Des amies enseignantes me racontent parfois le quotidien de leur métier, c’est de plus en plus effrayant.
Pour commencer, le métier d’enseignant est l’un des seuls, le seul peut être, ou la personne est absolument contrainte de travailler de nombreuses heures non rémunérées : les enseignants passent en effet de nombreuses heures à préparer leurs cours, et ces heures ne sont pas payées. Or, mieux les cours sont préparés et organisés, moins l’enseignant risque de perdre le contrôle de sa classe et d’avoir des problèmes de discipline.
Certains enseignants, de ce fait car ils n’ont pas le choix, mais aussi par passion de leur métier et réelle envie de bien faire, passent toutes leurs soirées et leurs week ends à préparer. Ils n’ont parfois pas une minute pour décompresser, se reposer, se vider l’esprit et penser à autre chose. Le tout supervisé par la hiérarchie qui évalue la quantité de travail fourni mais ça c’est comme dans tous les boulots, avec la pression en plus que l’enseignant doit être entièrement à disposition de ses élèves. Exemple, j’ai une amie instit, sa hiérarchie a même été jusqu’à lui « recommander » d’utiliser ses vacances (et les enseignants les méritent bien, ces vacances !) pour emmener ses élèves en classe de découverte. Elle l’a fait systématiquement, résultat, dépression nerveuse après deux années. Si elle avait refusé, elle se serait fait mal voir, on l’aurait montrée du doigt.
Les enseignants sont jugés en permanence, scrutés à la loupe en permanence, pas seulement par leur hiérarchie, mais aussi par certains parents d’élèves qui ne soutiennent pas le corps enseignant, ne cherchent pas à comprendre leurs difficultés, et leur demandent plus que ce qu’eux mêmes accepteraient de fournir dans le cadre de leur propre travail, et par les élèves bien sûr dont certains savent s’engouffrer dans la moindre brèche qu’il perçoivent, et profiter d’un enseignant peu expérimenté.
Ainsi, les enseignants doivent non seulement gérer la bonne marche de leur cours, être au « top niveau » en permanence, mais gérer les élèves, les avoir sans cesse à l’oeil, recadrer, gérer les caractères difficiles, les sanctions etc.
A cela s’ajoutent les classes surchargées, la dégradation des conditions de travail due aux baisses de crédit, aux non remplacements de poste, à la diminution des aides (psychologues scolaires, fermetures de classes spécialisées pour élèves en grande difficulté) etc...
Sachant tout cela, et ayant vu une ou deux amies partir d’une envie folle d’enseigner il y a quelques années, pour arriver déjà laminées aujourd’hui avec l’envie de changer de métier, je dois dire que le fait cette femme se soit suicidée ne m’étonne même pas.
Les enseignants méritent doublement ou triplement le respect de la société : respect pour leurs connaissances, respect pour leur envie de les transmettre, et enfin respect pour le courage dont ils font preuve dans l’exercice de leur métier.