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Commentaire de Gaspard Delanuit

sur Le terrorisme est-il plus grave que le terrorisme intellectuel ?


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Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 1er août 2011 17:15

Je ne connais pas bien l’auteur ni son site, j’ai seulement vu quelques vidéos d’entretiens assez intéressants. Mais à chaque fois que je tombe sur une publication de Jean Robin sur Agoravox, je constate qu’elle suscite immédiatement des réactions très agressives sans mesure avec le contenu de l’article.

Donc je suppose que Jean Robin a quelque chose de diabolique que je n’ai pas encore perçu (le diable est rusé) ou qu’il a commis des actes odieux ou tenu des propos immondes, enfin, bref, qu’on lui reproche à chaque fois quelque chose d’autre que l’article présenté. 

Je lis celui-ci et je ne trouve pas matière à jeter de l’eau bénite sur mon écran. Je le trouve même assez instructif et raisonnable. Suis-je moi-même possédé ?

Le terrorisme intellectuel existe, ça ne fait aucun doute. Evidemment, il est d’une autre nature que le terrorisme qui place des bombes, massacre et arrache bras et jambes. Et l’article ne développe sans doute pas suffisamment cette angle de réflexion.

Chacun de nous préférerait monter dans un avion avec 5 terroristes intellectuel plutôt qu’avec 1 terroriste physique. Je préfère qu’on me coupe la parole dans une émission plutôt qu’on me coupe la gorge dans une cave. Je préfère qu’on me tue symboliquement plutôt qu’on m’assassine. La phrase de conclusion de l’article telle quelle porte donc à confusion.Elle demanderait davantage d’explication.

« Oui, il faut condamner le terrorisme, mais tout le terrorisme, et notamment le terrorisme de la pensée, qui est plus insidieux et souvent bien plus mortel. »

Une autre différence importante se tient dans le fait que le terrorisme intellectuel est souvent pratiqué par un parti dominant, tandis que le terrorisme armé est plutôt le fait de groupes minoritaires ou très minoritaires, bien que ceux-ci puisse être des marionnettes de groupes plus puissants, voire d’Etats. 

A propos du terrorisme intellectuel d’Etat, une question essentielle est celle du glissement de la manipulation mentale à l’oppression physique. On parle souvent dans nos sociétés de « dictatures molles », mais je ne crois pas qu’une dictature puisse rester « molle » indéfiniment. Il y a un moment où le combat devient physique et où le pouvoir devra s’en prendre à votre corps, à sa sensibilité, à sa liberté de mouvement, à sa santé, à son intégrité. Ainsi, le durcissement idéologique des Etats-Unis après les attentats du 11/9 a immédiatement conduit à intensifier la pratique de la torture physique. Cela s’approche de nous. 

Le terrorisme intellectuel, tant qu’il reste intellectuel, ressemble au bannissement, qui fut longtemps pratiqué dans les sociétés antiques et féodales. Certes, celui-ci ne consiste plus dans l’obligation de quitter le territoire sous peine de mort (quoique dans la cas de Thierry Meyssan...). Mais on est exclu de la vie professionnelle qui donne un support à nos recherches, on est malvenu dans les médias où s’expriment nos pairs, on est « marqué » du sceau de l’infamie à titre personnel, on fait du tort à ceux qui nous témoigne un soutien public, on est livré à la raillerie populaire et l’objet de moqueries dans les bonnes blagues d’animateurs de télé ultra-cons. Evidemment, les propos du « banni » sont systématiquement déformés pour être plus facilement condamnés et ridiculisés. 

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