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Commentaire de easy

sur Faut-il nationaliser les banques ?


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easy easy 15 septembre 2011 09:04

Bonjour Titi,

Vous faites partie des très rares Français à piger que notre économie, (la nôtre en particulier) a besoin de bulles dans son sang financier.

Lorsqu’une des bulles enfle trop vite (elle enfle rarement seule, elle entraîne souvent d’autres bulles avec elle) notre croyance bullissime en elle n’a pas le temps de prendre racine, beaucoup sont sceptiques et elle peut se dégonfler brutalement. Larmes et cendres alors. Amertume alors. Et là on dénonce les bulles, on les péjore, on insulte tous ceux qui ont fait cette mousse.

Et pourtant, il nous en faut de la mousse désirable puisque nous ne produisons ni or ni diamants ni perles.


Parmi les choses que dans notre vie fortement consumériste nous parvenons à conserver, il y a deux ou trois bijoux de famille, un peu de billets de banque, une maison, un faux Matisse.
Ceux d’entre nous qui, en toute irresponsabilité (car à mes yeux, la lucidité n’est pas une affaire de connaissance mais une affaire de responsabilité) dénigrent les faiseurs de mousse, les ponziditateurs, qui hurlent qu’il faut les enfermer 135 ans en prison et même les pendre au bout d’une grue, ont leurs propres avoirs fondés sur une croyance, sur une mousse.

Dans le bruit, il existe un phénomène de masque. Le bruit le plus fort couvre le bruit le plus faible et ressort alors comme seul bruit.
Ce phénomène de masque existe dans toute notre psychologie. Toutes nos croyances, que les agnosistes ignorent avoir, fonctionnent selon un principe de masque où la croyance la plus forte domine nos autres sentiments (dont des croyances inverses, plus prudentes) et cela de manière alternative, tantôt une croyance domine, tantôt une autre.
Pendant que nous hurlons qu’il faut pendre les ponziditateurs qui ont raté leur mousse dorée, nous dénions que tous nos biens reposent sur du moussage. Nous dénions également, qu’à moins d’avoir fourni aux gens du charbon, de la farine et des oeufs, nous n’avons, le cul sur notre chaise à 5 branches roulettées, fourni que de la mousse.

Quel pays au monde contient autant de citoyens conseilleurs ?
Psys, pharmaciens, enseignants, coach, avocats, notaires, décorateurs, agent immobilier, banquiers, trader, négociant, marchand d’armes, designer, architecte, écrivain, politicien, éditorialiste, journaliste, plublicitaire, qui n’est pas conseiller ?

90% des actifs français ne produisent rien de plus que du conseil, donc très exactement de l’agent moussant ; « Prenez cette crème, ça vous rendra plus belle » Et voilà la crème devenue dorée.


Le bon conseil français, l’avis français a donc de plus en plus prévalu dans l’Hexagone, surtout depuis Louis XIII, Gutenberg, Ferry, et les Français l’ont également très bien vendu à l’étranger (c’est le fondamental du racisme où un Français écrivait « Non seulement il est laid et marche mal, mais en plus il respire mal, le nègre »)

Et notre problème, depuis la mondialisation et la décolonisation, c’est que notre agent moussant ne ressort plus aussi doré qu’autrefois, c’est qu’il y a d’autres agents moussants dans le monde qui prennent la main et c’est que nous n’avons vraiment plus rien d’autre à vendre.

Lorsque Pompidou avait -premier président à le faire- voyagé dans le Monde en Concorde, il produisait exactement de la bonne mousse française « Gagnez du temps, gagnez de l’argent, en prenant le Concorde. Croyez dans le génie français » (Bon, on taisait que cet avion était glouton de pétrole non hexagonal)

Lorsque Giscard récupèrait des diamants (il y en avait très peu et c’était broutille mais ça a fait grand bruit) il tuait notre moussage car il faisait apparaître que ce qui vient du sol vaut plus que ce qui vient de nos Lumières.
(L’impact de la place Vendôme, qui valorise trop les produits miniers, est bien plus négatif que celui du festival de Cannes où l’on ne vend que de la vision, que du charme)

Comme nous n’avons rien comme ressources minières, nous devrions, sous les yeux du monde, jeter à la mer tout ce que les autres produisent de dur qui vient de leur sol, en manière de crânerie. Faute de faire ce genre de geste, nous avouons que le dur vaut plus que le léger qui sort de notre cerveau.

A l’ONU, Villepin allait à montrer au monde que nos Lumières valent plus que le pétrole.

Là, BHL vient de prouver le contraire.

Le plus sûr moyen de faire s’effondrer toutes nos valeurs, Tour Eiffel comprise, Areva comprise, Avenue Foch comprise, Perrier compris, Champagne compris, c’est de nationaliser nos organes qui produisent des bulles.

La Russie possédait pourtant d’immenses trésors durs dans son sol. La Chine aussi. Mais malgré cet avantage indéniable, leurs nationalisations n’ont permis à leurs gens qu’une vie très misérable et finalement, ces Etats communistes ont été contraints de reconnaître qu’il fallait, si l’on voulait vivre luxueusement, fabriquer quelque mousse. 

Un peuple qui n’a rien de dur à vendre ne doit surtout pas virer communiste. A moins d’avoir envie de repasser par la case Astérix et d’y rester.
Monaco, Luxembourg, Hollande, France, ne doivent surtout rien faire qui évoque le communisme où il est interdit de fabriquer des bulles.



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