« Faire muter la société » avec des ressources dont on arrive à la limite, c’est soit prendre les mesures pour en réduire l’effectif, soit imposer la misère de masse (soit les deux). Votre premier choix n’en est pas un, c’est juste une utopie.
Quant au « second choix », il n’est choisi, mais malheureusement et douloureusement subi : c’est une anticipation de ce qu’il va se produire, rien de plus. On ne pourra pas secourir tout le monde et, il est vrai, les mieux dotés ont davantage les moyens de se protéger : on peut trouver ça injuste, mais c’est toujours comme cela qu’on fonctionné les sociétés. Pour citer une autre fable, « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».
Il y a des constats qui sont parfois difficiles à accepter, tant ils contrarient nos convictions humanistes les plus profondes : dans un tel cas, on est alors dans le déni, et l’esprit combat de toutes ses forces. Croyez bien que cela me déchire moi aussi, que je ne me réjouis en rien de la catastrophe à venir, et que cela m’a longtemps rendu dingue (et me rend encore parfois dingue). Il a bien fallu à un moment que je me ressaisisse et me dise : « bon, les choses sont ce qu’elles sont, je n’ai pas le contrôle, et me faire des noeuds au cerveau n’y changera rien. Comment est-ce que j’avance, là-dedans ? » C’est un lourd travail sur soi, et je n’ai pas encore trouvé toutes les réponses, loin de là. Mais au moins, j’essaye d’avancer.