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Commentaire de Mor Aucon

sur La Fête Nationale du 14 Juillet ou l'oubliée du 24 Juin ? A chacun sa fête


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Mor Aucon Mor Aucon 15 juillet 2011 13:38

À Pierre JC Allard.
La population cubaine est consultée en profondeur journellement depuis longtemps. Rien de nouveau sous le soleil, même cubain.

A Samuel Moleaud.
Ce genre de phrase « Je suis d’accord, pour savoir pourquoi ce que nous appelons Démocratie ne fonctionne pas, il faut en connaître les fondements. » a le don de me rendre soupçonneux. Je ne vais pas vous faire un procès d’intention puisque la suite de votre message ne confirme pas son sens profondément antidémocratique. Disons que c’est une tournure maladroite qui est bien souvent utilisée et manipulée par tous les partisans de la sécurité douillette sous la férule d’un État sur le chemin du totalitarisme.

Ce n’est pas la Démocratie, ce qui ne fonctionne pas puisque la Démocratie est une collection de principes et non pas une pratique ou un état de fait . C’est l’état de cette Démocratie dans son application c’est à dire l’État démocratique qui ne parvient pas à respecter ces principes et la population qui ne parvient pas, non plus, à les faire respecter, ni à les réclamer, les défendre ou les respecter lui-même. L’exemple flagrant en est le concept de Justice, soit disant populaire, qui est vomi presque journellement. S’il y a un danger dans le populisme, c’est bien celui de vouloir glorifier les réactions les plus ineptes et abjectes dont l’être humain est capable noyé dans la masse.

Je résume, moi aussi. Les révolutions puisent leur légitimité dans la révolte du peuple et la réaction du pouvoir visant à la juguler. Les nombreuses frondes et jacqueries ont consolidé cette dialectique qui a débouché sur le cycle révolutionnaire. Dès lors, il est bien évident que la pratique démocratique ( notez que je parle de pratique ) est face à une contradiction : élire, dans le sens de choisir, où concentrer ce pouvoir. Une concentration du pouvoir, quel qu’en soit le degré, est inévitable dès que l’on prend conscience que l’espèce humaine n’est pas pas génétiquement dotée d’une adaptation collectiviste comme le sont par exemple, les fourmis. Quelque part des décisions doivent être prises et elles seront appliquées quoi qu’en pense une partie de la population qui ne sera pas nécessairement d’accord. Dans ce sens je rejoins Montesquieu et sa vision légaliste de la pratique démocratique. Je vous trouve d’ailleurs très expéditif en le qualifiant d’antidémocrate pro-aristocratie. Mais bon, je ne veux pas entrer dans ce débat qui est justement la mère de toutes les manipulations en obviant volontairement le regard relatif historique, relativité réelle qui impose une précaution infinie à l’heure de voyager allègrement dans le temps. Le problème est similaire avec Rousseau, Locke. Tocqueville et tous les théoriciens de la politique, en général. Le temps n’est pas gratuit dans l’univers, sur la terre non plus.

Justement, cette moderne réclamation de la démocratie directe et participative, à mon avis propulsée par la découverte de technologies qui semblent pouvoir enfin la rendre viable, tombe dans le même travers ( notez que je parle de la revendication et non du concept en lui-même ). Le faux relativisme historique est, par exemple, patent chez Chouard ( beaucoup cité ici, c’est pourquoi je le mentionne ) quand il défend les travers de la pratique démocratique athénienne en invoquant, à juste titre, la relativité du temps historique mais l’oublie complétement à l’heure d’affirmer que cette démocratie directe et participative était la seule légitime à leurs yeux et donc devrait bien évidemment l’être pour nous aussi.
Or, si bien la Démocratie est une collection de principes, un concept abstrait bien que lourd de conséquences sur le monde réel, la pratique de celle-ci est soumise à toutes les lois naturelles, à commencer par celles qui régissent les relations entre une espèce et son milieu et les individus entre eux. Voila pourquoi il me semble illusoire et même suicidaire vouloir implanter immédiatement et au sens le plus chirurgical possible, une pratique en la dérivant d’un concept abstrait.

Croyez-vous réellement que les principes démocratiques allaient survivre à un système directement participatif appliquant ce que vous pensez être la volonté du peuple ? Les derniers événements judiciaire, où cette même volonté exprimée glisse vers l’abandon d’un principe de base du Droit démocratique prouve le contraire, à mon avis.

Notez que j’essaye de faire la différence entre la pratique et la théorie. Je ne suis absolument pas contre la démocratie directe et participative, à priori. Ce que je veux faire remarquer est que, à mon avis, les conditions objectives pour cela sont très loin d’’être réunies et que le premier combat est à mener contre toutes les manipulations propagandistes qui revêtent les loups de peaux d’agneaux voire de moutons.


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