il s’agissait de choisir une personne, et à ma connaissance le scrutin majoritaire uninominal à deux tours fait le job
Je n’ai pas dit qu’il ne le fait pas, mais qu’il le fait mal.
Le gros défaut du scrutin uninominal, c’est qu’en votant pour une personne (ou même une liste pour un scrutin proportionnel) vous éliminez tous les autres alors que peut-être vous aviez un deuxième choix. Je comprends qu’en principe le militant d’un parti n’a qu’un seul choix, mais l’électeur de base est généralement plus nuancé. Sauf que pour le militant d’un parti, avec un vote à choix unique, « ou bien vous êtes avec moi ou bien vous êtes contre moi ». Du coup les verts ou le front de gauche ne peuvent plus être « avec les socialistes » puisque « soit ils sont avec eux soit ils sont contre eux », pas de nuance possible.
Et par ailleurs, l’échec de Jospin en 2002 est une conséquence directe du vote uninominal : les sympathisants verts, communistes et même radicaux, votaient au 1er tour pour leur candidat et donc involontairement contre Jospin, alors qu’avec un vote plurinominal, certains d’entre eux (les sympathisants, pas les militants engagés) auraient probablement mis Jospin en position 2 ou 3, ce qui aurait donné un tout autre résultat : Le Pen aurait été fraichement battu car il aurait certes eu ses 16% de placements en position 1, mais probablement près de 60% en dernière position, ce qui l’aurait disqualifié.
Toujours pas convaincu ?
il faudra sans doute les roder dans des procédés moins importants que l’élection reine
Et c’est justement ce que je vous reproche de ne pas avoir fait. Sauf à considérer que votre primaire est l’élection reine.
Vous auriez pu expérimenter un autre mode de scrutin, en expliquant ses potentiels avantages, et en disant « si ça marche on change la constitution pour le généraliser ». En ne le faisant pas vous montrez que le mode de scrutin actuel ne vous dérange pas tant que ça.
8 dans le premier sondage, égalité au débat d’entre deux tours : la campagne était terminée, il ne pouvait plus perdre.
Ah oui bien sûr les sondages font une élection, c’est bien connu. D’où la logique comptable, je ne suis pas au second tour donc je te donne mes voix en échange d’un ministère.
Ne se posait plus que la question des conditions de sa victoire : large et rassemblée, ou étriquée et amère ?
Oui, là j’ai un gros reproche à faire aux médias : ils ont plein de fois répété que le candidat ne serait légitime qu’avec un score supérieur à 60% (pour ne pas dire 70 comme réclamait la droite).
Pas de pressions extérieures ? Laissez-moi rire !
En tout cas si vous croyez ce que disaient les médias vous savez maintenant que votre candidat n’est pas si légitime que ça. Ce n’est pas ce que je pense mais je vous laisse conclure.
Soyons clairs : à la présidentielle, les candidats verts et Front de Gauche font de la figuration.
C’est bien ce que je pensais : les socialistes ne changeront pas un mode de scrutin qui les avantage par rapport aux petits partis de gauche, parce qu’ils n’ont pas compris que c’est ce mode de scrutin qui les a perdus face à Le Pen en 2002.
Leur seule chance de gagner ces élections (sinon pourquoi y
participer ?) est de sortir vainqueurs d’une primaire, là où le vote
utile ne joue pas
Le parti radical n’a-t-il pas prouvé que même dans une primaire, à mode de scrutin identique, les autres formations de gauche n’ont aucune chance ? La seule différence étant donc d’être éliminés six mois plus tôt.
De plus, n’oubliez pas que dans le camp d’en face, pas de primaire, donc on vote pour savoir qui va aller au charbon contre un seul candidat à droite. Si un communiste avait été élu à cette primaire, il aurait eu tout l’électorat centre-gauche contre lui en 2012 et donc Sarkozy était réélu avec des voix de (centre-)gauche. Un risque que beaucoup d’électeurs de gauche n’auraient probablement pas voulu courir en votant communiste dans une primaire entre tous les candidats de gauche.