, ça fait des fait des jaloux.
J’en entend dans mon poste de radio, « C’est scandaleux qu’il y est autant de SDF en France ».Je me permet moi de critiquer les gens qui travaillent ??
A chaque présidentielle, c’est la même rengaine, il n’y a pas un candidat pour me défendre… En 1995, il y en a même un qui a osé dire « Si je suis élu, Il y aura zéro SDF à la fin de mon mandat », si c’est pas de la discrimination ça !
Heureusement, ils ne mettent jamais leur menace à exécution. Et même, ils ont tendance à protéger nos privilèges. La preuve, on est de plus en plus nombreux à mener la belle vie…
Mais le pire, ce sont les associations, certaines voulaient nous parquer dans des tentes au bord d’un canal. Heureusement, la ministre l’époque, madame boutin a su protégé nos intérêts fermer leur clapets.
Alors oui, je le dis haut et fort, en 2012, je vote sarkozy et s’il est élu, je poserais mon matelas devant le Fouquets.
Jélène Esnois