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Commentaire de Bovinus

sur Zone euro : la leçon démocratique grecque


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Bovinus Bovinus 3 novembre 2011 16:05

Houlà, Eric ! Vous ne m’avez pas habitué à de telles imbécillités, vous devez être fatigué ou peut-être avez-vous décidé de passer au décaf’ ?

La vraie démocratie est protestante ( voir Michelet) d’ailleurs on le voit très bien en Allemagne ou l’effort collectif de remise en ordre donne une situation bien meilleure, des salaires en moyenne de 40% supérieurs, des services publics qui fonctionnent, une école qui marche et des SDF qui ne meurent pas dans la rue.

Historiquement, la Grèce est bel et bien le berceau de la démocratie. À tel point, en fait, que la démocratie n’a jamais existé nulle part ailleurs qu’en Grèce, et cela précisément au Ve et IV siècles avant JC. Ce que les anglo-saxons et les français ont abusivement appelé démocratie, deux mille ans plus tard, s’appelle en réalité dans la science politique gouvernement représentatif, ce qui est tout à fait autre chose. Cela s’apparente en fait bien davantage à une véritable aristocratie (pour employer un terme grec), fût-elle élective. La seule forme de gouvernement qui actuellement se rapproche un tant soit peu de la démocratie est celui de la Suisse.

Le reproche que vous faites à la démocratie grecque, à savoir d’exclure de la citoyenneté les esclaves, les métèques, les femmes (et, pourquoi ne pas les mentionner, les enfants) est archi-classique et facile ; il consiste à amalgamer les concepts de citoyenneté et de forme de gouvernement, qui sont deux choses différentes, tout en faisant abstraction de l’époque. Pour y remédier, il suffit d’élargir le périmètre de la citoyenneté, voilà tout.

On comprend dés lors assez bien pourquoi ils sont ’indignés’ à l’idée que les prêteurs demandent leur argent aux état qui se sont endettés depuis 30 ans pour payer leurs salaires... Évidemment, au niveau de n’importe quoi sémantique où ils en sont, ont peut aussi appeler cela de la démocratie....

Encore une fois, vous amalgamez effrontément les concepts et faites abstraction de l’histoire. Les « indignés », qui ne sont pas d’origine grecque, et dont la filiale grecque n’est au mieux qu’une toute petite partie des centaines de milliers qui manifestent là-bas depuis des mois. Prenons le cas de la France. Le chiffre de 30 ans que vous avancez coïncide presque exactement à l’époque où Delors a aboli l’indexation, qui était, avec la gestion de la monnaie par l’État (abolie par Pompidou et Giscard 10 ans plus tôt) le deuxième pilier du système qui empêchait d’exploiter le peuple en rond et garantissait une certaine prospérité au plus grand nombre, mais gênait les financiers du fait de l’inflation générée.

Par ailleurs, comme vous le savez, les prêteurs qui ont prêté à l’État grec en parfaite connaissance de cause ne l’ont pas fait à taux zéro et réclament à présent des intérêts à ce point obscènes que les taux usuraires légaux à côté apparaissent comme une gentille plaisanterie. Ils voudraient provoquer un défaut de paiement qu’ils ne s’y prendraient pas autrement ; quoi de surprenant qu’à vouloir jouer au pompier pyromane, on finisse par s’y brûler ?

Les moratoires sur les intérêts, les dénonciations unilatérales de dettes, tout cela on l’a déjà vu se produire de très nombreuses fois et on l’a encore vu tout récemment en Équateur et en Islande. Lorsque la finance prétend usurper la souveraineté, il est naturel que, de temps en temps, elle se fasse un peu mal. C’est d’autant plus naturel que c’est la même finance qui a trafiqué consciemment les comptes de l’État grec afin de le faire rentrer dans la zone euro, qui a fini par révéler la supercherie. À dessein ou non, peu importe, mais dans ce cas précis, la finance est tout autant coupable que l’État à qui elle a prêté : qui d’autre était mieux placé pour savoir que celui-ci était insolvable ? Un peu facile, à présent qu’il s’agit de payer, de rejeter la responsabilité sur le Grec lambda, accusé de n’être qu’un jean foutre et un mauvais payeur, vous ne trouvez pas ?

Soit on est en dans un mauvais vaudeville pour embobiner le pékin de base, soit on est en présence d’une opération géopolitique ; le fait que ce soit les deux à la fois n’est pas à exclure. Le moyen, l’outil de pression est tout simple et a déjà été théorisé depuis longtemps : on parle en ce cas de dette odieuse.


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