Il est vain de chercher à démontrer une « théorie du complot » en se fondant sur l’antériorité d’une théorie. Si l’on prétend que la construction européenne (vis-à-vis de laquelle je suis extrêmement critique) est une machination des États Unis d’Amérique sous prétexte que dans les années 1920 quelques grands magnats de la finance et de l’industrie se sont prononcés pour « les États Unis d’Europe », on peut tout aussi bien prétendre que, puisque Victor Hugo en 1850 voulait unir les états européens en « une grande confédération continentale », la construction européenne est un complot de poètes français. Tout ce que l’on peut dire c’est qu’à partir des années 1950-1960, les États Unis d’Amérique ont concouru (ils n’étaient pas seuls : l’URSS était aussi très favorable à la « construction européenne ») à donner à la « construction européenne » une orientation qui favorise leurs propres intérêts. Incroyable, ça, on découvre qu’un pays a défendu ses intérêts ! Un coup à chopper une médaille pour services rendus au peuple, ça !
De la même manière, parce que les anarchistes de la première Internationale ont voulu créer une « société mondiale » dans les années 1880, va-t-on prétendre que la « gouvernance mondiale » est un complot des anarchistes européens du XIXème siècle ?
Et puis quand l’ONU a été créée, sa toute première séance avait été dérangée par un doux dingue, un Français, qui s’était introduit en séance et avait eu le temps d’appeler les différents états à fusionner pour former un gouvernement mondial unique. Va-t-on prétendre que ce type fut à l’origine du projet de gouvernance mondiale ?