Les propos de l’eurosceptique britannique Mary Ann Sieghart n’ont jamais été aussi vrais.
"Les euro-enthousiastes nous ont toujours accusés, nous autres,
d’être des anti-européens… Mais si les anti-européens avaient été
invités à concevoir un système pour saboter le projet de l’UE, ils ne
pouvaient guère faire mieux que celui qui existe actuellement. Qu’est-ce
qui pourrait être plus dommageable qu’une zone monétaire vouée à
l’échec, dans laquelle les nations les plus pauvres sont contraintes
d’accepter des mesures d’austérité et de sauvetage et les plus riches
sont obligées de se sacrifier pour elles ? Près des trois quarts des
Allemands déclarent maintenant avoir peu confiance dans l’euro et les
deux tiers d’entre eux sont opposés au sauvetage de la Grèce. Drôle de
recette pour garantir l’amitié européenne. Les militants pro-euro
étaient prompts à dénigrer ce qu’ils appelaient des « mythes »,
forcément « colportés » par nous. Il y avait le « mythe » que l’union
monétaire mènerait à l’union fiscale et politique. Ce principe est
maintenant accepté comme la seule solution possible aux difficultés de
la zone euro. Il y avait le « mythe » que les pays riches pourraient
avoir à renflouer les plus pauvres. Cela était censé être interdit par
un traité, mais c’est arrivé. Et il y avait le « mythe » selon lequel un
choc extérieur pourrait frapper certains pays plus que d’autres,
provoquant des bouleversements énormes. Eh bien, c’est là sous nos yeux.
Le moment est venu pour un règlement de comptes. Saluons les héros qui
ont réussi à nous garder hors de la zone euro. James Goldsmith, dans la
dernière année de sa vie, a contraint les conservateurs à accepter un
référendum avant de l’intégrer. Cela a forcé le parti travailliste d’en
promettre un aussi. Sans cet obstacle, Blair nous aurait sans doute fait
signer. Puis ce fut le problème d’établir de solides arguments pour
rassurer le peuple britannique qu’il avait raison de pressentir que
l’adhésion à l’euro était une mauvaise idée. Tout le crédit revient aux
Lords Leach et Owen, coprésidents de l’ensemble des partis faisant
campagne pour le « non ». Mais sur une question aussi vaste, il
appartient sûrement à ceux qui ont essayé de nous pousser à l’euro
d’abjurer leurs propos à présent. Blair est devenu un catholique, il
devrait comprendre ce que recouvrent la confession, la repentance et la
conversion. Danny Alexander a montré la voie l’automne dernier lorsqu’il
a reconnu s’être trompé. Nous attendons toujours d’obtenir des excuses
de Lord Mandelson, Ken Clarke, Nick Clegg, Lord Heseltine, Lord Ashdown
et Chris Huhne. Ils sont aussi mauvais que ces vieux marxistes qui n’ont
jamais concédé que le communisme était une erreur même après
l’effondrement de l’Union soviétique. Nous méritons des excuses. Comment
osaient-ils se moquer de nous d’être des anglais bornés, des little
Englanders, voire des xénophobes alors que nous avions simplement vu que
l’économie allait manifestement mal tourner ?"