Bonjour Taverne,
Et bien, ce n’est pas tout à fait vrai... ni tout à fait faux. L’association Aurore, qui déplore bien sûr le départ de Xavier Emmanuelli, va essayer de mettre en place des nouvelles structures d’hébergement. Son directeur, Eric Pliez, dit d’ailleurs qu’« il faut faire évoluer le 115, et le travail social en général ».
La « concertation » dont Benoît Apparu parle n’est pas le bon terme cependant (la politique de l’Etat est dénoncée avec virulence par la plupart des associations et des gens du terrain !), ce qu’il ne comprend pas (et il n’est malheureusement pas le seul...), c’est que le logement (s’il y a logement, encore faudrait-il que ça soit le cas...) ne peut pas être accessible forcément tout de suite à certaines personnes. Ces dernières ne sont pas encore prêtes pour vivre seules et s’assumer. Il y a un gros travail d’accompagnement à faire avant, d’où l’intérêt d’ailleurs des hébergement de « stabilisation » (qui se situent en gros entre l’urgence et le logement autonome) qui proposent (proposaient ?) un hébergement provisoire « long terme » avec un travail d’accompagnement socioprofessionnel à côté. Ces structures ont commencé à être créés au moment de la loi DALO (2007), mais là encore, avec les coupes budgétaires, on se demande combien d’entre elles vont pouvoir perdurer...
Ainsi, hormis Aurore, la plupart des associations ont dénoncé avec virulence le désengagement de l’Etat qui les fragilisent de plus en plus.
L’urgence, le fait de devoir héberger très rapidement par le biais du « 115 » des personnes de plus en plus nombreuses (hommes, femmes, enfants...), dont certains ont d’ailleurs un travail (les « travailleurs pauvres » sont aussi de plus en plus nombreux à être à la rue, à cause de la précarité de leur contrat qui les empêche d’accéder à un logement), doit pouvoir continuer à exister (d’autant que la crise est loin d’être finie...).
Il ne faut pas mélanger les problèmes... On a besoin ET des hébergements d’urgence ET des hébergements de stabilisation ET de plus de logements sociaux ! Et là, l’urgence est en train d’être abandonnée par l’Etat. Et on va en voir les conséquences concrètement très vite malheureusement : de plus en plus de gens (y compris de familles) à la rue (ou à l’hôpital...).
Mais comme souvent, en politique, le discours est déformé de manière à faire croire qu’on agit « en concertation » avec les professionnels du terrain. « Terrain » qu’il serait pourtant bon de connaître un peu mieux quand on prétend représenter les français...