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Commentaire de Mor Aucon

sur L'abolition de la prostitution est-elle un progrès ?


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Mor Aucon Mor Aucon 10 décembre 2011 15:35

En parlant des USA, cette absurdité d’abolition de la prostitution vient de chez eux, concrètement d’une organisation appelée Prostitution Research & Education, fondée par Melissa Farley, activiste feministe qui lutte pour la prohibition de la prostitution au Nevada, seul état américain ou celle-ci est légale. Ses thèses sont reprises par le Mouvement du nid, organisation religieuse française, à la pointe de cette lutte irréaliste et sectaire en France. Pourtant, les conditions dans lesquelles se déroule la prostitution au Nevada n’ont absolument rien à voir avec la situation en France. Cette association ne fait pas dans la dentelle, comme il peut être vérifié sur son site où, dans un décalogue ( que personne ne s’inquiète, il fut élaboré autour d’une table et n’est pas gravé dans la pierre ) de recommandations, on peut trouver des perles de rare profondeur intellectuelle comme :

[citation]
3/ Mettre en place des campagnes de dissuasion des « clients » prostitueurs

... affirmant que l’achat d’un acte sexuel constitue une violence faite aux femmes

Pourquoi ? / Le constat : payer pour ça, c’est...
 ARCHAÏQUE Que représente l’achat d’un acte sexuel, qui fonde le rapport prostitutionnel ? C’est la mise à disposition du corps des femmes pour les hommes, indépendamment du désir de celles-ci, garantie et organisée par la coercition de ceux-là, dans la lignée du « droit de cuissage » et du viol.
Loin d’être réductible à une transaction entre deux individus, au « consentement » de l’une à se plier aux exigences de l’autre, il s’agit d’un rapport fondamentalement inégalitaire, inscrit dans la domination sexiste.

 VIOLENT Quel que soit le niveau de contraintes subi par la personne prostituée et l’étendue de son « consentement », de nombreuses recherches ont établi que les rapports sexuels non désirés constituent en soi une violence et entraînent des séquelles graves.
Ce constat exige une réponse des pouvoirs publics, qui ont la responsabilité de nommer les prostitueurs « agresseurs » et les amener à prendre conscience de la portée de leur acte.

 INEXCUSABLE La nature violente du rapport prostitutionnel ruine également les démarches entreprises pour « civiliser » les prostitueurs, dans les pays où le proxénétisme est légalisé, mais aussi en France où quelques expériences de ce type ont été tentées [1]. Il s’agirait de demander aux « clients » d’être propres et polis, d’utiliser un préservatif, d’éviter les persnnes prostituées susceptibles d’être « contraintes » par un proxénète.
Ces propositions sont ubuesques et parfaitement impraticables dans les faits. On se demande bien comment ces hommes s’y prendraient pour vérifier le consentement et l’autonomie de la personne puisqu’ils la payent précisément pour échapper à toute responsabilité, ne pas se soucier de ses désirs, de sa volonté.

 CRIMINEL Les études menées sur les attitudes et motivations des prostitueurs [2] montrent d’ailleurs que ceux-ci usent volontiers de personnes trafiquées, soit qu’ils se fichent des violences qu’elles subissent, soit qu’ils y trouvent un bénéfice : elles sont moins chères, plus dociles, ou bien ils recherchent une beauté « exotique »
[fin de citation]

Il serait bon de se souvenir que les mêmes réflexes prohibitionnistes prônés par le même secteur triomphèrent au États-Unis et provoquèrent la prohibition de l’alcool, criminalisant le consommateur. Le résultat est connu de tous. Les mêmes prohibitionnistes, effrayés des désastreuses conséquences pour la propre morale qu’ils défendaient, durent réclamer eux-mêmes l’annulation de ces mesures.

C’est cette même Melissa Farley qui a introduit l’amalgame, absurde et arbitraire, entre la prostitution et l’esclavage. Aux États-Unis, ce genre d’amalgame fonctionne toujours très bien, l’esclavage jouant, chez eux, un rôle similaire au racisme chez nous. Nous devons déjà supporter une immense bouillie conceptuelle provoquée par la mauvaise foi et la désinformation de la propagande sournoise de toutes sortes de constructions moralisatrices particulières à certains groupes qui luttent pour la suprématie morale dans la société. Pourquoi y rajouter celles des autres ?

La réclamation de l’abolition de la prostitution au lieu de l’abolition de la traite des personnes revient à réclamer l’abolition du travail au lieu de l’abolition de l’esclavage.


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