« Il y a bien croissance de l’espérance de vie. Et pourtant personne n’imagine qu’elle puisse être illimitée en âge, sans pouvoir cependant fixer de limite »
Stupide ! j’avoue que venant de vous, rien d’étonnant mais bon...
Vous êtes en train de comparer une croissance du PIB, qui fait suivre à ce dernier une courbe exponentielle, et une espérance de vie qui n’a rien d’exponentielle, et a plutôt une allure logarithmique (quoique forcément majorée, et que l’espérance de vie diminue par-ci par là dans les pays développés, et celle en bonne santé encore plus souvent, à l’image de la régression dans laquelle nous entraîne ce système mercantile et myope).
La croissance annuelle et sa poursuite est concomitante d’une progression non majorée du PIB, à moins ce que la croissance tende très vite vers 0, mais alors il ne s’agit plus du paradigme actuel, qui recherche une croissance forte.
Par ailleurs la croissance est actuellement calculée d’une certaine façon, et pas d’une autre, et c’est de celle-ci dont on parle, pas d’une croissance qui serait calculée de façon intelligente. Mais au fond, cette croissance « bien calculée » est-elle bien calculable au niveau global ? C’est loin d’être certain.
La décroissance est une nécessité indéniable dans un certain nombre de secteurs majeurs, qui doivent laisser la place à une croissance de secteurs de remplacement :
agriculture : décroissance de la consommation de pétro-chimie, décroissance voire suppression du labour. Contrepartie : croissance des techniques alternatives et du niveau technique requis pour travailler la terre (ou plutôt la faire travailler par les plantes elles-mêmes), augmentation de l’emploi agricole (mais seulement en attendant les robots capables de remplacer l’homme sur les nouvelles tâches induites par ce nouveau modèle agricole).
la santé : il faut moins de malades, donc moins d’activité de soins, et moins de consommation de nourriture de mauvaise qualité, relocaliser la production agricole, saccager l’industrie agro-alimentaire. Contrepartie : croissance de la prévention et de l’éducation, de la culture de potagers familiaux.
industrie : il faut utiliser moins de matières premières, de main d’oeuvre, et moins d’énergies non renouvelables. Contrepartie : croissances de la production d’objets durables, croissance des énergies renouvelables et des systèmes d’économies d’énergies, croissance des métiers intellectuels (car moins d’ouvriers), croissance de la conception de machines remplaçant l’homme (là où ce remplacement est réellement économique et productif)
Services : anéantissement de la publicité et décroissance de tous les services issus du mode de vie aristocratique (restauration, hôtellerie etc.), anéantissement de tous les emplois de services pouvant être remplis par des machines (typiquement : caissière, quoique ce métier disparaîtrait tout seul, avec la relocalisation de la production et la collectivisation de la propriété de tout ce qu’il ne sert strictement à rien de posséder 99% du temps). Contrepartie : développement des services d’information sur les produits (à la place de la pub), croissance du niveau d’éducation, pour que les filles des caissières d’aujourd’hui soient poétesses, chercheuses, ingénieurs, bohémiennes, marginales etc. (par exemple, une femme qui a envie de vivre dans un tonneau en cultivant un potager autour, est plus utile et infiniment plus productive et heureuse qu’une caissière) ; croissance des endroits conviviaux où on rencontre ses voisins et plus lointains en partageant une belle tablée de produits locaux, plutôt que restaurants bidons en veux-tu en voilà, où on mange de la semi-merde recroquevillés sur une table de 2 à 4 à l’abri de la rencontre de l’autre, et servis par un jeune bougre (modèle aristo-bourgeois) qui serait bien plus utile s’il avait tout ce temps pour apprendre et devenir productif : un serveur ne sert à rien, sauf dans une société esclavagiste type aristo-bourgeoise...
Bref, notre planète n’est pas faite pour abriter 10 milliards de pseudo aristocrates qui bouffent comme des porcs, consomment n’importe quoi voué à l’obsolescence demain matin, et asservissent les trois-quarts (qui sont donc des esclaves aux illusions aristocratiques) pour se branler sur leur condition d’individu se faisant servir au restaurant.