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Commentaire de morice

sur La Libération (58) : la fameuse « cloche », une tentative ratée de tokamak ou un canular de plus ?


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morice morice 4 août 2011 15:52

j’en profite pour saluer la mémoire d’une TRES grande dame :


En fait, tous les éléments que je décris là, photos à l’appui, le sont depuis 1966 dans un livre fabuleux (Toutankhamon, vie et mort d’un pharaon) écrit par une dame extraordinaire : Christiane Desroches-Noblecourt, inspecteur général des musées de France, et qui a été conservateur en chef du département des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre, professeur d’épigraphie puis d’archéologie égyptienne à l’École du Louvre pendant... une cinquantaine d’années. Dans six ans, elle fêtera son centenaire, et nous pouvons songer, à l’occasion de l’événement dont je vous parle, à lui rendre ici un vibrant hommage. Cette dame est tout simplement la pédagogie faite femme. Elle n’a pas qu’écrit sur les pharaons, elle est aussi à l’origine du sauvetage des temples d’Abou Simbel, dans les années 60. La création du barrage d’Assouan les menaçait alors. Le 8 mars 1960, depuis la tribune de l’Unesco, en compagnie de Sarwat Okasha, le ministre égyptien de la Culture, elle lance un appel solennel à la solidarité mondiale pour sauver la Vallée menacée. Quatorze temples, des milliers de tonnes de pierres à déplacer (on les découpera à la sciepour les remonter plus haut !), et des fouilles de toute urgence doivent être entreprises sur des sites qui seront recouverts par l’eau montante. La dame ne sait pas comment convaincre les autorités, et s’en remet à de Gaulle. Celui-ci ignorait au départ l’engagement qu’avait déjà pris l’égyptologue au nom de la France. Dans son entourage, on craint sa réaction ! De Gaulle apprécie en effet rarement se voir apprendre des choses le concernant. L’entretien démarre fort : « Comment, madame, avez-vous osé dire que la France sauverait le temple, sans avoir été habilitée par mon gouvernement ? » Mme Desroches-Noblecourt se croit alors perdue. Son projet refusé... quand lui vient une idée iconoclaste, prononcée sur un ton que pas un homme n’aurait su tenir devant le « Grand Charles », comme on le surnommait et le redoutait : « Comment, général, avez-vous osé envoyer un appel à la radio, alors que vous n’aviez pas été habilité par Pétain ? » Et toc, dans le mille, de Gaulle, immédiatement séduit par ce caractère bien trempé lui accorde les crédits nécessaires qui se montent à des millions de l’époque, et les soutiens logistiques et politiques nécessaires. Madame Noblecourt s’en souviendra sept ans après, en montant à Paris l’extraordinaire exposition Toutankhamon au Grand Palais. Charles de Gaulle lui rend visite en compagnie d’André Malraux et de l’égyptologue. Dans les semaines qui suivent, on dénombre plus de 1 200 000 visiteurs... Quand on cherche, aujourd’hui, le premier exemple de culture de masse réussie, on en revient invariablement à cette exposition fabuleuse. L’occasion de saluer une fois de plus cette grande dame de l’archéologie française ! On peut revisionner sans hésiter avec plaisir un double DVD sorti en 2004 avec son savoureux commentaire.

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