Parler de malades qui « souffrent atrocement » est en soi un aveu d’incompétence. La médecine nous permet TOUJOURS, sans exception aucune, de calmer les souffrances de ceux qui sont en en fin de vie, avec des médicaments qui soulagent, parfois abrègent la survie, mais sans tuer brutalement.
Or cette survie, pourvue qu’elle soit confortable pour le patient et son entourage, est un cadeau pour la société qui apprend la solidarité et la reliance et pour la science qui apprend à soigner. Si nous avions euthanasié les tuberculeux et les cancéreux il y a 50 ans, nous ne serions pas en mesure aujourd’hui de guérir de presque 100% des premiers et de 80% des secondes.
La médecine ne permet pas hélas de soulager la souffrance des soignants et celui de l’entourage des patients face à un défaut d’effectifs. Alors le risque de vouloir se débarrasser de patients qui encombrent un service confronté à un manque de place serait grand pour un médecin urgentiste.
Avant de juger, attendons les résultats de l’enquête, mais dors et déjà dans ce cas on parle de Norcuron : un médicament qui curarise les patients en les faisant mourir par étouffement en paralysant les muscles respiratoires, tout en les laissant en état de conscience. On ne peut donc parler « d’euthanasie » qui veut dire une mort agréable.
On ne reproche pas a ce « très bon médecin par ailleurs » d’avoir fait de l’euthanasie, mais de l’avoir fait de façon active et occulte, sans aucune concertation avec d’autres médecins et avec les familles telles que l’excellente loi Leonetti le prévoit, avec l’outrecuidance d’une confiance absolue en son propre jugement.
Si un médecin de famille ou un spécialiste qui suit un patient depuis des années peut être en mesure d’évaluer les souhaits du patient et de ses proches, il en est certainement pas ainsi pour un médecin urgentiste qui souvent rencontre le patient pour la première fois et qui n’a d’autre source d’information que des lettres d’introduction ou un épais dossier dont il est difficile d’extraire les informations utiles à une telle décision .
Si en fin de vie nous serions heureux qu’une concertation pluridisciplinaire qui inclut nos familles décide de notre sort, aucun d’entre nous ne souhaiterait qu’un médecin qui se croit omniscient et tout puissant, décide de lui-même quand et comment il mettrait fin à nos vies par souci d’économie de santé ou selon les besoins du service.