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Commentaire de Crazy Horse

sur Robespierre, grand-père des 99% ?


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Fabien 09 Crazy Horse 27 novembre 2011 11:23

Merci pour cet article et ta tentative de lancer le débat sur les indignés et plus généralement la nécessité d’un mouvement révolutionnaire.

J’ai côtoyé un petit peu le mouvement sur Lyon. J’ai rencontré aussi les indignés d’Espagne, lors de leur passage à Lézan.

J’aimerais commenter tes propositions :

Arrêter de rêver éveillé
Ça aiderait oui. Mais s’il y a tant de « rêveurs » parmi les indignés, n’est-ce pas parce que beaucoup ignorent à quel point la situation est critique ? Je veux dire : tous ont bien le sentiment que quelque chose cloche, et qu’il faudrait faire autrement. Mais combien ont analysé en détail le système économique et financier par exemple ? Ou l’histoire des services de renseignement ? Combien adoptent une posture « scientifique » dans leur étude et leur réflexion ? Combien, au contraire, campent sur des postures purement idéologiques et subjectives ? Et ce n’est pas caractéristique des indignés, loin s’en faut. On rencontre cela un peu partout chez les « alters ».

Un système de leadership
En ce qui me concerne, j’ai des doutes sur la nécessité de formaliser le leadership. J’ai le sentiment que les meilleurs leaders sont ceux qui ne sont pas « officialisés ».
Pour l’organisation politique, je pencherai plus pour un système démocratique à l’Athénienne (pas de « classe politique », tirage au sort, mandats courts - cf. Etienne Chouard) ou bien pour un système qu’on pourrait qualifier de cyber-démocratie, telle qu’il est décrit par le Mouvement Zeitgeist par exemple.

Revenir sur la perpétuelle recherche du consensus
Pas facile à faire passer une idée comme celle-là ! Je crois pourtant que tu as raison.
La plupart des décisions n’ont pas besoin d’avoir l’approbation de tous. Si l’on croit aux vertus de la démarche rationnelle, scientifique, alors la plupart des sujets pourraient être traités efficacement et beaucoup plus rapidement par un collège restreint de personnes compétentes dans les domaines concernés et par une poignée de « novices » (ce qui n’interdit pas de remettre en cause une décision « à postériori » - si on présente des arguments sérieux).
Seules les questions d’ordre morale, esthétique, et la justice devraient être soumises au consensus. Tout le reste est purement technique : une fois qu’on a fixé pour objectif la satisfaction des besoins de tous et la préservation de notre espèce (et donc de notre environnement), alors il ne reste plus qu’à déterminer quelle est la meilleure manière d’extraire des ressources, de produire ce dont on a besoin, d’organiser l’espace urbain et rural, etc.

décentralisation du mouvement
N’est-ce pas déjà le cas ? J’avais cru le comprendre. Je crois aussi que c’est indispensable si l’on veut espérer mettre en difficulté les autorités qui ne manqueront pas de chercher à nous nuire, pour peu que nos actions constituent une réelle menace pour « l’ordre établi ».

jeter des ponts avec la population
Essentiel. Quand je discute avec des gens « normaux » (les agents Smith), je vois bien qu’un fossé énorme nous sépare. Comment toucher les gens ? Je crois qu’il faut éviter les propos trop « intellectuels ». Moi le premier, j’ai toujours essayé de glisser quelques petites vérités autour de moi, sur l’histoire, sur l’économie, sur la politique, sur la société. Mais plus le temps passe, et plus je me dis que ce n’est peut-être pas ce qui fonctionne le mieux. La plupart des intellectuels se vexent ou en tout cas s’emportent (surtout quand nos arguments sont en béton armé), et les gens plus « simples » décrochent en moins de 10min (ou alors ils « boivent » nos paroles, ce qui n’est pas bon signe non plus).
Aujourd’hui je pencherai plus pour une action de proximité, une réappropriation de l’espace public. Revigorer les communautés, tisser du lien entre les gens. Les formes de militantisme à la Love Police m’apparaissent prometteuses pour rendre le mouvement vraiment populaire.
.
orientation stratégique
Ça manque aussi. Pour faire simple et bref, j’ai rencontré beaucoup de gens « contre » et peu de gens « pour » ceci ou cela. Du coup, niveau crédibilité, c’est pas le top...

Arrêter de se focaliser sur le caractère mondial du mouvement
Complètement d’accord. Je crois cependant qu’il ne faut pas oublier l’intérêt de la mise en relation des révolutions et le soutien mutuel que peuvent s’apporter les groupes. On parlait de « rêveurs » un peu plus haut, eh bien il ne faut pas rêver : si aujourd’hui on renverse le capitalisme néo-libéral en France et qu’on instaure une société plus égalitaire et plus juste, on peut être certain que demain l’un de nos « allié » d’hier lancera une frappe préventive pour « libérer les pauvres français de la tyrannie anarchiste ».

"Les Indignés doivent comprendre qu’ils n’inventent rien, et doivent tirer des leçons du passé et des événements qui rythment l’actualité.« 
Effectivement, et un des reproches que je leur ferai c’est de vouloir réinventer la poudre. Sous prétexte d’éviter la »récupération« par des mouvements existant, j’ai vu des indignés »lyncher« (c’est un peu fort) de pauv’ types qui désiraient juste partager leur penser avec l’assemblée populaire. Bon, ils ne sont pas toujours très fins dans leur manière de prendre la parole et tiennent souvent des propos partisans. Mais le mouvement des indignés pourrait vraiment être le vecteur de l’union de toutes les luttes en cours. Sans perdre son identité, il serait possible qu’il englobe les organisations existantes et qu’il se nourrisse de leur expérience.

Un commentaire personnel :

J’ignore comment la situation va évoluer, mais parmi tous les scénarios possibles, l’hypothèse »bisounours« dans laquelle l’élite actuelle accepte gentiment d’abandonner ses privilèges, où tout le monde s’aime et construit main dans la main un monde meilleur, où l’on trouve des solutions géniales aux problèmes de l’organisation socio-économique, de l’épuisement des énergies fossiles, de la raréfaction de l’eau potable, des déchets nucléaires, de la pollution chimique de notre environnement, etc. me paraît la moins probable.

Je crois que ce qui manque le plus chez beaucoup, c’est le sens du sacrifice et le manque de cohérence. Je me mets dans le sac aussi. S’il y a un espoir de construire un monde meilleur, il est dans l’effort et l’engagement individuel de chacun, au service de tous.

Au cours des 10 dernières années, j’ai rencontré beaucoup de gens »indignés« , militants ou non, mais très peu avaient entamé une véritable démarche de transformation personnelle, très peu étaient près à assumer au grand jour leurs positions idéologiques, très peu étaient près à sacrifier un tantinet soi peu leur petit confort et leur pseudo sécurité.

Je ne suis pas expert en révolution, mais je doute que les »insurgés« et les »résistants« aient vécu des années très »heureuses« pendant qu’il menaient leur combat. Je doute qu’ils n’aient rien »perdu« dans l’affaire, qu’ils n’aient pas souffert de mille façons pour remporter la victoire finale.

Ce qui me désole, c’est de voir tous ces »indignés" d’aujourd’hui, qui croient qu’ils vont pouvoir faire la révolution en restant installé confortablement devant leur ordinateur alimenté à l’uranium, en mangeant Danone et en buvant un bon vin soufré.

Mais peut-être suis-je intolérant ou trop exigeant...


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