Votre article sous forme de témoignage m’est sympathique.
Votre point de vue sur la statistique beaucoup moins, sachant mieux. Je comprends peut-être ce que vous entendez, mais je pense que vous vous trompez de cible : ce sont les « conclusions » des études statistiques utilisées dans les discours politiciens qui sont à remettre en question, non pas les statistiques elles-mêmes.
Car, en prenant le temps il est vrai, les statistiques nous permettent de remettre en question ces mêmes conclusions. Quelques points, tirés à partir des données publiques de l’INSEE :
- Si il y a hausse du chômage, c’est par une augmentation du nombre d’actif proportionnellement à la population totale et non par une baisse d’emploi. Depuis 1975, le rapport « actifs en activité », c’est à dire actifs moins chômeurs, sur l’ensemble de la population, varie entre 40 et 42%. Question de sociologue : pourquoi une plus grande part de la population cherche à être « active » ?
- La part des dividendes dans le PIB à augmenté de plus de 13% entre 1980 et ces dernières années.
- La part des rémunérations (rémunération des salaires + revenus mixtes), cotisations salariales et patronales comprises, a baissé de 8 à 12% (selon le mode de calcul) sur la même période. Ceci explique, au moins en partie, l’augmentation en proportion du nombre d’actif (il faut lire ici chômeur) : baisse de salaire donc plus de monde essaie d’en récupérer, en vain.
- En coupant la poire en deux, 10% du PIB c’est proche de 200 milliards d’Euros. En comptant 45% de cotisation, ça fait près de 90 milliards d’Euros en moins à redistribuer pour la santé et les retraites et le reste pour notre quotidien (salaire direct).
- 90 milliards à comparer au déficit des caisses de cotisation, 5 milliards en temps « normal », 10 à 15 milliards ces dernières années, ça nous laisse largement de quoi manœuvrer : de meilleurs soins, des retraites décentes et pour plus de monde (vous avez pensé retraite à partir de 55 ans ?).
Cette suite de points est un exemple de ce que la statistique nous permet de remarquer. Ca fait parti des outils que nous avons pour résister aux mensonges et aller au delà de notre expérience individuelle sans rien retirer à celle-ci. Ca ne suffit pas pour répondre aux « pourquoi ? » et autres « comment ? » mais c’est utile. Sur cet exemple, il faut regarder également l’histoire des différentes « réformes » qui ont permis à une poignée de se gaver et aux autres de ramer.
Pour prendre un bol d’air frais et peut-être se réconcilier avec les statistiques, regardez de près les travaux de Bernard Friot et notamment les conférences à propos de son livre « L’enjeu des retraites » (en voici
une parmi d’autre, ayant comme qualité principale d’être concise).