Moi, j’étais absolument contre cette drogue qu’est le cannabis jusqu’au
jour où j’ai fumé.
Ce jour là, j’ai pris une claque monumentale, dès que
je fermais les yeux, je voyais des spectacles fantastiques mais
réalistes. Depuis, j’en produit cinq pieds en espérant qu’il y en ait un
mâle. Arrivés à mâturité, je castre le mâle pour qu’il ne féconde pas
la femelle et je garde le plus beau des femelles que je taille tous les
mois afin qu’il ne pousse pas en hauteur avec une seule fleur au sommet,
mais en largeur avec vingts fleurs sur chacune des vingts branches. Je
l’installe sur mon balcon plein sud à l’endroit le plus chaud et le
moins exposé au vent. Ainsi le plan femelle sait qu’il y a un mâle pas
loin, se fait belle et s’épanouit pour mieux lui plaire et le séduire.
Elle écarte ses pétales pour se faire féconder, je la caresse tous les
jours et lui coupe les grandes feuilles qui la cache du soleil. Je la
hume, la respire, lui souffle dans les têtes et elle est très sensible à
mes attentions soutenues, et me le rend bien car nous avons, elle et
moi, un rapport quasiment charnel. Avec les femmes, je fais pareil.
Le
lendemain de la première gelée, j’arrache le plan avec ses racines que
je nettoie sans les couper et le retourne dans mon grenier au dessus
d’un journal. Quinze jours après, je dépose une par une les trois cent
fleurs collantes de pollen dans une boite de biscuit métallique et quand
j’ai fini, je racle avec mon couteau mes doigts couverts de la plus
pure matière qui soit. J’attend quiconque venant me dire que c’est
interdit ou m’encouragera à plutôt acheter tout autre poison coupé issu
d’un trafic international quelconque. j’ai les moyens de le persuader
que j’ai bien raison de ne faire plus confiance qu’à moi-même...