à Perseus
On ne peut rien contre leurs discours, leurs rationalisations paranoïaques sont étanches au réel :
- le pays est dirigé par des bisounours (c’est à dire des naîfs, car bien sûrs les Autres sont dangereux et méchants tandis que nous sommes « pûrs », saufs les traîtres...)
- les modérés ou la gauche, ces traîtres, aiment les terroristes (car bien sûr, nous les bisounours, on aime les terroristes puisqu’on aime tout le monde...)
- donc il faut nous terroriser (car seule une nation unie, paranoïaque à l’image de son chef paranoïaque pourra vaincre un ennemi imaginaire et tout aussi paranoïaque)
CQFD
Leur répondre que leurs propos sont abjectes les confortent dans ce qui les sépare des valeurs dominantes actuelles. Et bien sûr qu’ils cautionnent, bien heureux que quelqu’un se soit salie les mains au noms de LEURS valeurs, que quelqu’un ai eu le « courage » de s’attaquer aux véritables ennemis : non pas les terroristes d’Al Qaida, mais les démocrates.
Qu’ils y croient ou non, ce qu’ils promettent, c’est la sécurité.
Et cela aura un prix : la liberté.
Notamment celle de ne pas penser comme eux.
Dans les temps troublés, les modérés (conscients qu’il n’y a rien de plus effrayant que la peur elle-même, conscients que le véritable courage consiste à assumer et combattre ses propres peurs) sont marginalisés en premier, si ce n’est purement et simplement exécutés... Ensuite, on terrorise toute la population : le « terrorisme sociologique » permet de redéfinir à souhait qui est traître et qui ne l’est pas (encore)...
La population finit alors par comprendre que c’est elle qui est terrorisée, rendue parano à l’image de ses chefs. C’est, je crois, la seule loi de l’Histoire vérifiable...
Et les partisans de la terreur le savent bien, c’est leur fenêtre d’opportunité. Voilà pourquoi ils se déchaînent sur les forums depuis le massacre d’Oslo.
Pour la première fois, j’ai peur. Et c’est exactement ce
que cherchait ce type : que sa parano se diffuse et infuse le corps social. Son acte n’est pas seulement un « message », c’est un acte politique d’une efficacité pratique totale qui excite la parano de tout un chacun, annihile la
raison... sans parler d’amour et de fraternité.
Mais là, je sens bien que je suis trop « bisounours »...
La jeunesse socialiste norvégienne ne reposera pas en paix.