Bonjour Fouadraiden,
Ma pratique de terrain associée à celle d’autres collègues ayant travaillé sur d’autres quartiers m’amène effectivement à prétendre que les filles des quartiers en difficultés réussissent mieux d’un point de vue scolaire que les garçons. Il me semble d’ailleurs, mais cela est à vérifier à partir d’études sociologique que les filles, de manière générale, ont de meilleures réussites scolaires que les garçons. En ce qui concerne les quartiers en difficultés, je ne peux que faire des hypothèses. Les jeunes avec lesquels j’ai travaillé en tant qu’éducatrice de prévention spécialisée étaient très majoritairement issus de l’immigration. Il y avait donc un aspect culturel à prendre en compte ; les filles, de manière globale, ne recevaient pas la même éducation que les garçons. Elles étaient beaucoup moins libres de leurs mouvements et devaient, pour certaines, rentrer à la maison à partir d’une certaine heure, ce qui n’était pas nécessairement le cas de leurs frères. La surveillance des filles s’opérait autant par le père que par les frères, voir, par les copains des frères. Certains jeunes m’ont dit clairement qu’une fille dehors à partir d’un certaine heure peut très vite avoir mauvaise réputation. Or, c’est de l’honneuur du père et des frères dont il est question ici. Ainsi, le fait de ne pouvoir trainer dans la rue le soir, comme le font certains frères, peut être un « contexte favorable » pour faire ses devoirs et se coucher à une heure raisonnable pour aller en cours le lendemain. Il est également une autre hypothèse, les études peuvent représenter pour certaines filles, une sorte de salut qui permettra à terme de prendre sa liberté et d’échapper à l’emprise familiale ainsi qu’à un destin qui n’a parfois rien d’enviable (tel le mariage prévu au pays).
Au plaisir.
Isabelle BUOT-BOUTTIER