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Commentaire de easy

sur Meuse : Trois ouvriers fauchés par un train...


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easy easy 2 décembre 2011 15:34

Tous les accidents qui se sont produits depuis la nuit des temps auraient pu être évités et délivrent donc un sentiment de gâchis, de révolte, d’injustice et d’impuissance. Alors à la sortie, accourent ceux qui, de leur vie n’ont probablement jamais installé le moindre parapet ou feu tricolore mais qui compensent leur impuissance en lançant quelque accusation et condamnation contre quelque chef à pendre.

Il est certain que l’effet de toutes ces accusation et condamnations post accident ont eu pour effet de pousser chacun à plus de mesures de prévention. Mais il se trouve que pour autant, tout le monde applaudit quand même devant un train encore plus rapide, devant un manège encore plus haut, devant un barrage hydroélectrique encore plus énorme, devant un hélicoptère encore plus acrobatique, devant une greffe d’organe encore plus spectaculaire, devant un cycliste encore plus rapide, devant un gratte-ciel encore plus fou...

Les mesures de sécurité augmentent pendant que les risques joués augmentent.

A part les Dogons et autres Papous, nous sommes lancés depuis des milléanaires vers un toujours plus que nous appelons progrès. Nous n’irons pas en promenade sur Oriion sans casse.

En ce qui me concerne, j’ai fabriqué 100 kilomètres de bordures de meubles arrondies et antichocs. Mais je me suis coupé 100 fois en exécutant ce travail de prévention-protection.

Un jour, je commence un chantier au Technocentre de Renault à Guyancourt. J’ai des dizaines de laboratoires à y installer (paillasses, sorbonnes)
Dès l’entrée, son directeur de la sécurité me fait remplir une fiche sur laquelle je suis invité à lister tous les accidents que je suis susceptible d’avoir. Je réponds rien. Il m’insulte, me traite de clown et m’interdit définitivement l’accès. Ce n’est qu’après mille suppliques qu’il m’a repris. J’avais évidemment archi tort. Je n’avais jusque là jamais eu d’accident sur mes chantiers mais j’avais complètement tort de les exclure à ce point. C’est compliqué. Si l’on a trop en vue tous les accidents possibles (par exemple que des luminaires de faux-plafond se décrochent depuis leur 5 m de hauteur) alors qu’on doit forcément opérer dans ce danger, on passe hypochondiaque, angoissé, paralysé, parano. Il faut donc certes ouvrir les yeux avant un chantier sur tous les accidents possibles (et prendre alors les précautions) mais au moment où l’on opère, il faut bien rester confiant et détendu.

Un opérateur, surtout sur chantier ou situation nouvelle-proto, doit énormément improviser et prendre mille risques. Ca se passe bien 999 fois, ça se passe mal une fois.

Le chef de la sécurité, lui, peut rester hyper parano à très juste titre, il n’a pas à se détendre. Mais les opérateurs qui sont obligés de la jouer « mission impossible » doivent forcément se décontracter. Il y a donc des accidents, aujourd’hui comme du temps des pyramides.

Concernant l’accident de ces 3 ouvriers, puisque les deux équipes étaient toutes deux en situation exceptionnelle, il y a au moins deux chefs de sécurité qui n’ont pas été assez paranos ou maniaques.

Il se trouve qu’ici les 3 victimes n’étaient a priori aucunement responsables. Mais dans une très grande part des accidents, les opérateurs qui sont tués sont ceux qui ont bravé un risque (Exemples : un chauffeur qui prend le risque de franchir tardivement un passage à niveau déjà passé au rouge. Des spectateurs qui tapent des pieds sur une tribune temporaire. Un plongeur qui dépasse le temps maxi pour finir de serrer des boulons d’une vanne sous-marine).

Enfin il arrive que des patrons, que des chefs d’expédition aussi soient tués dans des situations prototypiques (Richard Branson n’a pas froid aux yeux sur ce plan)

 


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