De cet article qui n’est qu’un pamphlet d’excité, il n’émerge qu’un seul
éclair de lucidité, à savoir que la religion chrétienne a toujours
clairement marqué une dichotomie entre les deux mondes, l’humain et
l’animal. Ce n’est pas un hasard. Il s’agissait de sanctifier la vie
humaine pour, autant que faire se peut, la protéger. En ceci, elle est
héritière d’une longue tradition occidentale qui marque cette dichotomie
par toutes sortes de croyances, mythes et pratiques, dont la corrida
est le plus visible exemple. Assumant cet héritage, je me révolte à l’idée qu’on puisse considérer les animaux à l’égal de l’homme car partant de là, il n’y aurait pas loin à considérer que l’homme ne vaut pas plus qu’une bête. Et il faut être d’une confondante naïveté pour ne pas voir les implications immédiates qu’aurait une telle croyance si elle se répandait.
Ces jérémiades contre un prétendu spécisme ne sont qu’une version adulte des fantasmes de fillettes sottes occupées à peigner leurs petits poneys de plastique. Une marotte de petits bourgeois blancs qui n’ont pas de réel problème et se croient donc obligés de s’en créer de toute pièce.
Pour ma part, comme tout un chacun, je n’aimerai pas avoir comme voisins des jeteurs de chiots ni des brûleurs de chats. Toutefois, je mange de la viande, non par haine des animaux, mais parce que j’aime la viande. Je me vêts de cuir, non par mépris des animaux, mais parce que c’est une matière noble ayant bien des qualités. J’estime qu’un fourreur est un honnête artisan, et non un émule de Klaus Barbie. Je considère que les animaux sont des objets, et non des individus, et en tant qu’objets, ils n’ont pas plus de droits que mon four micro-ondes. Je suis, en somme, un individu normal. Nous sommes nombreux dans ce cas, et nous tenons à nos entrecôtes. Tenez-vous le pour dit.