Il est toujours dangereux de faire des rapprochements historiques. En tout cas, il faut le faire avec prudence. Pour ma part, je n’irai pas jusqu’à dire que le FN est une résurgence du nazisme - même si ce parti, à ses débuts en tout cas, a parfois montré une certaine complaisance ou nostalgie à l’égard du IIIème Reich. Il y a cependant des points communs, effectivement, entre l’idéologie nazie et celle du FN. Même si ce dernier n’est pas ouvertement raciste, il aime à stigmatiser un certain nombre de boucs émissaires, et notamment les étrangers - surtout les étrangers de l’intérieur, ces « Français de papier », comme dit Jean-Marie Le Pen. Les « Arabes » (qui sont souvent français et nés en France) sont souvent vus comme une cinquième colonne. De ce point de vue, ils jouent un peu le même rôle de repoussoir que les juifs de l’entre-deux-guerres. L’autre point commun avec le nazisme, c’est le mélange de nationalisme et de socialisme (au moins dans les discours). On peut toutefois noter une différence importante, c’est que le parti nazi a fini par se débarrasser de sa composante anticapitaliste pour complaire aux grands patrons allemands, alors que le FN a suivi un parcours inverse : ce n’est que tardivement qu’il a adopté un discours socialiste.
Quant aux points communs entre l’URSS et le troisième Reich, je vous rejoins partiellement. Dans les deux cas, il y avait une idéologie relativement égalitaire, et une volonté de fondre les individus dans une masse uniforme et disciplinée. Mais en même temps, ces deux régimes étaient extrêmement inégalitaires, tant sur le plan politique que sur le plan économique. En URSS, le parti communiste chapeautait tout, et organisait la société selon une structure pyramidale. En Allemagne, les choses étaient sans doute un peu plus complexe, puisque les nazis n’avaient pas le monopole de la puissance économique, et devaient composer avec les exigences des grands patrons.