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Commentaire de easy

sur Ce que les chiffres de la désindustrialisation ne montrent pas


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easy easy 22 août 2011 15:52

Bien sûr, j’ai tout inventé.
Dupont Lajoie ça n’a jamais existé.




Tout ce dont je parle ici, et qui expose des faits de psychologie, de préférence, de mépris pour le travail manuel, se traduit de mille manières dans une société ainsi transformée.

Il y a eu, dès qu’on a inventé les CET où les élèves devaient porter une blouse bleue ou un bleu de travail, une guerre non pas des boutons mais des couleurs de blouses.

Blouse bleue, blouse grise, blouse blanche, pas de blouse.
Tout le débat social a pu être observé sur ces 4 points
Et c’est, inutile de vous le préciser, la blouse blanche + pas de blouse qui l’ont emporté.

La seule solution, pour atténuer le rejet des Français de la blouse bleue ou grise, du bleu bleu ou gris, était d’obliquer ver le Mac Giver
Ce bricolage là oui, les Français en voulaient bien car il s’agit d’un bricolage prométhéen. On n’obéit pas à un plan de charge journalier et répétitif, on crée d’initiative personnelle ; En Mac Giver, en Mission Impossible, on est un ouvrier génial (et bien récompensé).

Grâce à Mac Giver + Indiana Jones, on a réussi à attirer les derniers Français vers Castorama et Leroy Merlin où on leur a offert des outillages et matériels très funs, des vêtements avec des poches partout, des outils bourrés d’astuce et d’intelligence en couteau Suisse, tout ça sentant bon l’aventure. Et puis bricoler soi-même évite d’avoir des factures de plomberies ou de garagiste à payer.


Chaussures de sécurité, combinaison, visières de protection, gants, escabeau, visseuse, cutter, si ça a des allures d’aventurier, OK. Sinon personne n’en veut.


Mais bon, le relookage de l’industrie a ses limites et trimballer des radiateurs ou des parpaings, ceintrer des pots d’échappement, vernir des meubles, ça fera toujours plus transpirer que de taper sur un clavier ou passer un coup de fil à un client.



Il ne faut donc pas exposer notre désindustrialisation comme si c’était de la faute à un président, d’un complot, d’un principe Keynésien, d’un manque de ressources ou d’une concurrence sur les prix.
 
Il faut le dire : si l’on propose à un Français d’entrer dans l’industrie en bleu de travail et dans n’importe quel pays à l’industrie florissante, il refuse.

Et s’il faut influer de manière étatique, en bon keynésianisme, il faut le faire essentiellement sur les mentalités, sur le sens accordé aux mots ’travail’ et ’peine’.
Il faut cesser de la jouer « victime du travail » « victime de la peine » « victime de la souffrance au travail »




Etre fier de ses souffrances Vs s’en plaindre ?

Toute la désindustrialisation peut se comprendre dans notre préférence de plus en plus marquée pour la seconde option.





Ce que je dis, et vous ne l’avez pas remarqué, c’est que immigration ou non, le Français, beaucoup plus colonialiste que l’Allemand, prenait la direction de la blouse blanche + pas de blouse alors que l’Allemand avait un peu moins cette tentation.

Immigration ou pas nous prenions la direction de la désindustrialisation.

Ce n’est pas seulement parce que nous avons manqué de bras au sortir de la guerre que nous avons fait venir nos bougnoules (il faut ici leur donner le nom que nous leur donnions alors pour reconsttituer la vérité historique et donc piger notre histoire) c’est aussi parce qu’au fil des ans (ça ne s’est pas fait en un jour) nous en voulions plus ni de la blouse grise, ni de la blouse bleue.
 
Et ça a déchiré dans les familles ouvrières de Montreuil, de Bagnolet, ce la ceintiure rouge ; Oh oui ça a déchiré entre père et fiston. Père qui croyait encore, tout de même à la valeur sueur, qui était fier de ses cicatrices, fiston qui le traitait de vieux con exploité par un patronat bien plus rusé.
Sans ces déchirements entre père et fils blanc, c’est pas compliqué, le Parti communiste serait resté à 30 % . Or il rase le zéro.

Immigration ou pas, les Français ont trop associé l’ouvrier aux rouges et ne voulait plus du bleu.

C’est donc pour cette raison que même après le creux des hommes dû à la guerre, on a continué à faire venir des ouvriers étrangers. Et en ce moment, malgré les énormes tensions que ça provoque, on est encore absolument obligé d’en faire venir car nous, les Blancs, nous ne voulons pas tenir des pelles et des pioches, nous ne voulons même pas faire le ménage depuis que « la femme qui reste à la maison pour faire le ménage » vaut raillerie. 


Immigration ou pas, les français ne voulaient plus de l’usine et ce n’est pas Chaplin qui aura arrangé les choses (ses cibles : Police, patron, dictateur étant devenus nos repoussoirs)

Et comme il y a eu immigration ouvrière, comme les Français se sont retrouvés à devoir fréquenter les ouvriers tant à l’usine qu’au CET où ils représentaient les « Dévolus à l’industrie » nous avons fait des pieds et des mains pour nous éloigner d’eux. D’où les ratonnades. 

(Ca fonctionne comme pour les ratonnades contre les homos. On fait ça seulement pour affirmer qu’on n’en est pas) 

Qu’ici et là, il y ait eu, comme dans votre famille peut-être, des efforts pour ne pas céder à cette tendance industriellophobe + ouvriérophobe + immigrophobe, oui, bien entendu oui. Mais la tendance générale était et reste encore celle que je décris.

N’y allez pas de grands mots (de genre : nauséabond, immonde etc.) Ca ne fait que langue de bois. 
Si vous pensez que j’invente, démontrez-le. 





Qui a voulu cette immigration d’ouvriers bougnoules ? 
Concrètement et directement, les patrons + les autorités. Certes. 
Mais il faut tout de même admettre que s’ils avaient pu trouver des ouvriers français pour visser les boulons sur les moteurs des R6, ils se seraient passés des immigrés à qui il est si difficile d’expliquer le boulot et la qualité, la rigueur. 

Et si les Français ne voulaient plus visser des boulons c’était parce qu’ils considéraient que c’était mal payé ou parce que le genre, le style n’était pas glamour ?
Et bien parce que ce n’était pas glamour. 

Le salaire que le Français a obtenu en changeant de couleur de blouse est resté le même. 

Il est arrivé, vers 1990, que les commerciaux en costume de ville et avec voiture de fonction, disposant de machine à café, aient des salaires inférieurs à celui de certains conducteurs de machines dans les industries. 
Peu leur importait cet écart en leur défaveurs, les hommes préféraient un métier glamour où l’on ne touche pas de cambouis. 

Certes, il y a eu un passage où certains blouses blanches ou no-blouse étaient mieux payés (c’était surtout parce qu’ils étaient les premiers à savoir se servir de clavier) 

Mais au fur et à mesure que tous les hommes et femmes de 25 ans présentaient des CV bien garnis sur le secteur blouse blanche + sans blouse, les salaires ont dégringolé. 

Et il est archi clair qu’un carreleur gagne plus à l’heure qu’un bac + 5 qui bosse chez Mac Do

Désormais et bien que chacun sache très bien que les salaires sont identiques quelles que soient les couleurs de blouse, ce sont encore et toujours les filières à blouse blanche ou sans blouse qui sont courues.


Les espoirs ou chances qu’un individu fasse fortune dans un contexte pareil, n’est quasiment plus corellé à la couleur de blouse qu’il aura choisie.
Il y a autant de performeurs ayant suivi des études à blouse blanche ou no blouse que de performeurs qui viennent des autres « filières »


(La plus grande propritété de l’Ile l’Oléron appartient à un homme qui, sans être exactement blouse bleue, n’a pas son bac et a essentiellement vendu des crêmes glacées. Il se déplace en petit avion, petit hélico et il a deux chevaux)





Je reviens sur votre défense en « Je suis un blanc de base et mon pere et mon grand pere aussi et je ne suis pas raciste »

J’ai une notion de racisme plus large que la moyenne des gens ; 

Pour moi, le racisme ne tient pas à une simple et bête notion de « Les Noirs sont plus bêtes que les Blancs » 
Non, l’histoire ne commence pas là.
Elle commence entre Blancs.

Eliminons, fictivement, toutes les autres couleurs de peau. Et on verra donc un monde Blanc à l’intérieur duquel il y a quelque chose qui a les apparences du racisme mais appliqué à la caste, à la classe sociale. 

En Afrique noire, en Amérique du Nord avant Colomb, il n’y avait pas de concept d’aristocratie, de caste. Il y avait des chefs, des marabouts mais la plupart du temps, ils étaient choisis dans la masse du commun et ils n’étaient donc pas d’essence supérieure voire divine.
Autour de la Méditerranée mais en Chine, en Inde, au Japon aussi, il y a eu des concepts de caste acquis de naissance, comme ça, sans rien faire ni prouver.
A l’intérieur de ces peuples là, il y avait un mépris de ceux qui étaient mal nés ; 

A l’intérieur du peuple français de Louis XV, il y avait des gens qui souffraient (mais sans bien savoir où) de leur mauvaise condition de naissance.
La Révolution a mis le foutoir dans cet ordre des choses mais n’en a pas tué le concept. Au contraire. Il y a eu tout de suite des bourgeois (des gens autrefois très humbles) qui se sont arrangés pour maintenir un lignage nanti et constituer non plus à partir du fait du sang mais à partir du fait de la fortune transmise, une caste supérieure.

Là dedans, une part les bas de classe français a trouvé bien de rejoindre les esclaves (en manière de nordistes US) et c’est ce qui a fait le communisme français avec son volet très international (les ouvriers français, se sentant méprisés par les bourgeois français, sabotaient les munitions et armes que l’armée française utilisait en Indochine). Mais une autre part de cette basse classe, celle qui a pu s’en extraire d’une manière ou d’une autre, dès qu’elle aura pu intégrer la classe supérieure, se sera mise à dénigrer la basse classe d’où elle venait.
C’est dans ce mouvement pour essayer d’échapper au mépris de la haute bourgeoisie française, que la petite bourgeoisie française, puis de plus en plus d’Ex-communistes, se sont mis à dénigreer les bougnoules.
C’est pour cela qu’on dit que les électeurs du PC sont passés chez le FN


Il ne s’agit donc pas du tout de véritable racisme. Ce n’est qu’un principe de mépris inter castes, de la caste la plus nantie vers la caste la plus défavorisée.


Monsieur Bidochon affiche son mépris de Mouloud afin d’oublier un peu qu’il est hyper méprisé et écrasé par les très riches bourgeois aussi Blancs que lui.



























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