Le négateur nié
Moi je suis né par hasard et pour rien, me revendiquant athée,
agnostique, qui souhaite la disparition de toutes les chimères
irrationnelles indignes d’un vrai civilisé, à savoir, dieu,
transcendance, esprit, amour, qui ne sont que le fruit de sécrétions
hormonales et de rouages neuronaux dont seuls des fous, des fanatiques,
des arriérés primitifs et des rêveurs complaisants peuvent encore croire
sérieusement ; croyant qu’il n’existe qu’un monde de forces, de
particules et d’ondes et que tout peut s’expliquer par des lois
immuables auxquelles ces forces aveugles et non conscientes obéissent ;
que la vie et les êtres vivants ne sont qu’un épiphénomène, une
complexification des forces naturelles et que c’est les organes qui
fabriquent les émotions, la pensée ; pose et prétend (bien que n’étant
qu’un rien né du chaos) expliquer le monde et ma propre condition.
Mais, rien, ne peut rien expliquer, n’étant rien, son explication
n’est qu’un épiphénomène probabiliste, une sécrétion hormonale, une
fiente de pigeon, un battement d’aile de papillon ou une fluctuation des
vents solaires. Je ne suis rien et pourtant je joue encore au démiurge
en prétendant expliquer quelque chose !
Mais taisez-vous donc, rien, car en niant le négateur on nie la
négation et pourtant en niant on affirme encore qu’on n’est pas rien.
Car rien ne peut exister et certainement pas affirmer qu’il est rien.