@ Kerjean
Merci beaucoup.
J’avoue que je suis heureusement surpris que les réactions me soient majoritairement favorables, récusant en doute la thèse d’Israël faisant danser l’Occident sur sa musique, je m’attendais plutôt à une volée de bois vert.
Je vous entends parfaitement. Moi aussi, j’ai vu, depuis 15 ans, l’état d’esprit de mes (ex)amis juifs se dégrader à vue d’œil, surtout, bien évidemment depuis le 11 septembre.
Comme vous le dites, jusqu’à la fin des années 80 encore, la grande majorité était favorable à un règlement pacifique type deux États, rigolaient ferme des Loubabitch et autres fondamentalistes, et leur soutien, le plus souvent par piété filiale, à Israël était néanmoins très critique.
Aujourd’hui, la plupart d’entre eux me considèrent comme un ennemi mortel, un rouge brun antisémite et, pour la plupart, refusent désormais d’ouvrir le moindre dialogue. Je ne suis pas retourné en Israël depuis très longtemps, mais ceux qui en reviennent, et me parlent encore, en font, comme vous, un portrait très sombre. C’est une véritable paranoïa, entretenue, excitée, attisée en permanence qui semble avoir gagnée la grande majorité des israéliens, et c’est dramatique.
J’ai vu sur Dailymotion, il y a quelques mois, un reportage sur une visite organisée de jeunes israéliens à Auschwitz. Le bourrage de crâne des adultes qui les encadraient étaient effrayant. Les gosses étaient entretenus dans une crainte permanente des autochtones, interdits de faire connaissance ou de parler à des polonais, qui étaient décrits comme antisémites forcenés, quasiment tous des SS qui n’auraient eu qu’une idée en tête : les tuer. ! Aucun universalisme, pas un mot, pas une pensée pour les dizaines de milliers de tsiganes exterminés là, eux aussi, pas davantage fait mention des 10 000 prisonniers de guerre soviétiques... Non ! D’ailleurs je doute fort que ces gamins aient seulement su que c’étaient les soviétiques qui avaient libéré le camp ; voire même qu’une entité comme Union Soviétique ait seulement jamais existé. Nul autre qu’un juif ne pouvait être mort là, tout était centré sur le destin tragique et grandiose du peuple élu, et sur ce que cette tragédie pouvait recommencer à chaque instant.
Ça m’a rappelé cette phrase d’Anna Harendt :
« La représentation par Herzl du peuple juif comme encerclé… par un monde hostile a conquis aujourd’hui le monde sioniste… Que cette évolution ne nous surprenne pas ne rend pas cette représentation plus exacte, mais seulement plus dangereuse. Si nous sommes vraiment face à des ennemis déclarés, ou dissimulés de tous côtés, si finalement le monde entier est contre nous, alors nous sommes perdus ».
C’est bien ce que les sionistes veulent lui faire croire. La haine est fille de la peur.
Alors, la remise au goût du jour, en miroir, des pires âneries antisémites (Protocoles, complot mondial etc) les conforte et les aide.
C’est lorsque deux paranoïas chauffées à blanc s’affrontent que le pire survient.
« Attention aussi aux éternels Flavius Josèphe qui prônent le sacrifice ultime pour les autres pour finir en regardant défiler les victimes qu’ils ont emmené là, de la tribune de l’empereur tortionnaire de leur peuple. »
Tout à fait ! Excellente comparaison !
« Les saint jean bouche d’or qui prêchent le martyre,
Le plus souvent, d’ailleurs, s’attardent ici-bas .
Mourir pour des idées, c’est le cas de le dire,
C’est leur raison de vivre, ils ne s’en privent pas . »
comme chantait Brassens.
Par contre, je n’ai pas compris : « N’oubliez pas vos Flavius Josèphe. »
Vos ?
Pour info, mes rapports avec Flavius Josèphe sont strictement littéraires. Plus « desouche » que ma famille... Aryens (à foutre !) jusqu’au bout des ongles...Quoique plutôt...« Mauvais français » ! Comme il se disait en 42/43... Le destin du peuple juif ne me concerne ni plus ni moins que celui du peuple palestinien... C’est à dire à parfaite égalité d’humanisme.
Avec la différence notable, qu’aujourd’hui, entre les deux, le peuple opprimé c’est le peuple palestinien.
« Frères humains qui après nous vivrez... »
C’est tout !
Merci de vos encouragements