J’ai toujours été outré par cette histoire de scolarisation à domicile. Certes, je ne mets aucunement en doute la bonne volonté des parents qui le font.
L’utilité de l’école n’est pas seulement l’enseignement des diverses matières - là il est clair que de nombreux parents seraient capables de les enseigner, au moins en primaire, mais surtout l’apprentissage de la vie en société.
Je connais un certain nombre de familles qui ont fait ce choix, par mon milieu professionnel. Les enfants ont probablement autant de connaissances pures que les autres, mais leur déficit est flagrant en ce qui concerne la socialisation.
Ces enfants doivent bien à un moment ou un autre (en général en sixième, je ne sais pas si c’est une obligation ou simplement une convergence) rejoindre le circuit « normal » scolaire. Et c’est là que les ennuis commencent. Rejet presque systématique de la part des autres. Rejet des autres de la part de l’enfant, qui n’a pas l’habitude d’accepter que les autres se comportent de manière différente de celle qu’il connaît dans son entourage. Peur de tout un tas de choses. Gêne du regard des autres.
Dans les meilleurs des cas les problèmes s’estompent en 2 ou 3 ans et c’est un handicap difficile que l’enfant surmonte. Pour les enfants moins chanceux ou moins socialement « doués », il reste des séquelles à vie qui leur posent souvent des gros problèmes lorsqu’ils doivent s’intégrer à une entreprise.
Dans pratiquement tous les cas que je connais, c’est un choix qui a été fait par peur des parents. Peur que l’enfant ne soit pas « bien » à l’école. Peur qu’il fréquente des enfants d’un autre milieu familial. Peur que l’enseignant soit ceci ou cela. En tant que parent, je comprends tout à fait qu’on soit rongé par les peurs qu’il arrive quoi que ce soit à ces enfants. C’est une façon de les garder « bébé », sous contrôle total. Mais ce sont les enfants qui en payent le prix.
C’est donc une très bonne idée de passer une loi dans ce sens, qui permettra à la fois d’éviter que les enfants ne soient victimes des peurs de leurs parents, et de déculpabiliser les familles, finalement assez nombreuses, qui ont les mêmes craintes mais pas les moyens de le faire.