@ Antenor
Ce que j’ai voulu dire c’est, que cela soit dans l’évangile, au repas d’Emmaüs, ou dans le repas essénien au cours duquel le messie espéré devait se faire reconnaitre d’après les manuscrits de la mer Morte, le geste de la fraction du pain a une signification hautement religieuse, symbolique et rituel. Le messie rompt le pain en deux parties égales, un pain levé. Il les donne à gauche et à droite à ses deux disciples. Ce n’est qu’ensuite que les disciples rompent leur moitié pour en redonner les parties aux fidèles. Mais il n’y a jamais de miettes car, c’est là le miracle, le pain qu’on partage est comme la parole du messie, plus on le partage, plus il y en a.
Dans le tympan indiqué par votre lien, c’est bien le messie essénien espéré qui fait le geste rituel. Le sculpteur de Vézelay a repris une sculpture d’un chapiteau de la cathédrale de Chalon pour reprendre la tradition, mais là, les deux disciples sont bien identifiés : ce sont les nouveaux convertis au judaïsme qui vivaient jusque-là dans la pensée grecque ; autrement dit : des Hellénistes, autrement dit « Etienne ». C’est pour cela que la cathédrale s’appelait à l’origine « église d’Etienne ». Et si l’on veut encore être plus précis, on peut dire qu’il s’agit d’Hellénistes déjà convertis mais à qui il est demandé de se convertir, en plus, au messie espéré... ou bien à son incarnation dans le nouvel empereur (à Vézelay, il s’agit de l’empereur Julien).
A noter que, dans les textes évangéliques, Étienne est présenté comme un juif helléniste converti au christianisme (Act 6). Je ne pense pas qu’on puisse parler déjà de christianisme à Vézelay, au temps de l’empereur Julien.
Evidemment, aujourd’hui, avec notre façon de penser, cela paraît compliqué, mais à cette époque, c’était très clair.