Plus exactement c’est la prétention à une description TOTALE des modèles mathématiques qui est absurde. Entre une description totale et la réalité physique étudiée, il ne devrait pas y avoir de différence (ou de vide). Cette idée s’est d’ailleurs parfois insinuée dans la cervelle de mathématiciens un peu dérangés, comme l’abbé Berkeley, qui ont fini parfois par croire leurs mises en perspective SUBJECTIVES de la réalité plus réelles que la matière ou le cosmos lui-même (le mot « objectif » est piégé).
Une telle dérive est notamment observable quand les caractéristiques de l’outil mathématique commencent à déteindre sur l’idée qu’on se fait de la réalité : infini, zéro, point, signes abstraits étrangers au domaine de l’expérience (Je cite exprès Berkeley, étant donné qu’on lui voue un culte aux Etats-Unis, sur des campus qui fournissent des modèles mathématiques et des nuages d’équation à ne plus savoir qu’en faire, sauf peut-être trouver des martingales au poker ou au black-jack.)
- D’ailleurs le processus d’excroissance et de développement des mathématiques, quasiment végétal, est le suivant : une fois un modèle mathématique paradoxal posé, dont le paradoxe vient de ce que le langage mathématique est paradoxal, un nouveau modèle mathématique est proposé pour tenter de résoudre le paradoxe du précédent, et ainsi de suite. La perte de contact avec la réalité est nette dès la fin du XIXe siècle, quand des mathématiciens admirés pour leur capacité à additionner des petits pois avec des carottes sans que personne ne s’en aperçoive, s’avouent incapables d’expliquer le sens de leurs théories. Je pense qu’un magicien professionnel peut assez bien comprendre le rôle de la prestidigitation dans les mathématiques modernes.
- Les théories oiseuses d’Einstein sur la relativité, relative, absolue, triplement infinie ou tout ce qu’on voudra, sont décrites par leurs fans comme des « théories statistiques » : est-ce qu’une seule crise ne suffit pas pour admettre définitivement les statistiques comme la forme du mensonge moderne ? (mensonge d’ordre moral et politique)