@ desperadoprim
ah
ben tiens, ça me plairait bien, pour vous répondre, de recopier un de mes
petits poèmes ! Dans celui-ci je me mettais à la place d’un militant communiste
:
Quand
ils ont
quand
ils ont dans le sang
fait
taire mes camarades hongrois en 56
j’ai
cru qu’ils voulaient sauver le socialisme
et
j’ai applaudi sans réserve
quand
ils ont en 68 écrasé
mes
camarades de Prague
j’ai
eu comme un frisson dans le dos
et
j’ai désapprouvé du bout des lèvres
quand
ils ont massacré en 73
mes
camarades du Chili
j’ai
vu sans voile aucun la couleur
de
ceux qui massacraient
et
j’ai gueulé mon indignation
quand
d’autres de même couleur
ont
à nouveau torturé brisé
fait
disparaître
mes
camarades d’Argentine en 76
j’ai
renouvelé sans retenue
mon
cri de colère
j’ai
fait claquer encore
au
plein centre de la place
au
su et au vu de tous
avec
une gigantesque fierté
ma
si manifestement juste indignation
quand
ils ont en 80
porté
leurs bottes en Afghanistan
pour
y mettre au pas des frères incertains
j’ai
trouvé que c’était bien loin
et
sans
mes habituels points de repère
j’ai
décidé de me taire
quand
ils ont en 81
emmuré
mes camarades polonais
j’ai
comme
des centaines de millions
de
mes frères à travers le monde
senti
qu’ils assassinaient
notre
plus bel espoir d’humanité
mais
c’est en cachette et pour moi-même
que
j’ai pleuré ma solidarité
j’avais
pris des habitudes
et
au-dehors j’ai laissé dire
par
le parti des camarades
les
plus ignobles raisons de ne rien faire
comment
vais-je demain
me
supporter ?
Pierre
Régnier, 22 décembre 1981
(poème
tract diffusé le jour même par l’auteur à l’entrée de son entreprise)