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Commentaire de easy

sur Du MOX au MIX : Vers un nouvel avenir énergétique


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easy easy 29 novembre 2011 19:38

Tiens, je vais profiter de ce sujet sur l’énergie pour parler de l’énergie d’une autre manière.


Avant 1800, en gros, il n’y avait pas 36 sources d’énergie. On faisait tourner les meules avec le vent et les rivières, on faisait avancer les bateaux avec le vent, on faisait sécher bien des choses au soleil et, plus spécialement, on utilisait le bois et le charbon.

Le principe d’une énergie alien aux bras et aux jambes était donc installé. Mais on remarquera déjà que les seules contrées à avoir accordé une grande place aux voiles et aubes étaient Méditerranéennes et Pacifiques. Je ne sache pas que les Incas ou Aztèques y aient beaucoup recouru qui boudaient jusqu’à la roue (La roue pose un problème de voies).


Au total, nos anciens recouraient certes aux énergies alien non musculaires m’enfin, le muscle est resté très prépondérant.

Quiconque, à l’époque, voulait réaliser un grand ouvrage, particulier ou collectif, devait forcément penser en termes de bouches à nourrir le temps de son chantier, voire de son entretien.
Bouches humaines et animales.

Rien de petit ou de grand ne pouvait se concevoir sans inclure nourriture, habillement et logement donc vie entière des ouvriers et bestioles afférentes.

Un menhir, une amphore, un bracelet, une muraille, un canal, une pirogue, tout objet tout projet, toute entreprise incluait automatiquement de la vie complète. Fallait voir la logistique des guerres anciennes ! Fallait voir comment ça grouillait de vies autour de la Grande Muraille. Pfiouuu, c’était des kilomètres de charrettes et de chariots remplis de casseroles, de poulets et de pinard qui suivaient les troupes.

Ce principe était encore très valable pour Austerlitz et Waterloo. Il fallait des hommes ,des hommes et encore des hommes. Il fallait donc les faire vivre.

C’était encore valable pour WW1 et WW2

Mais ça tend à basculer. Une guerre, comme celle que nous venons de livrer contre Kadhafi, n’est plus synonyme de bouches à nourrir ou de pieds à chausser. Encore un peu plus de drones pilotés à la maison et hop, nous aurons complètement basculé dans le OB. Il y avait toujours eu le O Killed, mais dans un siècle, il y aura le O Bed : la guerre dans lit, sans cantine, sans godasse, sans bière ni tabac à fournir.
 
C’est que depuis deux siècles, l’énergie non musculaire est devenue hégémonique. On ne se rase plus avec ses muscles mais avec de l’électricité. Alors on défonce des bunker avec de l’électricité et on réprime des manifestant à l’électricité. Alors les bourreaux recourent à l’électricité. Alors on jouit à l’électricité.

Depuis 1800 et progressivement, tout objet est fantasmé NB, No Bed. A part pour quelques produits dits artisanaux que certains caressent précisément parce qu’ils ne relèvent pas de la culture NB. Mais ce qui est épatant c’est que non seulement le produit est désormais fabriqué à l’électricité mais il doit être lui-même consommateur d’électricité ou de quelque pétrole. Un objet tel une brosse à dent, si ce n’est qu’un objet inerte, buerk. Il faut qu’elle bouge toute seule cette bestiole électrique.

Depuis 1800, l’ensemble machine + énergie non musculaire, est devenu créateur de miracle en ce qu’il rend obsolète toute la question de la bouche à nourrir. Du coup, le zéro bouche, d’effet induit, est devenu l’objectif de perfection. Parvenir à produire des milliards de Lego et à les vendre sans avoir le souci d’une seule bouche à nourrir, voilà l’objectif.


Jamais au grand jamais Alexandre ne visait le zéro bouche. C’était lourd d’assurer la vie de centaines de milliers de soldats mais pas un instant, même en pleine fièvre, il ne pouvait envisager d’effacer cette obligation.
Et voilà qu’à partir de 1800, il devint signe de performance d’aboutir au NB. Tout faire, tout obtenir sans avoir de bouches à nourrir, de lits à installer.

Cet objectif est devenu hyper central de toutes les stratégies tant militaires qu’économiques. 

Alors, plus rien en dehors d’un vague besoin de maintenir une population nombreuse, ne soutien le concept, la nécessité de « bouches à nourrir ». Mais consommatrices, donc acheteuses ces bouches ouiiiiii, il en faut, plein, plein, plein.
Il n’est plus question d’avoir la charge de faire vivre des gens, mais il est désormais question de pousser les gens à acheter ce que les machines-énergies produisent.
Ca n’intéresse plus personne de se charger de masses à nourrir et à vêtir, mais ça intéresse tout le monde d’avoir plein de consommateurs.

Se pose alors le problème de l’argent et on a donc inventé le billet industriel et le crédit. « Tu ne peux pas payer cash ? Tu m’étonnes, c’est bien logique. Mais pas de problème ma poule, je vais te faire crédit et tu paieras plus tard ou tes enfants à ta place ». Ca ne pouvait que finir en catastrophe.





D’autre part, alors que l’obligation de nourrir les bouches stabilisait les relations (Napoléon a largement conservé ses soldats, conseillers et maréchaux survivants sur dix ans et il connaissait leur nom), le nouveau principe consistant à ne plus vouloir entendre parler de bouches à nourrir a cassé les liens et chacun est devenu interchangeable aux postes de surveillant ou approvisonneur de machines-énergies. 

 
De WW1 et WW2 nous parvenons encore à citer quelques noms de héros (Moins qu’autour de Napoléon). Mais de nos guerres en Afrique centrale, en Lybie et en Afghanistan, ZERO.


Non seulement l’énergisme fossile a tué l’ancestrale préoccupation des bouches à nourrir mais il a aussi complètement dépersonnalisé les individus.




Ah ! Puisque cette conjugaison en « bouches à nourrir » nous renvoie forcément à Coluche, je vais en raconter un détail. Je vivais tout près de sa maison de vacances en Guadeloupe et comme les Français qui y maraudent constituent une tite communauté, j’ai vite entendu des choses sur notre comique. Par exemple, que chaque fois qu’il s’y rendait (ses copains y étaient plus souvent que lui) il remplissait de bifetons un vase placé dans l’entrée. Quiconque était coincé pouvait se servir sans être vu.


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