Nicolas Sarkozy : « Je veux, si je suis élu Président de la République, que d’ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid. » (fin 2006)
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH200/sdf-2-3a53f.jpg)
Décidément, les promesses politiques n’engagent malheureusement que ceux y ont encore la naïveté d’y croire…
Ce matin, j’apprends avec tristesse et néanmoins sans surprise que Xavier Emmanuelli (fondateur du Samu Social et ancien Secrétaire d’Etat à l’action humanitaire d’urgence) a décidé de démissionner du Samu Social, organisme centralisant le « 115 » et menacé par une coupe budgétaire de 25% (alors que je rappelle que le champ d’intervention de l’urgence des sans abris relève de par la loi directement et principalement de la responsabilité de l’Etat).
J’apprends cette nouvelle sans réelle surprise, car la situation de l’urgence se dégradait déjà depuis des mois.
Le 29 juin dernier, déjà, une trentaine d’association d’aide aux plus démunis, parmi lesquelles Emmaüs, Médecins du Monde, le Secours Catholique et la FNARS, avaient dénoncé dans un communiqué des dizaines de suppressions de places d’hébergement, « conséquence de réductions budgétaires inacceptables en 2011 » (moins 41 millions d’euros en 2011, moins 64 millions d’euros attendus en 2012), parlant de « mépris » de la part des « plus hautes instances de l’Etat ».
Le Centre d’hébergement parisien Yves Garel, géré par le Samu Social, qui accueillait des hommes et des femmes SDF, venait d’être fermé, après plus d’un an de négociation.
Il manque pourtant actuellement, en Ile-de-France, 13.000 places d’hébergement et de logement de stabilisation.
Les réductions annoncées des crédits de l’Etat risquent d’avoir ainsi des conséquences humaines tragiques : en effet, si l’Etat ne revient pas sur ces dispositions, 15.000 personnes se retrouveront à la rue dès le mois d’août.
Selon Xavier Emmanuelli, « le gouvernement ne comprend pas ce qu’est l’urgence sociale, qui vise à maintenir les gens en vie ». Il dénonce « les technos, les mecs qui pensent structure, budget, et pas souci de l’autre », expliquant que l’Etat et la Mairie de Paris « se tirent dans les pattes ».
Aucune solution n’a été proposée aux personnes déjà concernées, alors que la loi DALO, instaurée en mars 2007, stipule pourtant qu’aucune personne accueillie en hébergement d’urgence ne peut être remise à la rue.
Certains élus, trop rares, se sont quand même indignés, comme Christian Favier, Président (PC) du Conseil Général du Val-de-Marne : « Une nouvelle étape, inhumaine et dramatique, vient d'être franchie dans le sort indigne réservé aux personnes sans logis ».
Pour infos, et malgré les promesses, là encore non tenues, de Nicolas Sarkozy, la France est bien rétrograde face à ses voisins européens… « Selon les chiffres publiés par la Fédération européenne des Associations Nationales Travaillant avec les Sans-Abri (FEANTSA), la France est de loin la plus mauvaise élève pour l’accueil de personnes sans-domicile fixe : près de 33.000 personnes entrent ainsi dans la catégorie « Sans-abri » qui regroupe les personnes « vivant dans la rue » et « hébergement d’urgence ». Rapporté à la population française, cela donne un taux de 52 SDF pour 100 000 habitants, bien loin devant l’Espagne (26), la Belgique, l’Allemagne (22) et l’Angleterre (19). La Pologne (16) et la Finlande font aussi meilleure figure. »
J’espère en tout cas (peut-être naïvement) que ce sujet sera une des priorités des candidats à l’élection présidentielle.
En attendant, il y a de plus en plus d’hommes et de femmes qui vivent dans la rue (dont plus d’un tiers ont un travail), dont certains meurent, et ce, dans l’indifférence générale.
12 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON