A Sylvain Reboul,
d’accord avec vous pour vos dernières remarques ;
l’éducation familiale n’a aucune raison dans l’absolu
d’être meilleure que l’éducation publique. Mais cela
n’implique pas qu’il faille en supprimer une des deux.
Le fait que les différentes possibilités coexistent
participe précisement à la pluralité des citoyens,
qui est aussi indispensable à une société équilibrée
que la bio-diversité l’est à l’écosphère terrestre.
Mais c’est un débat qui dépasse le domaine précis
de l’éducation et qui s’étend à tous les domaines de
la vie de la cité moderne :
La recherche du changement et du progrès ne sont plus
pensés, mais réflexes, aujourd’hui ; et l’on constate que
l’amélioration perpétuelle mène à l’uniformité(voyez
les voitures, par ex.)
Or il est terrifiant de constater l’apparition
progressive de la volonté d’« améliorer » progressivement
le citoyen en gommant petit à petit, et ce par la
force des lois, toutes ses irrégularités et rugosités.
Au nom de l’hygiène, physique ou mentale,le défaut n’est
plus tolérable ! Le citoyen n’est plus propriétaire de
son corps ou de sa santé ! La chasse au fumeur
s’intensifie et le rapport de l’INSERM a commencé
d’introduire la notion de dépistage systématique
de comportement anormal des très jeunes.
Qu’est-ce qu’un comportement anormal ? Un comportement
qui s’écarte de la norme. Et quoi de plus conforme
à la norme que de se fondre dans le moule universel...
La « majorité démocratique » n’est en rien une garantie
d’éthique, et par cette majorité il est possible de
faire passer, au nom du Bien,toutes les lois imaginables,
sans limite.
Et je vous rappelle que les pays occidentaux -tous !- qui,
au 19e siècle, ont développé avec admiration les théories
eugénistes avaient la prétention d’êtres des démocraties
honorables et éclairées.
Il règne actuellement dans nos sociétés une ambiance
absolument délétère de radicalisation tous azimuth et
l’on -la « majorité »- en vient progressivement à vouloir
interdire, au nom du bien et de la citoyenneté, tout ce
qui dépasse...
Est-ce tellement différent de la volonté, du temps
du gouvernement de Vichy, d’imposer de force la
vertu familiale et patriotique ?
Cordialement Thierry