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Meuse : Trois ouvriers fauchés par un train...

 
Meuse : Trois ouvriers fauchés par un train sur une voie ferrée privée.
 
La sécurité sacrifiée à la rentabilité ?
 
 
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=2GM_TYspIl8
 
(désolé pour l’indécence, en ces circonstances, des quelques secondes de pub précédant la vidéo)
 
 Trois employés d'Alstom sont morts jeudi matin, fauchés lors d'un essai du nouveau train de la société sur une voie privée en Meuse, un accident rare dont les circonstances n'étaient pas encore élucidées en fin d'après-midi.
Les salariés du groupe de construction ferroviaire ont été percutés vers 08H35 par un train qui effectuait des essais sur une voie louée à Réseau ferré de France (RFF), entre Loxéville et Willeroncourt, et parallèle à la ligne ferroviaire classique Paris-Strasbourg, a précisé le groupe.
"Les essais étaient destinés à tester la qualité de ce nouveau matériel roulant. Ils avaient débuté depuis une semaine. Il est encore trop tôt pour déterminer les circonstances de l'accident", a dit le président d'Alstom Transports, Henri Poupard-Lafarge, lors d'une conférence de presse sur place.
"A priori, il n'y a pas eu de défaillance technique du matériel", a-t-il ajouté, en précisant que le train roulait "vite, entre 80 et 100 km/h".
L'accident a eu lieu en sortie de courbe sur cette voie grillagée des deux côtés et située près de la voie empruntée par les trains du réseau national, a relaté le commandant de gendarmerie de la Meuse, Frédéric Cléton.
"Les ouvriers avaient l'habitude d'entendre les autres trains circulant sur la voie à proximité, ils ne se sont peut-être pas méfiés", a estimé le commandant Cléton.
Le train était composé d'une motrice et de quatre rames du Régiolis, une nouvelle génération de train régional dont les premiers exemplaires doivent être livrés fin 2013, avec à leur bord une vingtaine d'ingénieurs d'Alstom.
Les trois victimes faisaient partie d'un groupe de dix ouvriers chargés de reballaster les voies, selon M. Poupard-Lafarge. Deux étaient salariés d'Alstom, le troisième travaillait en intérim. "L'intérimaire était le seul originaire de la région. Ce sont des pères de famille", a-t-il indiqué, sans préciser leur identité ou leur âge.
Selon Anne Cochart, Officier de gendarmerie, les sapeurs pompiers ont été dépêchés sur place pour porter secours à 5 autres ouvriers présents sur les lieux et légèrement blessés lors de la collision.
L'accident est survenu sur une portion de 11 kilomètres de ligne, louée par RFF cet été à Alstom pour 15 ans, a précisé à l'AFP le président de RFF, Hubert du Mesnil.
 Un porte-parole de la SNCF a de son côté démenti toute implication de la société nationale. Cet accident est d'autant plus "révoltant" qu'il s'est produit sur une section qui avait justement été louée pour permettre aux ouvriers de travailler en toute sécurité, a ajouté M. du Mesnil.
"Pour l'instant, on ne sait pas où est la défaillance. Nous avions mis cette voie d'essai à niveau pour faire les tests, nous arrivions à la fin des travaux. Depuis 15 jours, nous avions testé la capacité de la voie avec du matériel homologué. Et nous commencions depuis une semaine à tester ce nouveau matériel", a expliqué le président d'Alstom Transports.
 
Commentaires personnels :
 
Extrait d’une note Sncf :
 6.5 - Annonceur
L'annonceur est l'agent chargé d'annoncer l'approche des circulations.
6.6. - Sentinelle
Lorsque l'annonceur ne dispose pas d'une distance de visibilité suffisante, une oudes sentinelles lui signalent l'approche des circulations.
 
Cheminot est un métier à part entière.
Sachant que l’accident a eu lieu en sortie de courbe, la position dessentinelleset de l’annonceur ne semble pasavoir été respectée. Y en avait-il d’ailleurs ? Il est possible d’en douter au vu des déclarations de l’officier de gendarmerie sur la vidéo. L’enquête devra, en tous cas, l’établir car c’est un point d’une importance capitale. Ces ouvriers n’étaient-ils pas plus « rentables » à travailler sur la voie, peu importe le défaut de surveillance ?
Dans ce contexte particulier, l’avenir de la sécurité apparaît bien sombre :
Le centre d'analyse stratégique (CAS), l'organe de prospective du gouvernement, a rendu le 5 octobre dernier un rapport à fort potentiel polémique. Publié en pleines Assises du ferroviaire, il détaille par le menu les enjeux économiques et sociaux de la future libéralisation du transport des voyageurs décidée par la Commission européenne.
A l'horizon 2016, la SNCF ne sera plus seule habilitée à transporter des voyageurs sur le réseau ferré français. Comme pour celui de l'électricité, et en attendant celui des services postaux, le marché du transport ferroviaire des voyageurs va devoir s'ouvrir aux concurrents et suivre la destinée du fret et de certaines lignes internationales.
Bienvenue au privé, à sa gestion basée sur la rentabilité au détriment de la sécurité.
31 mai 2010. – La Commission européenne a exigé de Paris la privatisation de la SNCF en transformant le statut d'EPIC en celui de société anonyme. Selon les commissaires européens, la garantie de l'État sur l'entreprise publique fausserait le jeu de la concurrence. Le 11 février dernier, Bruxelles avait adressé un courrier en ce sens à Paris.
 
Du côté syndical, la réaction est encore plus vive. « Pour accélérer le mouvement vers la privatisation totale, l'Europe demande à la SNCF de se transformer en société anonyme […] On nous dira qu'il ne s'agit pas d'aller vers la privatisation malgré les exemples d'EDF et de La Poste », réagit SUD-Rail. « La SNCF est encore un EPIC, mais pour combien de temps ? La commission européenne va-t-elle aller devant la cour de justice pour que la SNCF se transforme en SA ? […] La Commission européenne veut encore pénaliser les entreprises de service public », précise le syndicat.

 

 
Une vraie entreprise de démolition qui va à l'encontre des fondements même de l'Europe.
 
— Syndicat CFTC cheminots.
 
« La Commission européenne, ses technocrates, l'Europe en général, cassent tous les services publics qu'elle touche. Une vraie entreprise de démolition qui va à l'encontre des fondements même de l'Europe », estime Bernard Aubin, secrétaire général du syndicat CFTC des cheminots. Et d'ajouter : « L'Europe a imposé la concurrence dans le fret ferroviaire sous prétexte de le dynamiser : bilan, le fret SNCF est au bord du gouffre et la quantité de marchandises transportées par le rail n'a jamais été aussi basse en France ».
 
Aujourd’hui ce sont trois pauvres ouvriers qui ont été sacrifiés sur l’autel de la rentabilité.
Quel sinistre bilan demain parmi les voyageurs et les cheminots ?
 
 
« La multitude des hommes vivants est sacrifiée à la prospérité de quelques uns » (Senancour)
 
 

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18 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 2 décembre 2011 10:28

    Tout ceci est le résultat de politiques d’entreprise, pour lesquelles les coûts sociaux doivent être compressés en privilégiant la sous-traitance et en intensifiant le travail comme jamais. Face à cela, ni l’Inspection du travail ni la Médecine du travail n’ont les moyens d’assurer leurs missions. Les accidents du travail faute de prévention, faute d’effectifs, ainsi que les maladies professionnelles non reconnues, et les pressions sur les délégués syndicaux, ou sur les familles pour qu’elles ne portent pas plainte ne peuvent plus durer. Le laissez faire et le laissez taire doivent enfin être contrariés....

    http://2ccr.unblog.fr/2011/01/15/travailler-nuit-gravement-a-la-sante/


    • jaja jaja 2 décembre 2011 11:01

      Je pense surtout aux familles, aux enfants de ces travailleurs sacrifiés par des ordures qui n’ont que les mots rentabilité et privatisation à la bouche...


      • antonio 2 décembre 2011 11:17

        On nous rebat les oreilles avec le nombre de tués lors d’accidents de la route.
        Il serait souhaitable que l’on nous tienne au courant du nombre de morts au travail et il est sans doute bien plus élevé que l’on ne l’imagine : ce sont des morts cachés, le plus souvent sacrifiés sur l’autel de la rentabilité.


        • devphil30 devphil30 2 décembre 2011 11:31

          Mort au travail et aussi les morts du fait du travail ( maladie professionnelle )


          Maladie professionnelle que les entreprises ne veulent pas reconnaître afin de minimiser les indemnités 

          Philippe

        • piquecul 2 décembre 2011 11:25

          Presque un meurtre !

          Pour des raisons que je ne dévoilerais pas, j’ai eu à connaître des informations sur la société Alsthom et ses centres d’essais.

          Ce que j’évoque dans ce texte n’est ni de la médisance, ni de la délation. Il n’en est pas moins vrai que ce qui c’est passé aux environs de Bar Le Duc hier matin, et qui s’est soldé par un bilan de trois morts, était prévisible.

          La société Alsthom n’est pas directement impliquée dans cet accident si ce n’est qu’elle est le maître d’œuvre par l’intermédiaire d’un « filiale » et plus précisément C.E.F. Cette entreprise est placée directement sous les ordres de Alsthom avec même certains cadres communs.

          Si, jusqu’à hier, rien de notable n’était apparu, ce n’est plus le cas. Et c’est un scandale car manifestement les règles les plus élémentaires de sécurité ont été ignorées pour ne pas dire inappliquées.

          Comment peut on justifier la présence de travailleurs sur la voie sans protection physique et humaine ?

          Qui et comment peut-on autoriser une circulation a s’engager sur une section de voie sans en vérifier le dégagement ?

          Qui a mis sous tension l’alimentation électrique de cette portion de voie sans s’assurer que cela pouvait se faire sans danger ?

           Pour répondre à ces questions il faut et il suffit de se pencher sur la méthode de commandement de ce « laboratoire d’essai ». Pour faire un vilain jeux de mot, plutôt un « abattoir d’essai ».

           Le moins insultant des qualificatifs est la coupable négligence avec laquelle est gérée ce « Laboratoire ». Une négligence soumise aux impératifs de rentabilité, de rapidité de résultats aux dépends de la sécurité des travailleurs et (et, me suis laissé dire) des futurs voyageurs.

          Quel est le fieffé menteur aujourd’hui qui est en mesure de nous assurer, qu’en plus des risques inouïs des travailleurs, la qualité des résultats des essais est réelle ? Est-il donc garanti que ces « essais » sont véritablement fiables ?  Dans quelle mesure les économies de financement alliées aux économies de travailleurs qualifiés (souvent remplacés par des intérimaires sous payés) et au rendement rapide ne seront pas àl’origine de défauts de conception dangereusement ignorés ?

          Comment au XXIeme siècle peut on partir rejoindre son lieu de travail à l’ombre de son cercueil ? Tous les moyens de préventions et de sécurités étaient-ils connus des victimes ? Tous les acteurs de ce drame connaissaient-ils les lieux et les conditions de travail particulières du site ?

          Manifestement non ! La faute ne peut être imputable à un seul des acteurs car elle résulte de plusieurs infractions aux règles élémentaires du milieu ferroviaire. Qui peut croire qu’un dirigeant (si un était présent lors des faits) ne porte pas la responsabilité de cette horreur. Mais en est-il le seul ? Pas si sur.

          Lorsque l’on n’applique pas les directives (pourtant répertoriées dans le Document Unique des risques d’accidents) nécessaires par manque de personnel qualifié, lorsque le système fonctionne avec le minimum de personnel formé, lorsque les travailleurs, eux même, ignorent les risques, alors il faut s’attendre à un problème grave. Ce problème est directement issu de l’obsession du coût minimum, du temps limité, du résultat attendu.

           Je suis profondément affecté par ce drame surtout en cette période de l’année ou le deuil est particulièrement ressenti.

           Puis nous voyons venir sur les lieux un P.D.G affligé, une palanquée de ministres y va de sa larme de sympathie avec les familles. Même un Directeur Général du Travail est convoqué sur place pour « faire la lumière ».

          N’ayons pas de frayeurs anticipées ! De l’enquête la lumière mettra en évidence quelques sous fifres dont les responsabilités seront diluées. Au mieux, les familles se verront reconnaître un droit à une misérable indemnité.

          Misérable car bien inutile. Rien, ni personne, ne remplacera ces hommes qui à jamais resteront absent. Et surtout misérable, car c’est faire une aumône bien amère que de glisser au creux d’une main, même pas tendue, un lot de consolation. Un peu à la manière de la main flatteuse sur le flanc du cheval qui a bien travaillé aux labours. Brave bête !

          J’ai honte de ce que j’ai pu lire sur ce « faits divers » qui sera bien vite oublié devant l’actualité si importante de nos politiques.

          J’ai honte de parler dans le vide sidéral de notre indifférence quotidienne. Alors je prends ma plume et je vomis sur ces personnages infects qui ne sont intéressés que par leur petit pécule qui grossit encore et encore. Ce qui m’étonne toujours c’est la passivité des rangs des modestes qui stoïquement continuent leur chemin sans se rebeller.

          Le champs d’honneur, si prisé par les sabreurs de tous poils, est là ! sur ces lieux de travail qui sont aujourd’hui plus nombreux que les quelques champs de batailles connues. Et ce sont encore les mêmes qui y tombent ! Paradoxal non ?  

          Que dire des blessés, meurtris dans leur chair, et pour qui les difficultés iront en grandissant ?

          Il en est même qui trouvent des circonstances atténuantes aux employeurs qui les licencient ensuite. Et oui ! Ils ne sont plus aptes à leurs postes de travail et puis cela coûte cher un poste adapté alors…


          • devphil30 devphil30 2 décembre 2011 11:36

            Parfaitement d’accord avec votre commentaire.


            Après les guerres mondiales qui ont décimé l’europe au profit de riche industriels , nommés à juste titre marchand de canon.

            Nous sommes actuellement et guerre économique , les populations sont décimés de façon plus discrète et subtile mais la notion de profit reste la même ( exemple présent de l’article , vaccination , médicament , manque d’entretien des trains , avions ( fait en chine ) , licenciement , écrasement par la dette , perte d’espoir ) 

            Philippe 

          • Gasty Gasty 2 décembre 2011 13:19

            La sécurité devait être un privilège qu’avait les cheminots. Bientôt ils ne l’auront plus eux aussi.

            Merci qui ?


          • pissefroid pissefroid 2 décembre 2011 11:44

            Pour la deuxième ligne du texte, je pense qu’il faut remplacer le point d’interrogation ( ? ) par un point d’exclamation ( ! ).

            Cela correspondrait mieux au sentiment que j’ai eu en écoutant l’information à la radio.


            • jef88 jef88 2 décembre 2011 12:39

              Il y a , dans ce cas , deux problèmes conjoints .......

              1 - Bien entendu, la recherche du profit, quelque soient les retombées humaines....

              2 - Un modèle de fonctionnement délirant...
              .........Le chef est celui qui « sait » : la preuve c’est qu’il a le plus gros diplôme ....Mais zappe les problèmes pratiques !
              ........Celui qui « sait faire » ne compte pas : il ignore ou tourne les procédures, il trouve des trucs qui ne sont pas de son domaine .... horreur !

              Je l’ai vécu... J’étais directeur technique, autodidacte.
              Pour certains de mes patrons j’étais ringard : j’avais la « sale » manie de ne pas « tenir ma place » en allant moi même sur les postes de travail pour montrer aux opérateurs comment travailler en sécurité ! (entre 1974 et 1978 dans une fabrique de meubles de 1300 personnes, pas un seul doigt coupé avant c’étaient 3 ou 4 par an....)


              • Francis, agnotologue JL1 2 décembre 2011 15:24

                Que dire de plus sinon merci pour cet article et les commentaires.

                Si je n’avais pas peur d’être sacrilège, je dirai que aussi longtemps que des catastrophes comme ça se produiront, on n’a pas le droit de dénigrer les services publics et jeter l’opprobre sur les fonctionnaires. En Grande Bretagne, quand un suicidé est sur la voie, les trains continuent de circuler ! Pour le plus grand bonheur des usagers ?! J’en doute.

                Un mot à l’intention de ceux qui réclament un RU au motif qu’il n’y a plus de travail : ils se trompent de réalité. Comment, en lisant cela, peuvent-ils encore se regarder dans la glace ?

                Il y a dans le monde des hommes, du travail pour tous ceux qui le veulent, et davantage encore. Pas dans le monde capitaliste, et c’est ce monde là qui tue.


                • easy easy 2 décembre 2011 15:34

                  Tous les accidents qui se sont produits depuis la nuit des temps auraient pu être évités et délivrent donc un sentiment de gâchis, de révolte, d’injustice et d’impuissance. Alors à la sortie, accourent ceux qui, de leur vie n’ont probablement jamais installé le moindre parapet ou feu tricolore mais qui compensent leur impuissance en lançant quelque accusation et condamnation contre quelque chef à pendre.

                  Il est certain que l’effet de toutes ces accusation et condamnations post accident ont eu pour effet de pousser chacun à plus de mesures de prévention. Mais il se trouve que pour autant, tout le monde applaudit quand même devant un train encore plus rapide, devant un manège encore plus haut, devant un barrage hydroélectrique encore plus énorme, devant un hélicoptère encore plus acrobatique, devant une greffe d’organe encore plus spectaculaire, devant un cycliste encore plus rapide, devant un gratte-ciel encore plus fou...

                  Les mesures de sécurité augmentent pendant que les risques joués augmentent.

                  A part les Dogons et autres Papous, nous sommes lancés depuis des milléanaires vers un toujours plus que nous appelons progrès. Nous n’irons pas en promenade sur Oriion sans casse.

                  En ce qui me concerne, j’ai fabriqué 100 kilomètres de bordures de meubles arrondies et antichocs. Mais je me suis coupé 100 fois en exécutant ce travail de prévention-protection.

                  Un jour, je commence un chantier au Technocentre de Renault à Guyancourt. J’ai des dizaines de laboratoires à y installer (paillasses, sorbonnes)
                  Dès l’entrée, son directeur de la sécurité me fait remplir une fiche sur laquelle je suis invité à lister tous les accidents que je suis susceptible d’avoir. Je réponds rien. Il m’insulte, me traite de clown et m’interdit définitivement l’accès. Ce n’est qu’après mille suppliques qu’il m’a repris. J’avais évidemment archi tort. Je n’avais jusque là jamais eu d’accident sur mes chantiers mais j’avais complètement tort de les exclure à ce point. C’est compliqué. Si l’on a trop en vue tous les accidents possibles (par exemple que des luminaires de faux-plafond se décrochent depuis leur 5 m de hauteur) alors qu’on doit forcément opérer dans ce danger, on passe hypochondiaque, angoissé, paralysé, parano. Il faut donc certes ouvrir les yeux avant un chantier sur tous les accidents possibles (et prendre alors les précautions) mais au moment où l’on opère, il faut bien rester confiant et détendu.

                  Un opérateur, surtout sur chantier ou situation nouvelle-proto, doit énormément improviser et prendre mille risques. Ca se passe bien 999 fois, ça se passe mal une fois.

                  Le chef de la sécurité, lui, peut rester hyper parano à très juste titre, il n’a pas à se détendre. Mais les opérateurs qui sont obligés de la jouer « mission impossible » doivent forcément se décontracter. Il y a donc des accidents, aujourd’hui comme du temps des pyramides.

                  Concernant l’accident de ces 3 ouvriers, puisque les deux équipes étaient toutes deux en situation exceptionnelle, il y a au moins deux chefs de sécurité qui n’ont pas été assez paranos ou maniaques.

                  Il se trouve qu’ici les 3 victimes n’étaient a priori aucunement responsables. Mais dans une très grande part des accidents, les opérateurs qui sont tués sont ceux qui ont bravé un risque (Exemples : un chauffeur qui prend le risque de franchir tardivement un passage à niveau déjà passé au rouge. Des spectateurs qui tapent des pieds sur une tribune temporaire. Un plongeur qui dépasse le temps maxi pour finir de serrer des boulons d’une vanne sous-marine).

                  Enfin il arrive que des patrons, que des chefs d’expédition aussi soient tués dans des situations prototypiques (Richard Branson n’a pas froid aux yeux sur ce plan)

                   


                  • jef88 jef88 2 décembre 2011 15:57

                    son directeur de la sécurité me fait remplir une fiche

                    Bel exemple de maniaquerie bureaucratique : on ouvre le parapluie !
                    Par contre demander ce qu’il faudrait pour que le travail soit avec les risques mini, on oublie .....

                    Concernant l’accident de ces 3 ouvriers, puisque les deux équipes étaient toutes deux en situation exceptionnelle, il y a au moins deux chefs de sécurité qui n’ont pas été assez paranos ou maniaques.

                    NON ! ils n’’ont pas été professionnels , donc faute grave de leur part

                    Mais je suis certainement in vieux con et je l’assume !!


                  • easy easy 2 décembre 2011 16:39

                    @ Jeff,

                    Vous me répondez « Non, ils n’ont pas été assez professionnels »
                    Or, la profession des responsables de sécurité c’est d’être maniaques et parano. De voir l’accident possible partout. De ne jamais croire au zéro accident.
                    Et je trouve alors nécessaire de préciser que cette paranoïa professionnelle, les ouvriers ne peuvent pas l’avoir puisqu’à chaque seconde ils font un geste prototypique nécessitant une sorte de mithridatisation face aux risques.

                    C’est d’ailleurs parce que l’on a très bien compris ça, qu’on a installé des spécialistes de la sécurité qui eux n’ont jamais à prendre de risque personnel et qui n’ont qu’à surveiller leur troupeau.

                    Et surveiller un troupeau de cent ouvriers qui prennent tous des risques sans trop y penser, c’est les harceler, c’est être très mal vu d’eux, c’est être déjoué, et c’est aussi être dans l’impossibilité de tout voir dans le détail.

                    Le coup du Technocentre de Renault que j’ai raconté doit se comprendre dans ce jeu archi système. Si on refuse le Système avec tous ses rouages, on ne se propose pas d’installer des labos dans un centre pareil, on se tourne plutôt vers l’entomologie. 
                    On n’entre dans cet endroit que si on en accepte les règles. Ce n’est qu’après m’être fait allumer que j’ai compris ce principe : on ne doit pas évoluer sur un chantier sans lister les pires situations, quitte à devoir se détendre un peu ensuite pour oser y travailler.
                    Non, ce n’est pas que du paperassier, ce n’est pas non plus que du parapluie. Quand j’utilise des chalumeaux oxyacétyléniques, il n’est pas illogique d’en prevenir le chef de la sécurité afin que par exemple il vérifie bien que la caserne de pompier est opérationnelle, que rien n’encombre le passage des pompiers si je fous le feu.
                    Autre exemple. Il me demande d’indiquer très précisément mes heures et endroits de présence. Punaise mais c’est logique. Le site est géant, il n’est pas possible d’en assurer la sécurité si chacun y bouge dans tous les sens.

                    Il m’interdit également de bosser seul dans une pièce. Bon sang mais c’est logique. Si je m’électrocute, il faut bien qu’il y ait quelqu’un à mes côtés pour me sauver sinon c’est cuit.

                    Dans un chantier, il faut que chacun bosse sur des rails et n’en sorte surtout pas. Le moindre pipi dans un recoin imprévu ouvre la porte à une catastrophe.
                    Evidemment qu’il y a du parapluie, impossible de le nier, mais il y a aussi une véritable logique sécuritaire.

                    Comme tout finit toujours en ouroboros, cette logique, quand elle est hyper appliquée, conduit à des accidents. Exemple. Considérant qu’à 12h34 aucun personnel ne se trouve sur la piste 27 selon les fiches qui ont été remplies le matin, considérant que depuis des mois tous les opérateurs se sont montrés obéissants, le chef de la sécurité peut en venir à considérer qu’il n’y a vraiment personne et autoriser alors le passage d’un engin sans vérifier de ses propres yeux la réalité de cette absence. Pas de bol, trois minutes avant, un ouvrier saisi d’une gastro foudroyante est allé se soulager dans le premier recoin venu, il n’a pas eu le temps de prévenir de sa position anormale et l’accident a lieu.

                    (Le pipi caca nécessitant un isolement improvisé, il est très souvent à la source d’accidents. Alors à l’armée, lors des engagements, chacun doit se soulager devant ses camarades)




                    • jef88 jef88 2 décembre 2011 19:11

                      j’ai été responsable de sécurité dans le meuble ...
                      Bon c’est vieux....

                      Mais je n’étais pas maniaco-parano, j’étais juste chiant ...
                      Je n’ai jamais vu d’accident grave, style doigt coupé, alors que mon prédécesseur en avait tous les ans....
                      Mais j’étais professionnel !
                      Je pouvais aller sur n’importe quel poste et montrer ce qu’il faut faire...
                      Quand je donnais une consigne, les gars la suivaient : ils connaissaient mes compétences...

                      Dans le cas particulier combien de temps le responsable de sécurité a passé et passe t’il sur le terrain ????


                    • easy easy 2 décembre 2011 20:16

                      En l’occurrence au Technocentre, ce responsable n’était évidemment pas resté. M’enfin c’est normal, sur un site de 1 km² il ne peut pas rester à surveiller 4 gars pendant 4 semaines. Il m’a donc donné des consignes générales (point de regroupement, téléphone...) et il est passé de temps en temps pour voir si nous étions bien dans les cordes et aussi pour nous faire danser un duo avec une autre équipe ayant à bosser au même endroit. J’ai trouvé ça parfait.
                      Ca donne donc une impression de parapluie si on en est agacé ou vexé mais il faut être objectif et admettre que l’effet parapluie advient naturellement, automatiquement quand chacun fait sa part de boulot, rien que sa part et n’est donc responsable que de cette part.

                      Dans la sécurité, le parapluie existe mais ce n’est pas l’objectif. (Il ne devient quasiment un but que dans le domaine des magouilles d’Etat de type frégates)




                    • piquecul 2 décembre 2011 18:59

                      @ easy,

                      Vous me semblez passablement théorique dans vos affirmations. Pour votre information en ce qui concerne les voies ferrées je suis qualifié pour en parler pour y avoir gratté de nombreuses années.
                      Lorsque je déclare que un responsable n’a pas été efficace c’est la pure vérité. Savez vous comment il est procédé à une mise en sécurité d’un voie en travaux ? Connaissez vous les modalités déjà éprouvées dans le métier pour être sur de son fait ?
                      Des méthodes vielles d’une bonne centaine d’années qui ont fait leurs preuves et qui sont simple à exécuter. Mettre une personne qui est là pour avertir les ouvrier à l’aide d’un signal sonore de l’arrivée d’une circulation. Poser trois pétards en quinconce a distance sur les rails pour avertir le conducteur de la proximité d’"un obstacle. et j’en passe et des meilleures.
                      Pour être tout à fait complet, n’oubliez pas qu’un gars qui ne fait rien que surveiller n’est pas productif mais il est utile. Il conserve ses camarades en vie.
                      La prévention n’est jamais trop chère et si la faire respecter emmerde la vie cela la sauve.
                      Il est vrai que le prix du kilo de chair de travailleur n’est pas cher. 


                      • easy easy 2 décembre 2011 20:41




                        Vous dites que le chef de la sécurité n’a pas été efficace ?


                        Je pense avoir dit la même chose que vous, en substance.

                        «  »« Le chef de la sécurité, lui, peut rester hyper parano à très juste titre, il n’a pas à se détendre. Mais les opérateurs qui sont obligés de la jouer »mission impossible« doivent forcément se décontracter. Il y a donc des accidents, aujourd’hui comme du temps des pyramides.

                        Concernant l’accident de ces 3 ouvriers, puisque les deux équipes étaient toutes deux en situation exceptionnelle, il y a au moins deux chefs de sécurité qui n’ont pas été assez paranos ou maniaques. »«  »


                        On échangera mes mots « paranos et maniaques » pour les remplacer par méticuleux, professionnels, chiants, teigneux, rigoureux, procédurier, si l’on veut.



                        Concernant les détails techniques, alors que vous dites être du rail, vous n’abordez que les principes généraux de la sécurité du travail sur voies (Homme consacré à la surveillance à chaque bout, avec drapeau et trompe...)

                        Mais ici, vous devriez admettre que la situation était particulière en ce que RFF avait loué la voie entière à Alstom qui était donc censé opérer seule sur ce tronçon. Tous les dispositifs intra Alstom ont probablement été OK (Aucun train Alstom prévu donc pas besoin de placer de guetteurs). Mais patatras, un manque d’info intra RFF a fait qu’un train s’est introduit dans cet espace que Alstom se croyait réservé.

                        Vous avez alors à admettre que du côté d’Alstom qui était seul présent sur le site, tout avait été bien foutu et qu’il avait semblé raisonnable de ne pas avoir besoin de placer deux guetteurs.
                        Et bien cet accident servira sans doute de leçon de plus : Quand on bosse sur des voies dont on ne voit pas le bout, que ce soit en ligne droite ou en virage, on doit TOUJOURS placer des guetteurs (et on pourrait pousser à exiger deux guetteurs par côté des fois qu’il y en ait un qui soit pris de vertige)


                        Chaque accident démontre que les responsables de la sécurité n’ont pas été suffisamment paranos. Dans cet accident, le chef sécurité RFF a fait une grosse erreur (car il sait que c’est à son niveau que les trains peuvent ou non entrer sur le tronçon) et le chef sécurité Alstom a fait une petite erreur en manquant d’être hyper parano (Alors qui savait qu’il n’y aurait pas de train, il aurait dû disposer quand même des guetteurs)


                      • Guy BELLOY LOBLEY 2 décembre 2011 20:32

                        @easy : Reportez-vous à cette directive de la SNCF qui respecte le bon sens quant aux consignes de sécurité : une sentinelle en entrée de courbe (afin de repérer tout train s’approchant) doublée éventuellement d’une autre au milieu et un annonceur en fin de courbe. Si cette consigne avait été respectée par le groupe privé « Alstom », trois hommes n’auraient pas été tués laissant veuves et orphelins... Par l’outrance de vos propos, vous ne faites que vous « disqualifier ».
                        @ piquecul :
                        Merci d’avoir répondu avec bon sens et modération à cet individu. Et comme vous l’écrivez fort bien « un gars qui ne fait que surveiller n’est pas productif mais utile : il conserve ses camarades en vie ».

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Guy BELLOY

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