Merci pour le lien. J’aime bien Zizek. Je le trouve à la fois drôle et pertinent. Ses analyses sur le cinéma et la psychanlyse sont des classiques.
Par contre, je ferais une distinction entre la disponibilité de l’information et l’usage que les gens en font. En général il y a bien assez d’information disponible pour se scandaliser pendant des siècles. A la rigueur on pourrait déjà dire « Tout le monde sait tout ». Ce qui est intéressant c’est que les gens dépensent bien plus d’énergie à ce qu’une information soit relayée qu’à agir sur son contenu et les faits qu’elles relate. L’important n’est pas que l’information existe et soit disponible en soi, mais qu’elle soit relayée par le plus grand nombre possible et principalement les « grands médias » - c’est comme si c’était là sa finalité. Je trouve que c’est une logique malsaine, car elle repose sur l’efficacité de la propagande et de l’indoctrination. Ce qui me choque sur la guerre en Irak, par exemple, ce ne sont pas les « détails » sur la torture qui y a été pratiquée (obtenues par des fuites de diverses sources), mais bien plutôt qu’un peuple (pas seulement ses dirigeants) soit prêt à initier une guerre *en toute connaissance de cause* des dégâts et victimes qu’elle risque de provoquer. Les arguments bidons invoqués pour justifier cette guerre (Powell à l’ONU) sont secondaires, tout le monde le sait : l’Amérique était déjà déterminée à faire ce qu’elle voulait. D’ailleurs on ne se souvient pas des conquêtes de Rome par les justifications qu’elle invoqua à l’époque pour passer à l’action, mais on accepte généralement qu’elle était dans une logique de conquête et de création d’empire. Et même si la propagande est toujours nécessaire, par exemple pour la guerre en Irak, elle fonctionne toujours en dépit d’informations déjà disponibles qui peuvent la réfuter. Cela veut dire que les gens « savent toujours déjà » mais préfèrent néanmoins passer outre. En mettant toujours l’accent sur l’information et sa propagation, nous ne voulons en réalité qu’une chose : contribuer à ce qu’elle arrive à une position hégémonique au détriment d’autres informations, qu’elle acquiert elle-même un statut de propagande.