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Commentaire de easy

sur Réponse à l'article : « Dois-je culpabiliser de ma vie au RSA ? »


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easy easy 11 août 2011 14:04

Je vais parler précisément de l’éthique du travail.

Au XVIIIème siècle, l’aristocratie, qui ne travaillait surtout pas, était une caste absolument différenciée de la plèbe.
A ce point différenciée que tout plébéien travaillait en croyant à la vertu du travail tout en sachant très bien que les aristocrates n’envisageaient pas de travailler.
Et le plébéien conservait ou cultivait son éthique selon les recommandations bibliques où Jésus précise bien que celui qui n’a pas d’ambition est mauvais homme. Oui, Jésus rejetait par exemple les Diogène ou ceux qui se contentaient d’amour et d’eau fraîche ;

Ainsi, grâce à l’insurmontable séparation de caste, se côtoyaient, sans trop de dispute, deux mondes, celui qui n’envisageait pas de travailler et celui qui n’envisageait que de travailler. 

Ca n’a commencé à tourner vinaigre que lorsque la plèbe s’est retrouvée affamée. Sans cela ça aurait pu durer des siècles encore.

Il est même possible de considérer que l’indignation de Louis XIV devant l’opulence de Fouquet avait lancé un signal selon lequel il pouvait être blâmable d’être trop riche.



Puis il y a eu la Révolution (après les indications de l’Amérique et de l’Angleterre) qui a eu tendance soit à exterminer l’aristocratie, soit à la priver de ses privilèges. Sans l’obliger directement à travailler, on l’a placé devant l’obligation de travailler. Au moins de jouer du capital qu’elle avait pu sauver (par exemple en vendant progressivement ses terres et immeubles quand il lui en restait) 

Et c’est dans ce contexte partiellement décloisonné que Marx et Nietzsche, puis Chaplin, ont avancé l’idée que le travail (pour le compte d’autrui ou disons dans une entreprise appartenant à un particulier n’y travaillant pas trop) était une marque de connerie. 
Diogène de Sinope n’avait jamais abordé les choses sous cet angle de la servitude du travail.
 Et la Boétie ne l’avait abordée que dans une optique plus large en montrant qu’il existe une relation ambigüe entre le maître et l’esclave. 

Ce ne sont donc que les Marx, Nietzsche et Chaplin qui ont vraiment dénoncé la travaillitude de l’employé du patron non plus artisan mais disons capitaliste.

La dénonciation du travail par ce trio n’a pas immédiatement fait florès. Les salariés ont seulement exigé plus de couvertures et de garanties. Ils n’ont pas réclamé une révolution anti capitaliste.


Ainsi, pendant la première et la seconde guerre Mondiale, on pouvait encore observer un leitmotiv d’Etat allant à dire « Bravo et merci à nos mineurs, à nos agriculteurs et à nos soldats »
On faisait alors tout un plat de l’honneur des hommes (mâles) et ce n’est qu’une fois les mâles morts qu’on a entrouvert la porte de l’honneur aux femmes qui les ont remplacés un peu partout (sauf sur les champs de batailles)

Mais déjà au cours des Trente glorieuses, la tendance des ouvriers allait à réclamer que leurs enfants fassent des études supérieures (en sachant que l’instruction prodigieuse des enfants provoquait des conflits d’autorité dans les foyers)

Dès que cette première génération née pendant les Trente glorieuse est devenue diplômée (quasi aristocrate sur le plan culturel ou des connaissances universitaires) elle n’a plus considéré le travail à suer comme valable ou normal. Travailler en col blanc à la rigueur. mais en bleu de chauffe, pas question.

Ce virage étant pris, plus rien ne venant soutenir la cause du travail à suer, on se retrouve, 100 ans après le trio qui avait dénoncé le dur labeur, à considérer comme anti éthique ou en tous cas stupide de travailler.

Et rien n’inversera plus cette tendance, surtout pas le clavier.
Les images d’homme (mâle) moderne allant à nous le présenter idéalement certes actif mais surtout, surtout pas suant.
Actif certes mais plutôt trader que soutier.


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