1000 fois bravo pour votre article. La défense de la langue doit une des priorités de la résistance. De nombreux mots pourraient être ajoutés. Une compilation la plus exhaustive possible sous forme de dictionnaire serait du plus grand intérêt.
Vous écrivez :
Dans le livre de Klemperer, le passage le
plus effrayant décrit la façon dont les Juifs eux-mêmes absorbent la
LTI : « [le docteur P.] faisait siens tous les propos antisémites des
nazis, spécialement ceux de Hitler […]. Il ne pouvait probablement plus
juger lui-même dans quelle mesure il se raillait du Führer, dans quelle
mesure il se raillait de lui-même et dans quelle mesure ce langage
d’humiliation volontaire était devenu sa seconde nature. Ainsi, il avait
l’habitude de ne jamais adresser la parole à un homme de son « groupe
de Juifs » sans faire précéder son nom de la mention « Juif ». « Juif
Löwenstein, aujourd’hui tu dois faire marcher la petite coupeuse » -
« Juif Mahn, voilà ton certificat de malade pour le Juif des dents » (ce
par quoi il désignait notre dentiste). Les membres du groupe
acceptèrent ce ton, d’abord en plaisantant, puis par habitude. Certains
d’entre eux avaient la permission de se servir du tramway, d’autres
devaient aller à pied. En conséquence de quoi, on distinguait les
« Juifs motorisés » [Fahjuden] des « Juifs à pied » [Laufjuden].
Le même phénomène se produit depuis quelques années avec le terme ’conspirationiste’ que je vois avec effroi de plus en plus utilisé pour eux-mêmes par certains esprits néanmoins plus libres que d’autres.