Mon aversion pour l’ancien régime tient à des choses simples Bovinus :
- il était injuste
- il était obscurantiste
- il était non laïque
- il était corrompu (au sens de la corruption que je peux observer ici autour de moi, au Sénégal)
Je n’ai rien contre les traditions contrairement à ce que vous pensez. Je n’ai rien contre les rites. Par contre j’ai un gros problème avec leur poids sur la liberté de conscience lorsqu’ils deviennent des normes sociales.
Par conséquent je suis fermement opposé à ce que la société soit réglée par des traditions et des rites obscurantistes. Parce que la messe du Dimanche pour mois c’est un rite sectaire, quel que soit le message. Le guignol avec sa toge et son apparat, sa fumée et ses hosties, est un payen obscurantiste dont je n’ai pas besoin, et que celui qui s’y plaît y aille : j’égorgerai le premier qui m’obligera à supporter ces âneries, car n’en déplaise à votre tempérance, j’ai le droit de penser qu’il s’agit d’âneries, et pas petites, du moment que je n’empêche personne de les écouter.
La tradition a le droit d’exister, elle n’a pas le droit de s’imposer. Pareil pour les rites. Ce n’est pas avec ça qu’on avancera.
Le problème c’est que je suis en train de débiter un truisme : si vous voulez que je respecte votre opinion, vous ne pouvez pas défendre une position de censure de la liberté d’expression et de conscience. Car c’est ce qu’est la tradition lorsqu’elle pèse sur la société.
Chacun est libre de pratiquer ce qu’il veut, et rien d’autre n’est défendable, c’est très simple. Parce que si vous ne défendez pas cette idée pour imposer une tradition plutôt qu’une autre, tradition qui entravera la liberté de ceux qui n’en veulent pas, pourquoi demandez-vous aux autres de respecter ce que vous voulez ?
Pratiquez ce que bon vous semble, et délibérons sur ce que nous devons partager : la connaissance, l’eau, les moyens de production des biens élémentaires.
Vous me traitez d’égalitariste fanatique. Mais pas du tout, je suis juste sur une position très simple : si tu veux être entendu, la cohérence te commande de demander à ce que chacun puisse être entendu, à moins de considérer que tu es supérieur aux autres et donc que tu dois jouir d’un droit supérieur. Je ne suis pas pour l’égalisation des possessions. Je suis pour leur redistribution adéquate. Après, chacun est propriétaire d’un certain nombre de choses, car la famille est une entité sociale, elle doit avoir un capital, de même que l’individu, sinon ces entités sont privées de liberté. Et je ne suis pas pour une division euclidienne bête et méchante, simplement cette répartition risque d’être trivialement plus égalitaire que la répartition actuelle puisqu’il n’y a strictement aucune raison qu’un commercial ou un patron de magasin gagne plus d’argent que les gens qui produisent ce qu’il vend, et je ne parle même pas des parasites financiers et autres parasitent publicitaires hautement nuisibles (d’ailleurs à mon sens, la technique et l’organisation nous feront nous passer dans une très large mesure des métiers archaïques de commerçants, mais j’admet que cela se discute.)
Par ailleurs vous avez déjà oublié que je suis 100% d’accord pour dire que la liberté n’est que blabla si chacun ne possède pas les moyens de produire ou de s’approvisionner en nourriture.
Enfin pour la proximité de telle ou telle régime : vous ne comprenez pas ? je m’en fiche totalement de savoir ce qui est proche géographiquement ou temporellement. Ce qui m’intéresse c’est ce qui est proche de ma conscience. Si un habitant d’une planète située à 20 000 années lumière et venant du passé très lointain m’exposait un système politique je le prendrai pour ce qu’il est, et ne lui accorderait pas un crédit amoindri à la mesure de son éloignement.
Je n’ai pas dis que le changement viendra tranquillement et sans violence. J’ai dit qu’il viendrait par la force des choses, et l’effondrement du système actuel (donc un bon paquet de violence, quelle qu’en soit la forme). Et contrairement à ce que vous pensez encore, je suis certain qu’il n’adviendra pas grand chose en palabrant sur le coin d’une place. Dès les premières mobilisations d’indignés j’ai suggéré vivement de gagner les campagnes. Nul besoin de lancer une offensive armée contre les grands propriétaires terriens, ça sert à rien, et ça n’existe même pas. L’important c’est d’occuper chaque espace disponible, de grignoter jour après jour, de rallier à sa cause de plus en plus de producteurs déjà engagés dans des voix dissidentes, puis des conventionnels n’y trouvant plus leur compte : pour cela s’organiser collectivement pour consommer au travers d’associations, comme les AMAP, mais cela est à perfectionner, notamment en utilisant la technologie et les sciences de l’organisation, l’informatique etc. Il est certain que les indignés qui bossent dans la pub vont vite se retrouver dans une situation de grave contradiction, et qu’ils seront des boulets pour le mouvement, mais un boulet n’est pas la fin du monde, et ça peut se faire une raison, surtout par la force des choses.
Vous semblez négliger le fait que cette société de consommation est obligée de turbiner à mort pour fonctionner. C’est comme les incinérateurs de déchets :s’ils ne sont pas alimentés à une certaine dose assez conséquente, ils s’éteignent.