« »« »« »« Le tournage est en studio, les acteurs, équipés de combinaisons recouvertes de capteurs numériques permettant aux logiciels informatiques de les reproduire à l’identique en images de synthèse, jouent sur des fonds verts. Ensuite, plus besoin de décors extérieurs, on peut les incruster où l’on veut. »« »« »« »
La BD était une technique permettant d’offrir un presque film comprenant des scènes alors impossibles à filmer.
Cette technique était, comme celle de l’écrivain, très commode puisqu’un créateur pouvait tout pondre depuis sa chambre à coucher.
Puis il y a eu le cinéma avec de gros moyens où l’on put montrer la mer s’ouvrir.
Mais les gros moyens ça coûte cher et c’est très complexe à gérer, Si complexe que bien des tournages se sont arrêtés en cours de route. (Cf les difficultés administratives auxquelles Angelina Jolie a été confrontée)
Avec l’aide numérique puis le tout numérique, on a de nouveau la possibilité de tout pondre depuis sa chambre à coucher ou en tous cas avec beaucoup moins de barnum.
Pour les producteurs de tout numérique, peu importe le sujet ou la source d’inspiration, pourvu qu’ils puissent offrir des images époustouflantes depuis leurs pantoufles.
Pendant que les BDistes de la 25 ème heure surgissent soudain pour critiquer qu’un film animé ne ressemble pas une BD, une nouvelle industrie de chambre ou de quatuor nous est vendue et nous la consommons. En l’occurrence, les avis des tintinophiles, qu’ils soient positifs ou négatifs, sont sans aucune conséquence. Ce film produira de gros bénéfices.
Si le prix du ticket est le même pour écouter un quatuor que pour écouter un orchestre philharmonique, le même pour écouter un soliloque de Luchini qu’un opéra en Aïda, le même pour voir un Avatar qu’un Apocalypse Now, c’est tant mieux pour les marchands et tant pis pour les clients.
Alors les nouvelles versions des trois mousquetaires sont bourrées d’explosions et de gestes ninja. Alors les puristes de Dumas mènent une diatribe d’arrière-garde.
Ce qui me semble plus intéressant, c’est d’aller à étudier de plus près ce qui se passe dans notre caboche lorsque nous lisons des livres ou écoutons des contes (où nous devons alors imaginer, créer nos propres images) et lorsque nous regardons un opéra, un film, qu’il soit classique ou d’animation. De cette étude, nous pourrions tirer des exercices parlants, didactiques et faciles à mettre en place. Ces exercices nous prouveraient (peut-être) que tout ce qui est livré déjà imagé affaiblit notre capacité d’imaginer nous-mêmes. Si ces exercices sont pratiques à faire, peut-être ferons-nous notre gymnastique mentale comme nous faisons notre gymnastique physique.
Je me rappelle avoir entendu le conte du chat botté et l’avoir fortement imaginé puis, un jour funeste, je suis tombé sur une illustration de ce chat avec des bottes . Patatras, tout mon nuage d’imaginaire précédent (car je ne voyais rien de très précis) a été tué. Mon imagination s’est brutalement retrouvée réduite et fixée par cette illustration. Je ne parvenais plus à ranimer ma vision nuageuse précédente.
Se défaire d’une image vue ? Je doute que ce soit possible.
C’est également très vrai pour « La princesse était très belle.... » . Quand je vois une proposition d’image de cette « très belle » patatras, j’en suis toujours déçu et j’en sors fixé. Après en avoir vu le film, je ne parviens plus à me défaire de l’image vraie de Deneuve à la place de la Peau d’âne. Tout juste puis-je m’en défixer en regardant d’autres images. Mais c’est alors une nouvelle image qui va s’imposer à la place d’une précédente. C’est une course d’images et c’est la fin de l’imaginaire (sur le sujet donné)
C’est probablement cette fixation de l’imaginaire qui fait que les BDistes ne parviennent plus à se départir de l’image originellement proposée de leur héros et qu’ils protestent alors toujours quand on en propose une image un tant soit peu différente.
Tous ceux qui ont vu une image (y compris celle qu’ils voient dans leur miroir) ont subi une fixation. D’où le fait que les héros de BD ne doivent jamais vieillir.
(La douleur pour Disney, les levées de bouclier, lorsqu’il avait fait évoluer l’image de Mickey !)
10/11 06:42 - Deneb
Spielberg vient de découvrir que les acteurs de synthèse sont aussi efficaces que les vrais, (...)
10/11 06:13 - Alexandre
Comment ne pas être à 100% d’accord avec ce qui vient d’être dit par tangoche.. (...)
06/11 14:15 - Radix
Bonjour Donc on peut conclure que ceux qui aiment Tintin (BD) n’iront pas voir le film (...)
06/11 12:24 - mimul
Cela me rappel un peu le film « Danse avec Milou » mais je peux me tromper (...)
06/11 10:16 - fcpgismo
Je ne suis pas totalement d’ accord avec l’ article Le personnage est hyper beau et (...)
02/11 23:26 - boulduc
Merci Tangoche, Merci et bravo d’avoir tenu tête avec tant d’obstination et de (...)
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