Pour répondre à la très bonne question de Jean-Paul - pourquoi le mouvement des indignés ne prend pas en France ? - je proposerais les raisons suivantes :
- Absence totale de contenu politique : ça n’arrête pas de hurler à la démocratie « directe », « réelle » et « concrète », mais ça serait bien en peine de définir, pour commencer, ce que serait cette fameuse démocratie. Pour l’instant, je n’ai pas vu l’ombre du quart du commencement de la moindre définition de la démocratie, ni chez les « indignés », ni chez « OWS ». Ce qui est normal, vu le « niveau » des textes laborieusement produits par ces mouvements (ils se mettent à combien pour rédiger ces « manifestes » ?).
- Incohérence, inconsistance, ignorance et inculture : telles sont les épithètes qui pourraient caractériser assez fidèlement ce « mouvement ». Revendiquer la non-appartenance politique ne dispense pas de proposer un contenu politique. Le simple fait de se montrer en public dans le but de promouvoir des idées est déjà en soi un acte éminemment politique ; or, ce qui ne manque pas de susciter des réactions de dépit voire d’hostilité est le fait même qu’il n’y a aucune idée à promouvoir au sein de ce mouvement. On a ainsi le sentiment d’être en présence d’un groupe d’usurpateurs qui prétend représenter l’écrasante majorité de la population mais qui ne propose rien de concret, qui n’a ni programme ni projet ni même ne prétend en avoir un. On a le sentiment de se faire tout simplement flouer ou d’être victime d’une mauvaise blague, mais cela, passe encore ! Le plus dommageable là-dedans est que ces gens discréditent toute action politique de terrain et, au delà, la politique même.
- Ces constats sont renforcés par l’excès de communication auquel ces mouvements sont habituellement portés (ne serait-ce qu’ici, sur Agoravox), ce qui crée un contraste frappant avec la vacuité politique de cette communication. Trop de communication tue la communication, toutefois, ce ne serait pas aussi grave si il y avait quelque chose à communiquer. Mais là, le paradoxe est tout de même énorme : à peine 150 types qui ne représentent rien, n’ont rien à dire et qui n’ont aucun intérêt, mais dont on nous rebat les oreilles depuis bientôt 15 jours (et 6 mois si on remonte jusqu’aux origines espagnoles du « mouvement »). On ne peut s’empêcher de penser qu’on est en train de devenir les victimes d’une énième opération d’intox mondialiste. Rappelons-le tout de même, on retrouve ces groupuscules d’ « indignés » un peu partout dans le monde occidental - jusqu’en Israël ; la présence la plus importante a été constatée aux États-Unis. Cela dit, rien de comparable au SDS ou aux Black Panthers.
- Au vu de tout ce qui précède, et de la situation économique encore relativement bonne de la France (malgré le net appauvrissement des dernières années), on comprend facilement pourquoi, en dépit de toute la com’ que déploient les communicants des « indignés », la population reste indifférente, voire se méfie. Le nom même du mouvement est idiot et de plus fait référence à un
pamphlet trop court, vendu trop cher, ayant bénéficié d’une notoriété
trop large et largement imméritée. Rien que cela est déjà suspect. On est
complètement dans le registre de l’émotionnel et pas du tout dans celui
de la logique et de la réflexion. Et je ne parle même pas d’action !