Cette digression est intéressante et rejoint la thèse de Frédéric Lordon :
extrait : "« On trouverait difficilement normalisation plus
finalisée que celle de l’entreprise néolibérale. La pratique du coaching est
celle qui enregistre le plus violemment les tensions contradictoires entre des
objectifs formels de « développement personnel » et
« d’autonomisation des individus « , et des objectifs réels
d’étroite conformation à des cahiers des charges comportementaux décalqués des
contraintes spécifiques de productivité et de rentabilité de l’entreprise
commanditaire. Les plus lucides des coaches reconnaissent que leur intervention
auprès des malheureux coachés a pour objet de transformer une pression exogène
en motivation endogène : « Conduire les hommes de façon telle qu’’ils
aient le sentiment, non pas d’être conduits, mais de vivre selon leur
complexion et leur libre décret » (Maxime spinoziste à l’usage des
souverains). Induire un désir aligné : c’est le projet éternel de tous les
patronats, c’est-à-dire de toutes les institutions de capture. Pour les enrôlés
saisis par la machine à colinéariser, il s’agit donc de convertir des
contraintes extérieures, celles de l’entreprise et de ses objectifs
particuliers, en affects joyeux et en désirs propres, un désir dont l’individu,
idéalement, pourra dire qu’il est bien le sien. Produire le consentement, c’est
produire l’amour par les individus de la situation qui leur est faite. L’épithumogénie
libérale (cf . Jorion)
est donc une entreprise d’amor fati – mais pas de n’importe quel fatum (destin) :
le sien exclusivement, celui qu’elle abat sur des salariés au comble de
l’hétéronomie (absence d’autonomie). (PP 127,128, Capitalisme… Frédéric Lordon)
Désolé pour le niveau de langage, c’est du Lordon.
C’est moi qui souligne en gras.
Ce qu’il dit là, relève de l’amour à soin égard que le système cherche à induire chez les ’enrôlé’. Bien sûr, il y aura des réfractaires, des marginaux. Mais plus il y aura d’enrôlés, plus il sera facile de contenir les ennemis du système.