@ l’auteure
Bonjour,
Père de trois grands ados, j’ai eu l’occasion à de multiples reprises de me poser les questions que vous abordez dans votre article, où la « pression sociétale » qui pèsent sur nos jeunes (et leurs parents) est assez bien mise en évidence.
On aurait tort, à mon avis, de faire porter la plus grande partie de ces évolutions/dérives aux seuls parents (et je ne traiterai pas cet aspect du problème). Etre parent, c’est essayer de faire les meilleurs choix pour son enfant, à un moment donné, dans un contexte d’environnement qu’on ne maîtrise pas forcément (ou plutôt, « forcément pas »). C’est « faire de son mieux », le mieux étant -comme chacun sait- l’ennemi du bien...
Faire de son mieux, c’est lutter le plus efficacement possible contre la logique commerciale et financière qui régit notre société, et face à laquelle un couple de parents (dans le meilleur des cas) ne pèse pas bien lourd...
Quelles sont les armes de « l’ennemi » ?
En résumant à l’extrême, le problème tient à mon avis en deux points :
- le pouvoir de l’argent
- la force de l’image
1. le pouvoir de l’argent
De toute évidence, le rapport à l’argent des jeunes (et des enfants) a changé depuis nos jeunes années (pour situer mon approche, je précise être né au milieu des années 60).
a/ Enfants, nous n’avions dans la grande mécanique de la consommation qu’un rôle de « quémandeur » dépendant de l’accord parental. Nous demandions, nos parents accordaient. Ou pas (cas le plus fréquent, d’ailleurs).
b/ Les années 80 ont lancé la marketing à l’assaut des enfants, les « libérant » de cette affreuse subordination en leur offrant le rôle de « prescripteurs ». Désormais (le truc est encore abondamment utilisé par la publicité), c’est l’enfant qui influe directement sur l’acte d’achat des adultes, que le produit acheté soit destiné à l’enfant, aux parents ou à la famille...
D’assez bons exemples ici et là...
c/ Quels sont les méandres des évolutions qui ont abouti aujourd’hui à faire de ces jeunes et ces enfants des consommateurs, j’avoue que je me pose encore quelques questions, mais il est indéniable que le stade ultime est atteint avec l’accession au pouvoir économique. Toutes proportions gardées, l’enfant jouit du même statut que celui de ses parents, celui de consommateur qui lui confère l’illusion du pouvoir et de la liberté de décision, l’illusion d’avoir sa (petite) place dans ce circuit où il pense évoluer avec ses aînés d’égal à égal.
Dire que cette évolution (?) finale (?) a transformé les rapports à l’intérieur de la famille me semble une évidence...
2. la force de l’image
La force de l’image, c’est tout d’abord l’extrême accessibilité qu’elle possède aujourd’hui dans un environnement très technologique où abondent les canaux de diffusion (affichage, télévision, réseaux...). Nous sommes confrontés à un véritable déferlement qui nécessite une capacité de recul, de lecture, d’analyse, que n’ont pas forcément (ou plutôt « forcément pas », une fois de plus) les enfants. L’effet de ces images n’est évidemment pas anodin, et leur répétition continue à « petite dose » quotidienne influe à long terme sur la personnalité de jeunes en construction.
Ces images, produites par des « communicants » et « créateurs de tendances », n’ont d’autres buts que d’attraper les plus faibles dans les mailles de leurs filets. Les plus dévastatrices sont celles qui surfent sur la vague de la frustration, de l’intime voire de la sexualité.
On sait les enfants sensibles à l’image, et sans vouloir me montrer particulièrement prude ou rétrograde, je dois constater l’évolution de ce qu’il est possible de faire voir à des enfants d’aujourd’hui. Pas une série américaine « déconseillée aux moins de 10 ans » qui n’apporte son lot de corps décomposés sur des tables d’autopsies. Un spectacle qu’il semblerait donc admis de présenter à des « plus de 10 ans » et qui n’aurait jamais passé le test du « rectangle blanc » de mon enfance !
On pourra m’objecter avec raison que le contrôle de la télécommande peut encore être du domaine des parents. C’est vrai mais parfois difficile à concilier avec le simple principe de réalité. Préserver ses enfants de ce déferlement n’est pas si facile et les images ne sortent pas de la seule télévision.
L’espace public est un domaine où nos enfants sont livrés sans protection et où l’image est reçue/imposée au hasard des panneaux publicitaires déroulants. Je relèverai deux axes de communication forts :
. Le discours générateur de frustration qui laisse penser à qui veut bien le croire que la possession de tel ou tel produit (fut-il difficilement accessible) est essentielle pour se valoriser ou se trouver valorisé aux yeux des autres. Je ne mets pas d’exemples, ça me semble évident.
. L’approche d’une certaine sexualité. La sexualité est présente de façon plus ou moins évidente dans la communication, presque incontournable quand il s’agit de vanter les qualités de puissance ou de séduction d’un produit. Ici aussi, ce qu’on montre à grand renfort d’affichage (et qui, par sa présence et son volume peut faire croire à une certaine norme) ferait pâlir le rectangle blanc de mon enfance. Nos jeunes découvrent les relations hommes-femmes et la sexualité (s’ils n’ont pas de connexion internet) au travers d’images de pub de parfums qui empruntent de plus en plus souvent les codes visuels de l’univers pornographique. Exemples assez symptomatiques, mais il y en a beaucoup d’autres, ici et là.
Pour chacune des images, je vous laisse imaginer (puisque c’est ce qu’on souhaite nous suggérer) ce que pourrait devenir la scène quelques minutes plus tard... Et les enfants aussi ont de l’imagination...
En lui ayant donné l’accès à l’argent et au sexe, il me semble que notre société a définitivement abimé une grande part de ce qui constitue l’enfance...
Désolé d’avoir été un peu long.
21/07 13:03 - paconform
Non, vous n’avez pas été trop long. Pouvez-vous, au contraire, continuer ? Merci pour ce (...)
21/07 12:10 - Tof
@ l’auteure Bonjour, Père de trois grands ados, j’ai eu l’occasion à de (...)
21/07 09:40 - Surya
Bonjour Ptitelutine, Bien d’accord avec vous, cependant je crainds qu’une société (...)
20/07 15:27 - paconform
Bonjour, L’auteur, vous dites notamment (et avec raison) : « les parents oublient (...)
20/07 12:50 - Harfang
Je suis pleinement d’accord avec votre bafouille, qui démontre selon moi surtout que ce (...)
20/07 11:59 - Jiache
J’approuve ce que vous écrivez tout en pensant que vous n’allez pas assez loin. (...)
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