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Commentaire de Bovinus

sur Quel système bancaire et financier voulons-nous ?


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Bovinus Bovinus 10 octobre 2011 15:27

Encore une escroquerie.

L’article, bourré de sophismes, de détournements de sens et d’éléments de langage pseudo-techniques, si bien qu’on n’y comprend rien, est visiblement conçu dans le but de propager le doute. L’auteur ferait un excellent politicard ou un expert de plateau de TV tout à fait remarquable ; ne rien dire avec autant de mots sur autant de paragraphes est une performance qui mérite d’être applaudie.

Exemple :
2- le privilège de la création monétaire, qu’ont les banques, fait perdre à l’Etat, aux citoyens, le pouvoir de battre monnaie (référence à la loi Pompidou-Giscard de 1973). Il faudrait rendre ce pouvoir à la Banque Centrale et permettre à celle-ci de financer le Trésor Public en achetant la dette publique. Il faut préalablement expliquer ce que signifie « création de la monnaie » : une banque peut accorder un crédit du moment qu’elle possède un capital égal à environ 8% selon le risque (ratio core tier one, maintenant soumis aux règles de Bâle 2), sans posséder les 100%, qu’elle trouvera par refinancement auprès de la Banque Centrale ou auprès du marché. Comme par ailleurs des crédits sont remboursés, la création de monnaie est la différence entre les nouveaux crédits et le remboursement des anciens. Par ailleurs, cet argent créé est mis en regard de l’activité économique réelle, l’évolution du PIB. Si la masse d’argent crée est supérieur à la création de valeur économique, c’est que la monnaie est dépréciée, ce qui se traduit par de l’inflation (hausse des prix) ou une dévaluation de la monnaie.
Lorsque la Banque centrale achète de la dette publique de son Etat, elle crée directement de la monnaie, qui est de la monnaie de singe s’il n’y a pas une équivalence dans l’année avec une création de valeur (sauf si la Banque centrale « stérilise » cette monnaie en diminuant d’autant ses concours au système bancaire.
Que la BCE achète ces titres en stérilisant la monnaie, où que les banques achètent les titres revient au même en termes de création monétaire. La différence étant la prise de risque sur le titre d’Etat : in fine par le contribuable via la Banque centrale, ou par les actionnaires des banques via l’autre solution.

L’auteur nous explique grosso-modo que l’idée de vouloir reprendre le pouvoir de création monétaire aux banquiers pour le rendre à l’État n’apportera rien : en fait, cela reviendrait au même. Par conséquent autant laisser les choses en l’état.

On n’est même plus dans le sophisme, on est dans l’absurde total. Commençant par établir une savante confusion entre intérêts privés et service public, en commençant par nous parler de la loi de 1973, pour ensuite glisser vers les accords de Bâle 2 puis embrayer sur le principe de l’argent-dette, l’auteur nous explique en même temps le mécanisme de l’inflation et finit par nous dire que la prise de risque doit être rémunérée. Si bien que le paragraphe, savamment saupoudré d’anglicismes et de concepts abscons, devient incompréhensible.

La prise de risque n’a rien à voir là-dedans. Si le prêt est effectué par un acteur privé, ayant des intérêts privés, il faut en effet que celui-ci y gagne quelque chose, sinon, pourquoi prêterait-il ? À l’inverse, quand l’État prête à une entreprise, son but n’est pas d’avoir un retour sur investissement, mais de proposer un service public ou des infrastructures dont tout le monde profitera (ou alors c’est de la corruption, mais c’est un autre thème). Les éventuelles pertes (le coût du risque) seront de toute manière supportées par toute la collectivité, ce qui est parfaitement logique. Il n’y a donc pas lieu de faire payer un quelconque coût supplémentaire à qui que ce soit. Mélanger de la sorte intérêts privés et intérêt général, c’est entretenir délibérément la confusion.

Les accords de Bâle, c’est un thème complètement différent, et celui-ci concerne la solvabilité des établissements bancaires. Si l’on admet que l’État se remet à créer sa monnaie, il faut aussi admettre que la solvabilité de l’État est garantie par sa crédibilité. Il est vrai que cela risque de ne pas satisfaire tout le monde ; c’est pourquoi, avant 1971, on se basait surtout sur le nombre de lingots d’or que les États possédaient pour « garantir » leurs devises. Il faut bien préciser, en outre, que cette crédibilité n’est nécessaire que vis à vis des autres États, c’est à dire, dans le cadre du commerce extérieur, puisqu’à l’intérieur de ses frontières, un État est souverain et qu’à partir du moment où il n’y a qu’une seule monnaie en circulation à l’intérieur de ces frontières, les citoyens et les entreprises seront obligés, bon gré, mal gré, de l’utiliser.

Examinons le mécanisme de l’émission monétaire sous l’angle de l’inflation. Un État qui augmenterait la masse monétaire en circulation provoquerait en effet de l’inflation ; celle-ci est, en même temps que l’impôt, ce qui va permettre de générer une accumulation de capital. Cela revient à prélever à chaque individu utilisant la monnaie de l’État émetteur une parcelle de pouvoir d’achat, pour financer par exemple la construction d’une autoroute ou un réseau téléphonique. Une fois ces infrastructures mises à disposition des citoyens, une augmentation du PIB doit en résulter, qui compense, dans un deuxième temps, l’inflation initiale.

En dépit de toutes les horreurs qui ont été dites sur cette méthode, celle-ci fonctionne très bien et a été employée tout au long de la période dite des 30 glorieuses. Par ailleurs, notre informateur désintéressé oublie de nous rappeler qu’il existe un moyen très simple et très efficace pour se protéger des effets de l’inflation, inévitable dans un système de ce type : l’indexation. Indexez les salaires, les prêts, les contrats et les loyers sur l’inflation, et voilà. Ce principe a été discrètement aboli en 1983 par le « socialiste » Delors, sans doute pour créer les conditions nécessaires à une crise, qui justifierait des « réformes indispensables ».

Pour finir, je souligne ce merveilleux échantillon d’enfumage, qui nous explique, ni plus ou moins, que quel que soit le mode de prise en charge du risque, il faut toujours qu’il y ait quelqu’un pour l’assumer : contribuables ou actionnaires.

Que la BCE achète ces titres en stérilisant la monnaie, où que les banques achètent les titres revient au même en termes de création monétaire. La différence étant la prise de risque sur le titre d’Etat : in fine par le contribuable via la Banque centrale, ou par les actionnaires des banques via l’autre solution.

En oubliant de préciser que dans la solution 2, celle où les généreux actionnaires se portent volontaires, ils s’en mettent plein les poches sur toutes les opérations où il n’y a en réalité aucun risque (de loin les plus nombreuses), et que par ailleurs, ils se débrouillent toujours pour ne pas payer les rares fois où le risque se concrétise. C’est ce que les « populistes » appellent « mutualiser les pertes et privatiser les profits ».

L’épisode des subrprimes et l’attribution des coûts au contribuable nous en fournit une preuve éloquente. Plus récemment, pour les amnésiques, on pourrait rappeler le scandale Tepco : qui, au final, assume les coûts de l’irresponsabilité de cette entreprise ? Est-ce Tepco, ou bien, le peuple japonais ? Tepco a-t-elle seulement été condamnée ?

La seule question qui vaille la peine d’être posée, en vérité est celle-ci : avons-nous réellement besoin d’intermédiaires pour se gaver sur notre dos quand tout va bien, mais pour se volatiliser (avec la caisse) dès qu’il s’agit de nettoyer la merde ?


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