La psychiatrie a toujours eu affaire à pas mal de
phantasmes.
Celle d’aliéner les individus par exemple. Le malade ne serait qu’une création
de l’institution ou de la société. Ceux qui soigneraient, des crétins, comme je
l’ai lu un peu plus haut.
Toujours ce phantasme de l’enfermement, de l’hospitalisation arbitraire, de la
victime que deux infirmiers costauds viennent chercher avec leur camisole.
Bien de gens qui ont eu des difficultés avec un proche ont du revoir leur
jugement. Pour travailler dans le secteur, je ne sais combien de gens j’ai
surpris en leur apprenant, par téléphone, que non on ne pouvait rien faire,
qu’une hospitalisation sous contrainte ne se décidait pas comme ça, au pied
levé.
C’est un peu comme les femmes battues qui s’adressent au commissariat, et à qui
on n’explique que l’on ne peut pas intervenir tant qu’il n’y a pas de violences
évidentes.... Et c’est vrai qu’un patient psychotique délirant peut dans son
délire foutre une famille en l’air.
Ceci dit, les places sont chères en psychiatrie.
S’il a existé une époque où l’on gardait les patients des années, cette époque
est révolue. Maintenant, ce sont souvent des patients ou leur famille qui se
révoltent quand la sortie est évoquée. Le turn-over est en effet omniprésent,
et les patients sont distillés vers des structures extérieures( hôpitaux de
jour par ex) quand celles ci ont assez de place pour les accueillir.
Le fait de travailler en psychiatrie ne me fait pas pour autant voir des
malades partout, et je me garderait de prendre au mot ce chiffre almagamant des
problèmes différents, dans un but évidemment économique.
La maladie mentale, c’est un fourre tout. Comme pour le
somatique, il y a le cancer et puis la grippe, que chacun choppe un jour.
Ne croyez pas que les professionnel, du moins en hôpital, poussent
forcément à la consommation de médicaments. Encore un phantasme. Le soin est
quelque chose de complexe, l’approche médicamenteuse n’est qu’un moyen parmi
d’autres (entretiens, activités, prises en charge multiples). Il faut au
contraire souvent limiter ou arrêter des addictions, et les médicaments en sont
une grande composante. On voit des malades arriver avec des sacs bourrés de
médocs……Exiger un somnifère à la moindre insomnie…. C’est vrai que la
définition de L’OMS sur la santé n’es pas si débile que ça. Elle ne fait pas l’apologie
du surhomme, mais tente de définir cette tentative d’équilibre qui nous permet
de continuer tous de marcher sur un fil.