Bien vu , mais si l’hôtelier doit 50 euros au banquier alors il devra en rembourser 55, à cause des 10% d’intérêts qu’on ne manquera pas de lui réclamer.
Et ses intérêts, le banquier en a un besoin vital. Cet insatiable goinfre a titrisé la dette de l’hôtelier et l’a vendu sous forme d’actions au boucher en lui promettant qu’elles en vaudraient bientôt beaucoup plus - parce que le boulanger est lui aussi intéressé, ce qui fera monter les cours, et surtout parce que l’hôtelier est un bon payeur (triple A) -.
Le problème c’est que pour s’offrir leur portefeuille d’actions, le boulanger et le boucher doivent eux-aussi souscrire un prêt auprès du banquier et, surtout, augmenter le prix de la baguette et du steak pour le rembourser. Hélas, le client de d’hôtel qui, lui, n’a que 50 euros dans son porte-monnaie parce qu’il n’a a pas été augmenté depuis dix ans, ne possède pas assez d’argent pour en même temps s’acheter une baguette, un steak et s’offrir une chambre au Sofitel. Trop cher !
Il rentre donc chez lui regarder « Stade 2 » à la télé et le pauvre hôtelier ne touche pas les 50 euros sur lesquels ils comptaient absolument pour verser ses premières traites au banquier. Celui-ci prend peur, vend en catastrophe ses titres de dettes, ce qui fait chuter la valeur des actions du boulanger et du boucher, qui vendent à leur tour. Mais il n’y a pas de clients, personne ne veut s’embarrasser avec des actifs pourris, c’est le krach, et tout ce joli monde endettés jusqu’aux dents est au bord de la banqueroute.
Sauf que... sauf que le banquier connaît très bien le gendarme. Ils sont allés ensemble au grand restaurant à Paris un soir de mai 2007. Et là, magie, le banquier convainc le gendarme d’aller chez le client de l’hôtel pour lui saisir sa télé, ses pantoufles et ses 50 euros.
Voilà, il n’y a pas de morale mais c’est comme ça que ça marche.