La Libération (58) : la fameuse « cloche », une tentative ratée de tokamak ou un canular de plus ?
Et puis dans l'incroyable gâchis argentin créé par Richter, est apparu progressivement autre chose, au fil de nos recherches. Un autre projet, ayant lui aussi son origine en Allemagne. Ou plutôt de drôles de textes déposés partout, sur un prétendu projet. Une bien étrange apparition, au demeurant, selon ces textes. Celle d'un projet lié aussi aux recherches atomiques balbutiantes, où les escrocs scientifiques, en Allemagne, avaient pu obtenir un certain crédit auprès des nazis, faciles à leurrer, tant ils mélangeaient tout : science et mysticisme, religion et culte de l'individu, notamment. Des proies faciles pour des pseudo-chercheurs, pourvu que ces derniers choisissent un projet... assez démentiel. La démence nazie s'accordait parfaitement avec des projets fous, c'est bien là ce qui explique les dérives constatées dans tous les domaines (celles de Mengele, par exemple). Parmi celles-ci un appareil, qui aurait été emmené en Uruguay ou en Argentine, et que dont on ne sait encore aujourd'hui que peu de choses, à part sa forme. Celle d'une gigantesque cloche, que les nazis auraient baptisé du nom de Cronos, si bien que chez les fêlés amateurs d'histoires insolites, c'est très vite devenu un appareil "à traverser le temps". Place donc aujourd'hui à la cloche nazie (the "nazi bell"), en réalité très certainement une tentative avortée elle aussi de réacteur à fusion nucléaire. Ou plutôt à un canular de plus, comme nous allons le voir.
Revenons-en tout d'abord à notre avion gigantesque, des épisodes précédents ; selon une étude plutôt serrée, il y aurait eu deux modèles de créés de Ju-390, preuves photos à l'appui : le RC+DA avec un fuselage plus court et ayant été équipe pour la patrouille maritime et le GH+HK dotė d'un fuselage plus long et dédié plutôt à des tâches de transport. Reste à savoir où ils auraient pu aller. "Des rapports de renseignement déclassifiés par l'Argentine et la Pologne qui sont récemment venu à la surface, suggèrent maintenant que le second Ju-390 cité aurait volé vers une piste d'atterrissage dans la jungle d'Entre Rios, une province de l'Argentine en mai 1945 et a ensuite été détruit dans un ranch allemand en Uruguay et ses éléments déversés dans le fleuve Parana, à l'emplacement probable d'une jungle ou d'une piste de brousse existante dans le cours supérieur du Parana entre l'Uruguay et l'Argentine, éventuellement autour de Concordia" nous apprend un source. Bigre, si l'on n'avait pas étudié auparavant "l'allonge" de l'engin, on n'y aurait pas crû, pour sûr. Mais via les Açores, puis les côtes du Brésil, cela devient effectivement possible, en tout cas. Il reste néanmoins que c'est fort peu propable, ce démantèlement d'un tel géant des airs (même aujourd'hui avec une pelleteuse on y mettrait des jours, et les morceaux qui subsisteraient seraient encore énormes !) mais bon, continuons un peu plus loin le même chemin... de ceux qui veulent à tout prix nous emmener là où ils veulent. Dans leur pays de contes à dormir debout.
Ce choix d'atterrissage n'était pas totalement anodin, en tout cas, peut-on relever historiquement : on a aussi retrouvé des documents prévoyant l'invasion de l'Uruguay par les nazis, à partir de leur imposante communauté installée sur place, faisant œuvre de cinquième colonne sur place. "L' invasion nazie de l'Uruguay, comme son nom l'indique, ou plan d'invasion d'Uruguay imaginé par les partisans des immigrants allemands de cette idéologie, soutenu par le gouvernement allemand et l'ambassade d'Allemagne à Montevideo, a été développé depuis la fin de 1930 jusqu'au début des années 1940, dans les villes de Salto (Uruguay ) et Concordia (Argentine). Le plan d'invasion nazie de l'Uruguay, a fait partie d'un vaste plan de la pénétration ou l'infiltration vers l'extérieur de l'Allemagne nazie. Une invasion lente, capturant les postes clés de l'Etat, comme cela s'était produit en Autriche, où la cinquième colonne à partir de 1933 jusqu'à l'invasion avait pris les postes de commandement dans le pays. D'abord en Uruguay, puis en Amérique du Sud, le plan serait bien sûr soutenu par le grand nombre de membres du NSDAP immigrés allemands dans la région. Selon Fuhrman, qui a rédigé un plan pour s'emparer Uruguay, les statistiques de résidents masculins allemands était de : Argentine 80 000, Uruguay 8 000 ; Paraguay 15 000, 12 000 en Bolivie, au Chili 20 000, au Brésil 100 000..." Pour l'Argentine, on le rappelle, on comptera jusqu'à 1/4 de million de sympathisants... avant et pendant la guerre ! Bref ; il n'y avait pas que Bariloche comme fan-club hitlérien : en Uruguay aussi, les discours enflammés du Fürher étaient applaudis à tout rompre par une communauté d'expatriés qui rêvaient de prendre le pouvoir sur place. Une tentation qui laissera des traces dans les années qui allaient suivre...
Etudions donc attentivement cet Uruguay qui attend à bras ouverts que le système nazi s'impose chez lui : "La cinquième colonne nazie en Uruguay, est organisé en "Stützpunkt", des points d'appuis, qui étaient tous organisés de manière similaire autour d'un chef local de Stützpunkt (ou base), à savoir le chef de la propagande en charge du cinéma, de la radio, de la culture et de la presse, ou d'un bureau directeur de l'enseignement, d'un chef de cellule, d'un chef de l'organisation des femmes, et un chef de la charité. Tous les chefs locaux relevaient directement du "Gauleiter", Dalldorf M. Julius, qui servait en tant que secrétaire de presse de l'ambassade allemande en Uruguay (...) les Stützpunkt ont été au départ cartographiés selon le district scolaire". Bref, en Uruguay, davantage encore qu'en Argentine, le pays avait été...quadrillé par des responsables nazis ! A partir de là, on se doute que l'accueil des expatriés allemands n'aurait été qu'une simple formalité ! Des expatriés, dont des scientifiques, munis parfois de leur matériel ou des éléments de leur recherche. Tel Aribert Heim ; qui finira en Egypte. Aujourd'hui encore, les souvenirs mettent mal à l'aise. Le reste effraie, plutôt.
Et voila qu'y déboulerait donc "naturellement" notre fameuse "cloche", vestige sauvegardée à la dernière minute de recherches inabouties en Allemagne (ou plutôt en Pologne, comme on va le voir) : "l'explication non conventionnelle pour le sort du second prototype de Junkers Ju-390 est celle d'un vol présumé vers un aérodrome à Schweidnitz en Pologne pour évacuer une centrifugeuse en forme de cloche utilisée par les nazis pour la recherche sur les champs de haute énergie. Cet appareil à fait l'objet de différentes interprétations plus au moins fantastiques. Elles ne suffisent cependant pas à le décrire pour ce que c'était". L'auteur de l'article décrit l'engin emporté comme étant "une centrifugeuse à mercure" qui transformait ce dernier devenu "fluorescent" en plasma. Ce plasma entrait selon lui ensuite "en interaction avec une variété de composés placé dans un récipient réfractaire au cœur de la centrifugeuse, afin de créer une certaine tension très élevée et un rayonnement". Son véritable but continuant de susciter de vifs débats. Car le projet de cloche était connu sous le nom de code "Cronos" par les nazis, associé au projet plus vaste "Thor", celui incluant la recherche sur la bombe atomique, il va sans dire que le nom choisi avait aussitôt été interprété comme étant une tout autre machine par les amateurs de sensationnel ! Beaucoup se sont engouffrés en effet avec la description de cet engin dans les délires sur l'anti-gravité et d'autres élucubrations soucoupistes dont raffole le Net. A-t-elle au moins existé, cette fameuse "cloche" ?
Pas sûr, on manque trop d'éléments pour l'assurer pleinement. Car c'est bien là que le bât blesse : sans les efforts d'un journaliste polonais, Igor Witkowski, à qui un officier des services secrets du pays aurait fait des confidences, selon lui, en 1997 (ce qui semble fort tardif !) on n'en aurait rien su, de cette fameuse "cloche". L'homme aurait même retrouvé le lieu où elle aurait fonctionné... et avait même posé fièrement en bas de ces vestiges.
Pour tenter de savoir ce à quoi elle pouvait bien correspondre, il faut remonter un peu plus haut dans l'organigramme de la recherche allemande. Le scientifique en charge du projet Thor, était le Professeur Walther Gerlach, un scientifique de renommée mondiale. En 1922, il était devenu célèbre avec Otto Stern, pour leur découverte commune de la déviation des atomes dans un champ magnétique, connue sous le nom d'effet Stern-Gerlach qui fut aussi à la base de la physique quantique. Lorsque Stern avait dû fuir la persécution des juifs, Gerlach avait continué ses recherches à l'Institut Goeth de Francfort sur Main où en 1933, il avait notamment expérimenté la fluroescence du mercure sous l'influence des champs magnétiques : ce que certains avaient vu se passer à l'intérieur de la fameuse et mystérieuse "cloche". Gerlach avait également travaillé sur la transmutation atomique des éléments, ce qu'apportait la toute récente recherche sur l'atome, et ce qui en a fait aussi dériver certains sur les vieux fantasmes alchimistes, à l'époque, comme aujourd'hui encore. C'était aussi ce qu'on appelait alors la "photo-chimie" ou "chimie des photons", où tentait de s'illustrer en 1936 de manière plus prosaïque le Dr Ronald Richter, qui développait ses recherches personnelles sur des arc au plasma pour des fours pour une usine chimique située à Eger en Tchécoslovaquie. Richter le faisait comme un industriel, ou comme un plombier ont dit certains, et non en théoricien, sans se référer donc à une quelconque théorie, fut-ce t-elle en prime quantique. En fait, il était plus proche de la chaudronnerie que de la conceptualisation, et c'est bien ce qui avait trompé Péron !
En fait, cette "cloche" dont il ne resterait donc aujourd'hui comme vestige visible qu'un coffrage de béton en forme d'arches disposées en cercle évoque de loin les recherches nucléaires sur la fusion (et non la fission) menées par les nazis. Un peu de mise en scène avec force projecteurs bleus, et c'était parfait. Voilà ce qui reste d'un bâtiment... mystérieux ! La taille de ces prétendus vestiges correspondrait assez, de prime abord, aux bâtiments qui seront construit plus tard... en Argentine, par quelqu'un que vous connaissez désormais, qui semblait avoir été associé de loin aux recherches fondamentales de Gerlach et tentait de les reproduire, plutôt maladroitement. Richter bien sûr, qui n'aurait pas eu les capacités intellectuelles d'un Gerlach, pour sûr. L'engin expérimental de Gerlach dans ses recherches sur la fusion nucléaire consistait justement en deux cylindres contra-rotatifs contenant du mercure et une sorte de "gelée", le tout refroidi par un système cryogénique sophistiqué, ce qui semble correspondre assez à la fameuse "cloche" décrite (et indirectement aux travaux découverts au milieu de l'île par notre fan d'U-Boot !). Mais, en fait, cette piste n'est pas la bonne : les fameux supports de béton disposés en cercle qui auraient abrité l'engin servaient à tout autre chose !
Mais laissons notre journaliste en mal de scoop continuer à essayer de nous convaincre. L'engin construit était situé, selon lui, près de la mine Wenceslas, dans un village appelé Ludwidsdorf par les allemands. La mine était proche aussi d'une deuxième dans l'Erzbirge, où l'on avait découvert des quantités importantes de thorium, nécessaire dans le process selon notre "historien" du moment. De larges quantités de thorium provenant de France auraient été amenées en urgence juste après le débarquement allié, selon lui, ce qui est difficile à vérifier à vrai dire (je n'ai rien trouvé à ce propos). Or, à côté de l'endroit choisi, il y avait une station hydroélectrique dotée de deux tours de refroidissement. Et ce sont ces tours, qui justement, mettent par terre les suppositions d'Igor Witkowski, résolu à nous convaincre à tout prix que ces vestiges auraient pu être les pourtours du bâtiment entourant la "cloche". Pour d'autres, plus allumés encore, ces poutres de béton formant un cercle à pans coupés auraient pu être aussi le pourtour... d'un atelier à soucoupes volantes (!). Ou le lieu de résidence d'une ecloche spatio-temporellee, leur disposition "rappelant celle des pierres de Stonehenge" selon nos illuminés (un moyen habile d'en faire un truc hors du temps !).
Car à propos de ces bâtiments, justement, inutile d'aller plus loin dans les suppositions. Ces piliers ont servi à tout autre chose, en réalité, comme l'ont heureusement constaté des internautes un peu moins crédules que ceux prêts à gober les histoires à dormir debout de Witkowski : c'étaient tout bêtement ceux d'une tour de refroidissement de centrale électrique à charbon, comme on en construisait déjà l'époque, l'évidence photographique étant là pour nous le prouver (comme vous pouvez le constater sur l'exemple flagrant surmontant ce chapitre) ! Pas loin de la centrale électrique se trouvait aussi une entreprise Nobel Dynamit AG qui fabriquait des munitions : le lien vers de futures armes était évident : le site, qu'il ait été celui de la "cloche", ou pas, avait donc en tout cas été particulièrement bien choisi. L'ensemble, sur lequel était fondé de grands espoirs, selon notre raconteur de légendes était appelé en code par les nazis le complexe "vache à lait" ("Milkcow"). Il devait fournir quelque chose, ou plutôt alimenter les allemands... en énergie nucléaire. Le principe de la fusion, celle du réacteur qui fournit davantage d'énergie qu'il n'en consomme ! Or, à tout casser, c'était du courant électrique d'un complexe industriel bien classique, à tours réfrigérantes, qui en sortait. Ici les tours de 1935 de Weisweiler, par exemple. Une autre, ici.
Parmi les ingénieurs ayant participé au projet, on retrouve un autre individu qui n'est pas un total inconnu : "Kurt Debus est mieux connu pour son rôle dans la gestion des V-2 lancés par les SS et par la suite pour son travail à la NASA sur le programme lunaire d'Apollo. Il avait aussi une expertise certaine dans la mesure des décharges de haute tension. Sa biographie officielle de la NASA l'indique : "Né à Francfort, en Allemagne, en 1908, le Dr Debus a suivi toutes ses études dans ce pays. Il est allé à l'université de Darmstadt où il a obtenu ses diplômes avancés en génie mécanique et électrique. Il a servi comme assistant diplômé de la faculté de génie électrique et de haute tension, tout en étudiant pour son diplôme de maîtrise. En 1939 il obtient son doctorat en génie avec une thèse sur les surtensions et a été ensuite nommé professeur assistant à l'université. Durant cette période, il s'est activement engagé dans le programme de recherche sur les fusées à Peenemunde".
Il n'empêche que les diverses bribes de descriptions collectées en Pologne et en Allemagne de la "cloche" correspondent bien aux recherches de Gerlach : la centrifugeuse aurait été faite d'un produit comme la céramique, d'un mètre d'épaisseur, du genre de celui des insulateurs courants à haut voltage, de 2,7m de diamètre et de 3,6 à 4,2 m de haut. "Elle aurait consommé des quantités prodigieuses d'électricité et s'illuminait d'une couleur bleue-violet quand elle fonctionnait à plein régime", selon ce qu'on a pu en savoir. Rien à voir, en tout cas, avec une pseudo- théorie de transmutation alchimique ou d'hyper-espace, voire d'antigravité. Lorsque le pouvoir nazi s'est intéressé aux piles au lithium en développement pour les U-boats, Richter avait découvert de son côté et par hasard qu'il pouvait produire un intense rayonnement par l'injection de deutérium dans un plasma au lithium. Avec la chimie atomique, un plasma dense fabriqué par des électro-aimants puissants provoquait des interférences notables avec le mercure. Les ions du mercure excités forçaient le béryllium à émettre des neutrons lents capturés par le thorium 232, les changeants alors en uranium 233. Ces expériences avaient été décrites par Schumann, qui avait déposé à cet effet un brevet, selon lequel effectivement le thorium 232 bombardé par des protons de moins de 14MeV d'énrgie, donnaient de l'uranium 233, évitant ainsi le risque des radiations émanant de l'uranium 232. Une variante de cette méthode en utilisant l'uranium 238 pouvait donc également servir pour des armes atomiques, sans la nécessité de construire pour cela un réacteur nucléaire véritable : cela représentait pour les nazis une deuxième voie possible pour fabriquer des bombes de ce genre. Pour ce qui est de la fameuse "gelée" décrite, les scientifiques allemands avaient découvert qu'un excellent modérateur consistait en la paraffine dont la consistance correspond parfaitement a cette description. C'est très certainement cette paraffine qui avait été vue à l'intérieur de l'objet, devenu "cloche" par la grâce d'un seul journaliste en mal de lecteurs !
En prime, l'autre chercheur impliqué dans le projet est suisse, D. Dallenbach qui avait été contacté par AEG et avait son propre laboratoire à Bisengen au nord de Zurich. Selon l'auteur du site, qui n'est en rien partisan des théories fumeuses sur les expériences nazies, Dalenbach était un fervent admirateur du nazisme, mais avait soigneusement évité de se compromettre avec eux. D'autres y auraient travaillé comme l'ingénieur Cremer, un spécialiste des transformateurs à l'Oberschönweide et au AEG Research Institute, qui travaillait lui sur l'Hochspannungsprojekt (High Voltages Project) sous contrat de la Heereswaffenamt (HWA). Un projet qui portera à partir de 1944 le nom de code de Charite Anlage. Cremer fut dénoncé, paraît-il à la Gestapo par Gerlach, mais fut défendu par le Dr. Carl Ramsaur, arguant de son aide apportée au Prof Dr E. Schumann. Selon Ramsaur aussi, le projet de "cloche" était bien lié à l'atome et non à autre chose : pas de théorie de soucoupe ou de machine du temps la-dedans. Parmi ceux qui auraient travaillé sur le projet de "cloche", il y avait le Dr Herbert Jensen (spécialiste en nucléaire), le Dr Edward Tholen et le Dr Elizabeth Adler de Prague, installée à Breslau. Or la "cloche" était située pas loin de Breslau. Selon l'auteur toujours, l'un des scientifiques allemand ne participant pas aux recherches, le Dr Ing Ernst Nagelstein avait contacté l' OSS en suisse le 2 novembre 1944 en expliquant que la firme Auer était en train d'extraire le thorium de son minerai et s'en inquiétait, car selon lui, en Allemagne aucun endroit connu en demandait des quantités aussi importantes. Bref, cette fameuse "cloche", présentée partout dans les sites soucoupistes comme étant un "engin antigravitationnel" ou pire encore une machine à "franchir l'espace-temps" était semble-t-il plutôt une sorte de cuve expérimentale à fusion nucléaire, une possibilité de plus pour obtenir des produits nucléaires dégradés, en liaison avec les programmes de fusée "d'armes de représailles". Les nazis, plus avancés qu'on ne le pense généralement sur l'atome, avaient envisagé en effet dans leurs projets de munir le corps de leur V2 ou de leur V1 d'une partie pouvant contenir des produits radio-actifs. L'idée en quelque sorte de la fameuse "bombe sale", à savoir une arme atomique tuant par radiations et non par explosion. En cela, la "cloche", au lieu de servir de tokamak, aurait servi de four à fabriquer des produits irradiés : une arme de destruction massive d'avant l'heure, en quelque sorte.
L'engin a-t-il au moins existé ? Pas grand chose à se mettre sous la dent, à ce sujet, et le coup du cercle de béton est bien une découverte bidon et une invention de journaliste en mal de sccop : en revanche, que les nazis aient pensé à fabriquer des bombes à radiation est beaucoup plus crédible, reste à savoir avec quel engin ils auraient pu le faire. Quand à notre Junkers, oui, il aurait très bien pu la transporter, qui sait. Mais la destruction de son transporteur semble un beau racontar : étant donné la taille de la bête, on le voit mal, même en morceaux, finir dépecé au fond d'un fleuve ! Et quand à savoir où elle aurait pu atterrir, il semble que tout le projet de Richter, justement, à Bariloche, ait été imaginé autour d'un engin fort similaire, à tout bien peser. L'avion n'ayant alors fait qu'une escale en Uruguay. La fusion promise à Peron aurait-elle eu comme cœur la fameuse "cloche", apportée par avion ? Richter aurait-il tenté de terminer des travaux qui le dépassaient ? Voilà une autre piste intéressante en effet, car on imagine mal tout pouvoir recréer en aussi peu de temps sur place ! C'est une hypothèse, mais elle est fort douteuse à vrai dire. Une hypothése confortée cependant d'une certaine manière avec le projet d'avion commercial argentin ressemblant comme deux gouttes d'eau au Junkers 390, et dont je vous parlais ici hier encore.
Je le répète donc, une fois encore : ce n'est simplement qu'une hypothèse de plus. En l'état actuel des choses, on ne possède pas assez d'éléments pour en conclure de la sorte. En tout cas, ça n'oriente surtout pas pour autant le discours vers les fumisteries du type "antigravitation". Cette même "nazi bell" est parfois aussi rangée au registre "soucoupe". Là encore, on retombe sur ce qu'on disait au début : la démence nazie est allée jusqu'à subventionner les projets les plus fous, et ce dernier, s'il a existé, est bien à ranger dans le genre. Il n'y a jamais eu de "soucoupe" nazie, terme apparu tardivement dans les années 90, à partir d'élucubrations copiées sur les thèses fumeuses de George Adamski, "enlevé par les extra-terrestres", un autre fêlé notoire. Pas plus que d'extraterrestres à Roswell, il n'y a eu de soucoupe volante allemande.
Mais des recherches disparates sur l'atome, si, et ces bribes d'infos sur l'existence de cet appareil ne seraient qu'un avatar de plus de recherches bien trop éparses pour aboutir : les américains s'étaient focalisés sur un seul projet et une seule méthode pour y parvenir, en y associant des milliers de personnes. Qui avaient tous su garder le secret, c'est aussi cela la chose la plus étonnante ! Les nazis, eux, avaient plutôt éparpillé leurs recherches, la direction du pays, incompétente techniquement, laissant les scientifiques mener leur barque au seul mot d'ordre de découvrir de nouvelles armes dévastatrices dans les plus brefs délais, Quitte à tenter les expériences les plus... farfelues. Selon ceux qui ont le mieux décrit le phénomène (*) "Appelée prosaïquement la "cloche nazie", c'était en fait un accélérateur de particules lourdes utilisées comme une source artificielle de neutrons pour produire du protactinium 232 à partir du thorium 233.
Le Protactinium se serait dégradé naturellement après 27 jours pour devenir de l'uranium 233 capable d'être utilisé dans des bombes. Heisenberg avait préconisé cette méthode lors de la conférence tenue devant Harneck Haus en Juillet 1942 et avait travaillé en étroite collaboration avec l'ingénieur suisse Dr Walter Dallenbach à un endroit secret connu sous le nom de "Forschungsstelle D », pour développer la "cloche nazie". Le procédé était excessivement dangereux, en raison des rayonnements intenses induits : "du fait de son rayonnement alpha intense, le protactinium 231 est très radiotoxique par ingestion (0,71 μSv/Bq pour un adulte) et par inhalation (jusqu’à 140 μSv/Bq pour un adulte), soit des valeurs supérieures à celles du plutonium 238" précise Wikipédia. Les deux vecteurs de propagation prévus des charges à rayonnement étant le V-1, allongé, et le V-2, avec un compartiment spécial au milieu de l'engin.
En ce sens, les expérimentations aventureuses de Gerlach, n'auraient été qu'un avatar de plus de fin de guerre, et non ce que certains tentent de nous faire croire depuis une dizaine d'années déjà à grands coups de déclarations sensationnelles.
Celles de Witkowski, mais aussi celles du plus que controversé Joseph Patrick Farrell, le premier à avoir parlé de la fameuse "cloche", une sorte de Charroux du Sud Dakota (voir ici sa théorie à se tordre de rire sur les Pyramides, pour lui les ADM du moment, à en rendre jaloux notre amuseur favori ici, Christian Navis **) ; reprises récemment par Nick Cook, autre grand manipulateur de médias, qui utilise son ancienne notoriété de journaliste chez Jane's pour aujourd'hui se faire un beurre incroyable avec des fadaises indignes de l'endroit où il travaillait auparavant.
(*) La référence sur la question est en effet le site de Simon Gunson auquel nous avons emprunté de nombreuses références :
https://sites.google.com/site/nazibelluncovered/home
un article Wikipédia fourni, "Die Glocke", existe également sur le sujet :
http://en.wikipedia.org/wiki/Die_Glocke
Un grand moment de ridicule :un présentateur, Bill Rayn,expliquant qu'il a a été frappé par le bâtiment qu'avait découvert Witkowski... en faisant la visite dans la neige. "Une représentation iconique de tout ce qui n'a pas été compris concernant la technologie nazie, une tehnologie avancée"... à se rouler par terre, dans la neige, de rire. Un grand moment de connerie manifeste.
(**) lire à ce sujet ceci :
c'était bien un hoax, pris au pied de la lettre par notre vaillant explorateur.
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